À l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la méningite (5 octobre), l’Académie belge de pédiatrie (BAoP) a réuni, le 2 octobre dernier, des décideurs politiques, des experts et des témoins afin de sensibiliser le public à cette maladie et de souligner pourquoi la Belgique doit de toute urgence concrétiser le plan d’action de l’OMS « Vaincre la méningite d’ici 2030 ».
Le méningocoque provoque une maladie infectieuse rare qui peut avoir des conséquences importantes, voire mortelles, chez les nourrissons et les jeunes enfants. L’infection peut entraîner des méningites bactériennes et des septicémies, avec un impact considérable sur les patients et leurs familles. Les conséquences peuvent être dramatiques. Chaque cas est un cas de trop », précise la BAoP sur son site.
La méningite est une maladie redoutable, en particulier chez les enfants. La prévention par la vaccination et une vigilance accrue face aux premiers symptômes sont essentielles pour éviter des drames. La Journée mondiale de lutte contre la méningite et l’initiative de l’Organisation mondiale de la Santé « Vaincre la méningite d’ici 2030 » nous rappellent l’urgence d’agir pour protéger nos enfants et, à terme, éliminer cette menace. Cette initiative de l’OMS, lancée depuis déjà plusieurs années, vise à réduire de 50 % les cas de méningite bactérienne et à diminuer drastiquement les décès et les séquelles liées à cette maladie. La rencontre du 2 octobre, à laquelle l’équipe de Born in Brussels s’est rendue, avait pour but de faire le point sur les initiatives mises en place et de contribuer à la lutte.
Une maladie particulièrement dangereuse pour les nourrissons
Chaque année en Belgique, plusieurs dizaines de jeunes enfants sont touchés par la méningite. Cette maladie inflammatoire des méninges – les membranes entourant le cerveau et la moelle épinière –, peut être d’origine virale ou bactérienne. La méningite bactérienne, plus rare mais plus sévère, peut entraîner des complications irréversibles comme la surdité, des troubles neurologiques ou, dans les cas les plus graves, un décès en seulement 24 heures. Les jeunes enfants, notamment ceux de moins de cinq ans, sont parmi les plus vulnérables à cette maladie. Leur système immunitaire encore immature les expose davantage aux infections graves. Les nourrissons peuvent présenter des symptômes atypiques, comme une irritabilité extrême, une perte d’appétit ou une fontanelle bombée, rendant le diagnostic parfois difficile.
Les moments forts du colloque 
- Le point de vue de la BAoP sur la politique de santé et l’équité en Belgique – Prof. Ann De Guchtenaere (UZ Gent – BAoP)
Il était question, dans cette première intervention, de rappeler que les droits de l’enfant doivent être à la base de tout. Il faut se battre pour l’équité entre tous les enfants ; quels que soient leur niveau social. Dans le cas de la méningite, certains vaccins ne sont pas remboursés et seules les familles aisées peuvent donc en bénéficier. Il faut que cela change. Ni la Belgique, ni les Pays-Bas n’ont mis la souche B de la méningite dans leur calendrier vaccinal ; ce qui est une aberration quand on sait que des enfants peuvent en mourir. Les politiques doivent permettre un remboursement et faire enfin des efforts.
