Crédit-temps raboté : le secteur et les parents grondent

La possibilité de prendre un crédit-temps à temps plein sera désormais limité. Ce congé devra débuter avant les 5 ans de l’enfant (au lieu de 8 actuellement). Les 51 mois autrefois octroyés passeront quant à eux à 48 mois : autrement dit, les parents perdront 3 mois. Ça grogne du côté de la Ligue des familles, de certains politiques et même chez des professeurs de l’UCLouvain.

Le 12 octobre dernier, autant la Ligue des Familles que certains politiques (par exemple : Catherine Fonck, cheffe de groupe des Engagés à la Chambre) ont vivement critiqué la décision du gouvernement fédéral de limiter le crédit-temps. Plus tard, vers le 25/10, des professeurs de l’UCLouvain ont également réagit au sein d’une carte blanche. Pour rappel, le crédit-temps est un système permettant de suspendre temporairement sa carrière sans devoir mettre fin à son contrat de travail pour s’occuper d’un enfant, d’un parent malade, d’un jeune de moins de 21 ans en situation de handicap ou d’une personne en soins palliatifs.

Ce qui était précédemment octroyé

Le crédit-temps permet de suspendre ou réduire les prestations pour l’une des raisons prévues par la réglementation, et notamment pour les parents concernés par la maladie d’un enfant :

  • S’occuper d’un enfant de moins de 8 ans (plus que 5 ans actuellement)
  • Prodiguer des soins palliatifs
  • S’occuper de son enfant mineur qui est gravement malade
  • Octroyer des soins à son enfant handicapé de moins de 21 ans

Les 51 mois autrefois octroyés passeront à 48 mois ; autrement dit, les parents perdront 3 mois. Concernant les fonctionnaires, l’« harmonisation » entre le crédit-temps et l’interruption de carrière se fera à la baisse ; ils ont droit actuellement à 60 mois d’interruption de carrière et n’auraient plus droit à l’avenir qu’à 48 mois de crédit-temps (12 mois de moins donc).

À savoir : il faut dans tous les cas correspondre aux conditions d’accès auprès de l’employer et à celles relatives à l’octroi d’allocations d’interruption pour pouvoir bénéficier d’un revenu de remplacement mensuel durant la période de crédit-temps.

La Ligue des Familles en colère

Dans un communiqué de presse, la Ligue des Familles a exprimé l’injustice de cette mesure et appelle les parents à se mobiliser pour faire inverser la tendance. Pour l’association, « ces mesures se traduisent par plusieurs dizaines de millions d’économies sur le dos des familles. Les parents, au contraire, attendaient un renforcement de ces congés, très mal rémunérés, en particulier dans le contexte actuel. Ces mesurent envoient un terrible signal selon lequel les familles n’ont pas de difficultés à concilier leur vie privée avec leur vie professionnelle ; comme si les dispositifs existants, pouvaient être réduits sans dommages. Ce n’est pas le cas. Ces mesures porteraient gravement atteinte à la conciliation entre travail et vie de famille, qui est pourtant l’un des principaux enjeux auxquels les familles font face. »

Des conséquences importantes, surtout pour les mères

Selon Catherine Fonck, qui s’est exprimée au micro de RTL Info, les conséquences sont importantes pour les parents, et principalement pour les mères. « Quand vous avez une femme, car ce sont souvent les femmes qui doivent s’arrêter de travailler parce qu’il y a un enfant malade, un enfant handicapé ou un enfant avec des difficultés majeures, c’est ce à quoi sert ce crédit-temps. Il est ici raboté avec des conditions avec des conditions qui sont durcies pour pouvoir y avoir accès. Cela donne des drames humains et cela pousse même parfois les femmes en dehors du travail. Est-ce que vous pensez que pour avoir une allocation de 517 euros, ces femmes choisissent l’allocation plutôt que d’aller travailler ? Non, c’est parce qu’elles n’ont pas le choix. Et donc j’ai vraiment appelé le gouvernement sur cette mesure à revoir sa position et j’ose espérer que la majorité fera un geste. Ce ne sont pas beaucoup de millions d’euros, je pense qu’il y a moyen de les trouver autrement. C’est une économie qui se fait sur les familles », conclut-elle.

« Une réforme qui va creuser les inégalités »

Au sein d’une carte blanche diffusée le 25/10 sur le site web Le Soir, plusieurs professeurs de sociologie ou de démographie de l’UCLouvain ont notamment écrit ceci : « Abaisser l’âge de l’enfant à 5 ans, réduire la durée maximale de congés à 48 mois, et exclure les personnes ayant une ancienneté professionnelle de moins de 36 mois créera des difficultés insurmontables pour de nombreux parents, tout en renforçant les inégalités de genre, d’âge, d’origine nationale et de classe, déjà présentes dans le système. En réponse, les personnes trouveront d’autres ressources, hors dispositifs, qui s’exprimeront dans des phénomènes déjà observables tels que le « quiet quitting », les certificats médicaux, les démissions… sans compter l’augmentation des burn-out professionnels et parentaux, dont les coûts dépasseront très probablement les économies escomptées. »

 

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