La santé mentale monte sur scène : un peu de poésie pour panser les plaies

Lors d’une soirée poésie organisée par La Ligue Bruxelloise pour la Santé Mentale (LBSM), plusieurs artistes sont montés sur scène pour y déverser leur trop plein d’émotions ou pour rendre hommage au secteur de la santé mentale. C’était le 16 octobre dernier et une des membres de l’équipe d’Hospichild a voulu participer à la scène ouverte. Elle a écrit un texte pour l’occasion et l’a clamé devant les spectateurs. Notre pierre à l’édifice pour que les gens qui ne vont pas bien soient enfin vus et entendus. 

Sur scène, il s’agissait bien de poésie, mais on peut également appeler cela le « spoken word » ou « slam poetry » ; une discipline entre l’écriture et la performance qui dévoile nos vérités les plus profondes, favorise l’authenticité et invite au partage. Cette soirée était organisée par la LBSM et le collectif Slameke. Avec le soutien de la COCOF et en collaboration avec Partenamut.

Des mots sur les maux

Pour élaborer son texte, notre collègue Sofia a voulu, en partie, mettre en avant le contenu d’Hospichild ; surtout le dossier santé mentale pédiatrique. Elle évoque aussi son petit garçon, ainsi que ses propres tourments.

« Qu’on se le dise d’entrée de jeu, la santé mentale nous concerne tous et toutes. Que la parole autour du sujet se normalise, c’est mon vœu. Je le sais, c’est un souhait ambitieux. 

Dans le cadre de mon boulot, j’en parle quasi tous les jours de cette santé-là. Enfin, surtout de celle des enfants et des ados. On informe, on donne des ressources pour surmonter ça.  

Hospichild, c’est là que je travaille. Parmi nos thématiques ou dans certains articles, on rend visible les invisibles. On tisse des liens, on tend la main.

Ça m’a fait prendre conscience qu’on a tous un grain. Chacun à son niveau, minime ou plus sérieux. Faut se faire aider si besoin ; au mieux on devient plus heureux.  

C’est pas que pour les fous, je t’assure. Ça libère, ça comble parfois les blessures. Et puis, financièrement y a plus trop d’abus ; va voir du côté de BruStars ou PsyBru.  

Qu’on se le dise au milieu, la santé mentale nous concerne tous et toutes. Que la parole autour du sujet se normalise, c’est mon vœu. Je le sais, c’est un souhait ambitieux. 

On est touste, ou presque, concerné.e. Ma famille en premier. Je vis avec mon petit garçon et toute la journée il hausse le ton, fait des bonds, tourne en rond.

C’est pas en exprès. En lui ça bouillonne, ça cogne, ça saute de partout. Alors je lui apprends à canaliser ses excès. Il a juste besoin d’être valorisé, qu’on l’aide à déployer ses atouts.

Moi c’est tout le contraire, j’aime le calme et la sérénité. Malgré l’opposition de nos personnalités, ce qui nous rassemble c’est qu’on est tous les deux hyper. 

Actif. Au quotidien faut s’adapter, faut savoir patienter. Mais y’a des jours où je pourrais m’arracher les tifs.

Sensible. Parfois je suis obligée de m’isoler pour pouvoir respirer, pour me mettre à créer. C’est ce qui m’empêche de péter un fusible.

J’ai mis du temps à trouver un équilibre, à savoir écouter mes besoins et envies. Ça fait pas longtemps d’ailleurs que je me sens libre, que je me sens enfin en vie.

La santé mentale est fragile. On marche tous sur un fil. En un rien de temps ça vacille et tout part en vrille.

C’est un vrai challenge de se maintenir à flot dans notre société qui va à toute allure. Faut savoir slalomer dans le chaos. Fais une pause, respire, marche dans la nature. 

Parfois ça suffit pas, bien sûr. Évidemment que c’est dur. Certain.e.s n’ont pas d’autre choix que de prendre des médicaments. D’autres sont même hospitalisés, malheureusement. 

Force à elleux, force à nous. Force à toustes celleux qui sont à bout. Que le sujet ne soit plus jamais tabou.

Qu’on se le dise une dernière fois, yeux dans yeux, la santé mentale nous concerne tous et toutes. Que la parole autour du sujet se normalise, c’est mon vœu. Je le sais, c’est un souhait ambitieux. »

À propos de la LBSM

L’asbl a été créée en 1977 sous le nom de Ligue Bruxelloise Francophone pour la Santé Mentale, avec comme mission de promouvoir les questions, enjeux et pratiques de santé mentale, notamment par l’organisation d’espaces et temps d’échanges. Depuis début 2019, elle est aussi la Fédération des Services de santé mentale (SSM) agréés par la Commission Communautaire Française à Bruxelles. La Ligue est d’abord un lieu d’échanges et d’élaborations.

Elle accueille, soutient ou organise des groupes de travail qui réunissent chaque semaine des dizaines de travailleurs de terrain autour de thématiques en lien avec la santé mentale. Ces personnes sont issues de nombreux secteurs de travail, publics ou privés, recouvrant des champs aussi divers que l’aide à la jeunesse, l’aide aux justiciables, les services aux personnes âgées, l’aide aux personnes en exil, aux personnes en grande précarité, aux personnes souffrant d’addictions, etc. Elles discutent de leurs pratiques, des contextes dans lesquels elles doivent agir, des politiques menées ou de celles souhaitées pour une meilleure réponse aux besoins de la population.

 

 

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