Voir son enfant défunt en réalité augmentée : excès technologique ou nouvel outil thérapeutique ?

En Corée du Sud, une émission télévisée a diffusé l’expérience de réalité augmentée offerte à une mère ayant perdu, plusieurs années auparavant, sa fille de 7 ans décédée des suites d’une maladie grave. Durant quelques minutes, elle a pu voir, « toucher » (grâce à des gants haptiques) et parler à l’avatar de son enfant défunt au sein d’un espace virtuel. La vidéo Youtube de cette expérience semble tout droit sortie d’un épisode de la série Black Mirror; raison pour laquelle tout cela suscite de vifs débats éthiques sur la question des nouvelles technologies. 

Imaginez un monde parallèle et virtuel où les personnes malades et en fin de vie pourraient se réfugier et continuer à vivre éternellement. Jusqu’à présent, il ne s’agissait que d’une fiction tout droit sortie de l’épisode 4 (‘San Junipero’) de la troisième saison de la série d’anticipation Black Mirror. Mais récemment, une vidéo a circulé sur Youtube, montrant une mère dotée d’un casque de réalité augmentée qui a eu la possibilité de passer quelques minutes avec l’avatar virtuel de sa fille décédée. Une réalité qui rattrape donc la fiction et qui divise littéralement la toile. Si certains s’insurgent face aux problèmes éthiques que cela représente et face à l’excès technologique qui peut clairement être mis sur le tapis, d’autres y voient un outil thérapeutique qui pourrait peut-être aider certains parents à faire leur deuil.

Vidéo émouvante qui fait froid dans le dos

Avouons-le, cette vidéo est assez glauque et fait même froid dans le dos. Elle est aussi émouvante et suscite beaucoup de questionnements. Au début de la séquence, la petite fille interroge : « Est-ce que tu penses à moi ? » Et la maman répond : « Tout le temps ! » Elle essaie ensuite de lui tenir les mains; ce qu’elle perçoit grâce aux gants spéciaux qu’elle porte. La mère fond en larmes. Ensuite, elles passent quelque temps ensemble à se remémorer des souvenirs, en fêtant son anniversaire… En fin de film, elles se disent au revoir et combien elles s’aiment. La petite fille se met au lit, s’endort et se transforme en papillon. 

Futur outil thérapeutique ?

Pour le moment, la technique utilisée n’est pas parfaite et reste au statut d’expérience. La maman semble néanmoins satisfaite et déclare, dans le reportage : « Ce fut très court, mais très joyeux. Je pense que j’ai fait le rêve éveillé que j’ai toujours souhaité. » Les autres membres de la famille ont également été très touchés. Preuve que le réalisme était quand même au rendez-vous. Dans un futur plus ou moins proche, il sera donc peut-être possible de créer une base de données constituée d’images d’êtres chers disparus pour les transposer dans un monde en réalité augmentée… Un peu comme dans l’un des épisodes de Black Mirror au fond.

Quand Black Mirror anticipe la réalité

Au sein d’un article scientifique trouvé sur le net, on peut lire : « L’épisode « San Junipero » met en scène la possibilité d’une vie éternelle virtuelle. Cet épisode nous invite à une réflexion sur le posthumain, un posthumain qui renvoie à la fois au corps et à l’esprit, puisque la technologie permet dans le monde diégétique de l’épisode de faire le choix d’une forme d’immortalité par téléchargement définitif de l’être en fin de vie dans un espace virtuel où il conserve tous ses souvenirs mais aussi, et ce n’est pas un détail anodin, le corps de sa jeunesse. L’homo numericus est-il dès lors l’avenir de l’homme (qui plus est un avenir éternel) ? Et sommes-nous promis à ce devenir ? »  Avec la vidéo reprise ci-dessous et mentionnée plus haut, il y a, en effet, matière à se poser ce genre de questions…