The Belgian Kids’ Fund, maillon indispensable de la recherche pédiatrique en Belgique

Le 9 mai dernier, Hospichild est parti à la rencontre de Laurence Bosteels et Vanessa Fauvarque ; les deux coordinatrices de l’asbl The Belgian Kids’ Fund for Pediatric Research (BKF). Créée il y a presque 25 ans, cette association est le Fonds Scientifique de l’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola (HUDERF). En plus d’accorder des bourses aux chercheurs en pédiatrie, elle s’emploie à sensibiliser le grand public à l’importance de la recherche pédiatrique pour soigner et parfois même guérir les enfants gravement malades.

Pour y voir plus clair dans la fonction de l’association et pour mieux comprendre, d’une part la problématique du sous-financement de la recherche pédiatrique, et, d’autre part, la complexité de trouver des traitements appropriés pour les enfants, Laurence et Vanessa nous disent absolument tout sur ce fonds belge entièrement consacré à la pédiatrie.

  • Quelles sont vos missions principales ?

BKF a trois grands buts :

*Participer à l’actualisation des connaissances médicales de tous les acteurs de la santé pédiatrique
*Lancer des actions de promotion auprès du grand public pour améliorer le bien-être physique et/ou mental des enfants
*Financer des bourses de recherche à des étudiants qui font un doctorat sur un sujet qui traite de la pédiatrie.

Ce dernier point est notre mission principale ; cela permet de soutenir concrètement la recherche pédiatrique. Chaque année, entre 10 et 15 bourses sont octroyées. Mais cette année fut exceptionnelle, car nous avons pu en accorder 21. En sachant que le montant de chaque bourse s’élève à 41.000 euros, vous imaginez combien de sous nous devons récolter… Et, comme on parle de chiffres, depuis le début de nos activités, 170 bourses ont déjà été accordées dont environs 50 ont finalement abouties à des thèses de doctorat.

  • Comment sélectionnez-vous les boursiers ?

Au début, les bourses n’étaient accordées qu’à des médecins pédiatres, mais dorénavant d’autres types d’universitaires (psychiatres, psychologues, généticiens, bioingénieurs…) peuvent également être sélectionnés ; pour autant qu’ils font une recherche académique en pédiatrie.

Plus de la moitié des bourses est octroyée aux boursiers de l’année précédente qui continuent leurs recherches (une bourse est renouvelable deux fois maximum). Les nouveaux boursiers introduisent une demande via un formulaire très complet. Ces demandes sont analysées par un comité de sélection composé de médecins pédiatres qui évaluent la qualité scientifique du projet, la valeur en médecine pédiatrique en général…

⇒ Quelles sont les étapes de sélection ?

Les dossiers sont envoyés à plusieurs pédiatres à Bruxelles, mais aussi à Paris. Chacun donne sa cotation sur les meilleurs projets et, selon leur qualité, selon notre budget… on choisit les meilleurs. Il faut savoir que les sujets de recherche ne sont absolument pas influencés et que chaque étudiant doit se sentir libre de traiter une problématique qui le passionne vraiment.

Ensuite, vers la fin du mois d’août, les étudiants sélectionnés reçoivent une réponse positive qui les invitent à commencer à travailler sur leurs projets dès le 1er octobre.

Après 6 mois, un rapport intermédiaire est demandé. Et après 1 an, les boursiers doivent refaire un rapport de l’année écoulée. BKF soutient généralement chaque recherche durant 3 ans au maximum (il faut quand même refaire une demande chaque année via formulaire).

⇒ Jusqu’à quand les demandes sont encore acceptées cette année ?

Pour cette année, les demandes sont attendues jusqu’au mardi 4 juin à 15h au plus tard.
Et pour ceux qui seraient arrivés trop tard, ils peuvent aussi tenter leur chance au FNRS (candidats francophones) ou à la Fondation Roi Baudouin, au Fonds Erasme… (appels à projets).

⇒ Pouvez-vous donner un exemple d’une recherche particulièrement majeure aboutie grâce aux fonds de BKF ?