→ Lire les recommandations de la BAoP à ce sujet
- Le plan d’action de l’OMS ‘Defeating Meningitis by 2030’ : Un engagement mondial et équitable – Prof. Marc Van Ranst (UZ Leuven)
Petite introduction, ensuite, sur le plan de l’OMS afin d’éradiquer la méningite d’ici 2030 et permettre de réduire les inégalités. Car la santé devrait être la même pour tous ; mais ça n’est pas le cas. Au sein d’une étude, on voit que la Belgique est dans le rouge ; ça n’évolue pas correctement. Déjà la moitié du chemin est parcouru par rapport au programme de l’OMS, mais il y a encore beaucoup à faire. Autant par la vaccination que par la prévention. Car on constate clairement que les communes les plus pauvres n’ont pas accès à certains vaccins à cause de leur prix trop élevé…
- Focus sur la méningite : Perspective en matière de recherche et de données – Prof. Stefanie Desmet (KU Leuven) et Prof. Wesley Mattheus (Sciensano) : épidémiologie du pneumocoque en Belgique
Présentation plus médicale ensuite par ces deux épidémiologistes sur les différents pneumocoques et méningocoques. Leur conclusion était de dire que les cas augmentent depuis 2024, alors que c’était en constante baisse depuis 2014. Il faudrait donc introduire d’autres vaccins remboursés (surtout pour la souche B) afin de diminuer de 40% les cas chez les enfants.
- Zoom sur la septicémie – Prof. Erika Vlieghe (UZ Antwerpen)
Explication, lors de cette prochaine intervention, du lien entre la septicémie et la méningite. Cette dernière est en fait un cas particulier de la septicémie qui touche le cerveau. Lorsque les organes sont hors de contrôle, il faut des soins intensifs. Malheureusement, une grande partie des patients ne s’en sortent pas. Ceux qui ont la chance de survivre sont quand même impactés dans leur qualité de vie ; principalement les enfants. En plus de ces coûts humains, les coûts financiers sont considérables pour l’Etat. Encore une raison pour les politiques de tenter d’enrayer cette maladie particulièrement dangereuse pour les jeunes enfants et les femmes enceintes.
- Point de vue du Conseil Supérieur de la Santé – Prof. David Tuerlinckx (CHU UCL Namur – co-chair Vaccines CSS)
Du côté du Conseil Supérieur de la santé, les choses sont limpides : il faut changer le calendrier vaccinal de toute urgence. Le vaccin contre le méningocoque B doit absolument y être inclus et remboursé. Chez les adolescents, plus de 30% en sont porteurs et certains vont forcément le transmettre. Sauf s’ils sont vaccinés. C’est donc extrêmement important !
Le CSS insiste sur trois points en particulier :
– Que les souches C,W et Y figurent dans le calendrier vaccinal obligatoire des adolescents.
– Que le vaccin contre le méningocoque B soit enfin remboursé pour les enfants et ados.
– Que les personnes à hauts risques soient automatiquement remboursées pour l’ensemble des vaccins.
Poignants témoignages de patients
Voici l’un des trois témoignages du colloque. Celui de Kimberly, survivante et membre de SepsiBel (association de victimes de la méningite). Elle a trente ans, maman de deux enfants de 4 et 6 ans et vit depuis des années sans bras ni jambes à cause des conséquences d’une septicémie contractée dans son enfance.
« Je suis une survivante d’une septicémie à méningocoques contractée en 1996. J’ai un jour eu de fortes douleurs et à l’hôpital, ils ont tardé à poser un diagnostic. Au bout de 12 longues heures, quand ils ont vu mes extrémités devenir noires, il était déjà trop tard et il a fallut amputer autant les membres supérieures qu’inférieurs. Je m’en suis sorite, mais j’ai dû vivre avec les conséquences, le fauteuil, les regards des enfants qui sont parfois cruels. Je suis aujourd’hui autonome avec deux enfants et c’est une grande victoire pour moi. J’ai encore quelques difficultés au quotidien, notamment pour chercher mes enfants à l’école, à cause du manque d’aménagement de la voirie. En plus, tous les cinq ans, je dois prouver que je suis toujours amputée pour continuer à recevoir mes allocations ; c’est complètement ridicule. J’espère qu’il y aura davantage d’attention apportée au plan septicémie et que le public puisse être davantage sensibilisé pour que plus personne n’ait à mourir ou subir les conséquences de cette terrible maladie. »
→ Plus d’informations sur la rencontre ou sur la BAoP : info@baop.be ou www.baop.be
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