Soins et cultures

Lorsqu’un enfant est hospitalisé, outre les aspects médicaux ou administratifs, d’autres phénomènes jouent un rôle.
L’aspect relationnel est aussi primordial pour que les uns et les autres se sentent le mieux possible dans cet environnement très organisé qu’est l’hôpital. Les patients et les soignants d’origines diverses n’ont pas tous la même culture ou la même religion; ce qui peut parfois amener à des incompréhensions et des conflits. Comment donc faire face à ce type d’obstacles en milieu hospitalier ?
Éléments de réponses au sein des textes ci-dessous.

 

C’est quoi au juste la culture ?

La culture désigne la combinaison d’idées, de coutumes et de comportements que partage un peuple ou une société donnée. Elle détermine l’appartenance des membres à groupe et les distinguent des autres groupes. La culture regroupe plusieurs caractéristiques telles que la langue, l’ethnie, la religion, la classe économique, l’origine géographique, l’éducation, l’expérience de vie… Elle est en fait intégrée à tous les aspects de la vie d’un individu.

Impact culturel sur les soins

Que ce soit du côté des professionnels ou de celui des patients, la culture a une vaste influence sur la santé. Elle a tendance à changer la perception de l’individu sur la maladie, la douleur, la mort… Par exemple, dans certaines cultures, il n’est pas habituel de se plaindre, mais dans d’autres, les patients se plaignent trop rapidement. Si les causes d’une maladie sont vues de manière très rationnelles chez les uns, l’aspect plus fataliste, voire surnaturel, l’emporte chez les autres…

Des malentendus peuvent donc parfois survenir entre les soignants et les patients issues de cultures différentes. Des variations de perception qui peuvent également provenir d’une attitude non-verbale mal interprétée (ex. : le patient baisse les yeux par respect et le médecin interprète cela comme un état dépressif), d’un manque de communication ou de compréhension de la part du patient, d’un manque d’acceptation d’un diagnostic ou du refus des mesures de santé préventives (vaccins, contraception, tests de dépistage…)

Et l’enfant dans tout ça ?

Les enfants sont souvent empreints de plusieurs cultures différentes. Ils se débattent avec le fait d’être « entre les cultures » ; entre celle de leurs parents et celle du pays où ils vivent. Au moment d’une hospitalisation, les enfants font donc la médiation entre les soignants et leurs parents, bien plus imprégnés de leur culture propre.

Ce que les professionnels de la santé peuvent faire

Pour pallier ces « chocs culturels », les professionnels de la santé ont divers leviers d’action :
– L’ethnopsychiatrie : il s’agit d’une forme de psychothérapie axée sur le contexte culturel de la personne, ainsi que sur l’interprétation qu’elle se fait de la maladie par rapport à sa culture propre. Les professionnels peuvent ainsi procéder à des consultations d’ethnopsychiatrie pour tenter d’aider plus efficacement les patients « présentant une symptomatologie à fort codage culturel » ; c’est-à-dire, des patients qui se plaignent par exemple de sorcellerie, d’envoûtement, de maraboutage…

– Si le problème de communication relève davantage de la langue ou des croyances religieuses, les professionnels de la santé peuvent faire appel à des interprètes ou des hommes de foi pour tenter de solutionner le problème.

– Toujours dans ce même souci de communication, le professionnel de la santé doit s’assurer de faire abstraction de ses préjugés culturels et de bien comprendre son patient. Pour cela, il ne doit pas hésiter à lui poser des questions sur sa perception de la santé, de la maladie… Il doit également rassurer son patient en lui montrant qu’il a compris son message et qu’il va tenter de s’adapter au mieux à ses volontés.

Ressources documentaires

– Heine A., Licata L., Azzi A.E. (2013). Considérer la dimension interculturelle dans les formations professionnalisantes en santé. Bruxelles : De Boeck
– Jodelet D. (2006). Culture et pratiques de santé. Nouvelle revue de psychosociologie. 1 : 219
– Lévy I. (2006). Mémento pratique des rites et des religions à l’usage des soignants. Paris : Ed. ESTEM.
– Représentations de la santé et de la maladie (2006), n° spécial, supplément à Bruxelles Santé n°42
– Safi L. (2001). La médiation culturelle dans les hôpitaux ou comment rétablir la communication entre les patients d’origine étrangère et le personnel soignant. Pensée plurielle 1(3) : 27
– Tilmans-Cabiaux C. (2013). Interculturalité et soins de santé. Presses Univ. de Namur.
– Tison B. (2007). Soins et Culture : Formation des soignants à l’approche interculturelle. Paris : Ed. Masson
– Vassart C. (2005). Les soins de santé face aux défis de la diversité : le cas des patients musulmans. Fondation Roi Baudouin. Bruxelles

Formations

– Pour s’initier à l’ethnopsychiatrie : http://ligue-enseignement.be/
– Diverses formations sur l’interculturalité dans le milieu des soins sont destinées aux professionnels des soins de santé et ont lieu plusieurs fois par an au sein de différentes organisations :
Centre Culturel Omar Khayam (CCOK)
• Association belge des praticiens de l’art infirmier (ACN)
Centre bruxellois d’Action Interculturelle (CBAI)
Centre interfédéral pour l’égalité des chances (UNIA)