Pierre Smeesters, par exemple, est une des figures majeures de l’HUDERF. Au départ, il était étudiant boursier et est maintenant un très grand pédiatre et chercheur connu mondialement. Il est sur le point d’aboutir à un tout nouveau vaccin.

  • En quoi la recherche est-elle fondamentale et « déterminante dans le fonctionnement d’un hôpital universitaire » tel que l’HUDERF ?

Le gage de qualité d’un hôpital universitaire, c’est justement le fait de faire de la recherche académique. C’est ce qui le distingue des autres et qui lui permet de mettre en valeur son niveau d’excellence.

  • Est-ce que les recherches soutenues profitent en premier lieu et en particulier à cet hôpital-là ?

Heureusement que non ! Bien sûr, les chercheurs mettent en avant le fait qu’ils ont réalisé leurs recherches au sein de l’HUDERF ; mais leurs avancées en matière de médecine pédiatrique profitent évidemment à toute la communauté mondiale.

  • La recherche pédiatrique est sous-financée, c’est un fait. Quelles sont les raisons principales de cette problématique ?

La cause, c’est que la médecine pédiatrique n’est pas ou peu rentable pour l’industrie pharmaceutique. Les cas de maladies rares sont beaucoup plus présents chez les enfants et souvent, ce ne sont que quelques-uns qui sont touchés. Même si on arrive à trouver la solution pour les soigner, l’industrie ne suivra pas dans le développement du médicament, car le marché sera trop restreint.

Le financement doit donc venir du côté académique, mais là aussi les universités ne reçoivent pas beaucoup d’argent de l’Etat et n’ont donc pas la possibilité d’investir eux-mêmes dans la recherche.

Il faut alors avoir recours au FNRS ou à BKF; mais il y a tellement de demandes que ça ne peut absolument pas couvrir toutes les recherches. Ce qui implique que d’excellents projets sont recalés. Pour obtenir une bourse, il faut donc être le meilleur des meilleurs et viser l’excellence absolue.

  • En quoi la médecine pédiatrique est plus complexe que la médecine pour les adultes ?

Elle est plus complexe parce qu’il y a moins de cas et c’est donc moins facile de faire les mêmes recherches. Par exemple, s’il faut prélever des échantillons sur une tumeur très répandue, c’est plus aisé que sur un type de tumeur beaucoup plus rare.

Il y a aussi le fait qu’il faut que chaque médicament soit adapté à l’enfant selon sa tranche d’âge. Il ne s’agit plus de diviser par 3 la dose pour adulte comme on faisait à l’époque… Et concernant les tests de ces médicaments, c’est très compliqué aussi, car les enfants ne peuvent pas être témoins.

  • La Belgique est-elle bonne élève en matière de recherche pédiatrique ?

Clairement oui. Le pays a une bonne réputation au niveau de la recherche en général. On a de très bons médecins qui ont parfois des renommées internationales. Malgré notre petite taille, on peut certainement dire qu’on joue dans la cour des grands.

  • Comment peut-on aider BKF et, par cela la recherche pédiatrique ?

Notre capital ne nous permet pas de financer toutes nos bourses. C’est pour cela qu’il faut récolter des fonds de diverses manières : organisation d’événements de «fundraising», dons, legs, sponsors…

Par exemple, certaines associations récoltent des dons pour nous ; ce qui permet parfois de financer jusqu’à une bourse complète (cf. asbl Arthur Forever). Des fondations et, bien-sûr, le grand-public, nous soutiennent également. Il est aussi possible d’organiser de petites actions et de nous donner ensuite les fonds récoltés. Les legs, quant à eux, sont de plus en plus courant ; il s’agit d’inclure BKF sur son testament. Mais ce sont surtout les gros événements que nous organisons (financés par des sponsors) qui rapportent le plus. Le prochain aura lieu le 4 octobre 2019 : « Belgian Kids’ Fund Golf Trophy » ; avis aux amateurs !

 

→ Pour faire un don à l’asbl (déductible fiscalement à partir de 40€) :
BE20 3101 2668 8756 avec la communication libre « don pour la recherche »

 

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