L’intelligence de l’enfant en question avec l’équipe du CERE (webinaire)

« L’intelligence de l’enfant en question » est le sujet qui a été abordé le 29 octobre dernier par l’équipe du Centre d’expertise et de ressources pour l’enfance (CERE). Pour la première fois, ce « café CERE » s’est déroulé en ligne et, pour vous en faire le compte-rendu, Hospichild était bel et bien au rendez-vous. Au programme : déconstruire les idées reçues sur la notion d’intelligence (ou plutôt des intelligences) et donner des pistes pour une éducation sans étiquettes. 

Derrière le petit écran, chacun dans son chez soi, étaient rassemblés une petite dizaine d’interlocuteurs. L’événement était conjointement organisé par le CERE et La Ligue des Familles. Parmi les organisateurs : Annick Faniel et Caroline Leterme (coordinatrices du CERE), ainsi que Michèle Lateur (spécialiste de la littérature jeunesse à La Ligue) qui effectue généralement une sélection de livres en rapport avec le sujet abordé lors des « cafés CERE » (réunions sur diverses thématiques autour de l’enfance). Parmi le « public » invité à intervenir à tout moment : d’autres membres de la Ligue des Familles, des parents, une éducatrice de primaire, des professionnels du secteur…

L’intelligence : fixe ou variable ? prédéterminée ou influençable ?

Après les présentations, place aux questionnements. Par petits groupes, nous avons dû réagir à deux notions préconçues. Pour ma part ce fut : « L »intelligence est prédéterminée à la naissance et fixe pour toute la vie ». Bien sûr, tout le petit groupe était en désaccord avec l’allocution. Et à raison puisque, comme l’a expliqué Caroline Leterme, les intelligences (voir plus bas « théorie des intelligences multiples ») d’un enfant varient tout au long de sa vie et sont influençables dès le plus jeune âge par les stimulations de l’environnement familial. Par exemple, la qualité des échanges et des interactions du tout petit avec ses parents et l’univers qui l’entoure jouera un grand rôle dans son développement psycho-affectif. C’est donc dès le plus jeune âge que l’intelligence se développe et cela continue tout au long de la vie. Elle n’est certainement pas fixe et ne peut pas non plus se mesurer de façon empirique à l’aide de tests de QI ou autres.

De l’importance de relativiser l’échec et de dégenrer l’éducation

Deuxième idée préconçue : « La bosse des math, on l’a ou on l’a pas… et il y a plus de garçons qui l’ont ». Non, la bosse des maths n’existe pas et non, les garçons ne sont pas forcément plus matheux que les filles. Et encore non, l’échec n’est pas un signe d’incompétence. Si les enfants et leurs parents ont encore ce genre d’idées en tête en 2020, c’est à cause de cette notion fixiste et scolaire de l’intelligence. C’est aussi à cause, pour la question du genre, d’études obsolètes sur les différences de poids des cerveaux ou sur la mesure soi disant scientifique de l’intelligence… Il faut que cela change dans les esprits et qu’on comprenne que si certaines aptitudes sont en effet innées, chacun est capable de s’améliorer et de développer ses compétences. À condition cependant d’être soutenu et d’avoir confiance en soi. Ce qui passe forcément par une relativisation de l’échec et une éducation dégenrée.

« Le cerveau a la capacité de se remodeler continuellement »

Petit mot ensuite sur la plasticité cérébrale. Caroline Leterme explique qu’il s’agit de « la caractéristique du cerveau de se remodeler continuellement ». Pour mieux comprendre, elle nous a montré une courte vidéo sur le sujet réalisée par Céline Alvarez (autrice et conférencière française). On y apprend que l’enfant possède beaucoup plus de connexions synaptiques que l’adulte et qu’il est capable d’emmagasiner un nombre impressionnant d’informations. Tout petit, il capte absolument tout pour ensuite se spécialiser dans une langue et dans une culture bien précise. Ses connexions cérébrales vont soit se développer, soit disparaître selon leur degré de stimulation. Cela rend donc le parent extrêmement responsable des capacités futures de son enfant. Mais bien sûr, et heureusement, la plasticité du cerveau continue tout au long de la vie. Inutile donc, pour les parents, de culpabiliser.

Théorie des intelligences multiples d’Howard Gardner

Enfin, une piste à explorer de toute urgence pour permettre à nos enfants de (re)prendre confiance en eux et en leurs capacités est très certainement la théorie des intelligences multiples d’Howard Gardner. Nous vous en parlions déjà l’an passé dans un article dédié au sujet, cette vision multiple de l’intelligence part du constat que chaque individu possède en lui huit sortes d’intelligence qu’il a la capacité de plus ou moins développer. Soit par envie, soit par obligation, soit encore selon les capacités naturellement stimulées par l’environnement familial de l’individu. Voici, selon cette théorie, les huit intelligences d’un individu :

  • Intelligence kinesthésique : capacité à utiliser son corps de façon précise et élaborée tout en adaptant ses mouvements à la situation.
  • Intelligence musicale et rythmique : capacité à être sensible aux sons, à la prosodie (musicalité de la langue) ou à la musique. Aptitude également à régler le volume de sa voix selon les circonstances.
  • Intelligence intrapersonnelle : capacité à être fier de soi, bonne connaissance de soi-même, motivation…
  • Intelligence interpersonnelle : capacité à agir avec les autres de façon adaptée, tolérance, empathie, entraide…
  • Intelligence vidéospaciale : capacité à se repérer dans l’espace, sens de l’orientation, sens de l’esthétisme, des couleurs et des formes…
  • Intelligence verbo-linguistique : sensibilité aux mots et au langage. Facilité pour la lecture, l’écriture et le parlé.
  • Intelligence logicomathématique : capacité à tenir un raisonnement logique, à calculer, à respecter des horaires…
  • Intelligence naturaliste : sensibilité à la nature et aux êtres vivants, conscience écologique, sens de l’observation…

Attention, finit par avertir le CERE, cette théorie, bien que de plus en plus utilisée auprès d’ enfants en difficultés d’apprentissage, n’est pas encore prouvée scientifiquement… Il faut au moins le savoir avant de l’appliquer les yeux fermés.

Bibliographie

La réunion virtuelle s’est terminée – comme à chaque fois il paraît – par un partage non-exhaustif de titres d’ouvrages en lien avec le sujet. Soit à lire aux enfants pour leur (re)donner confiance en eux, soit à lire par les parents afin de les aider à déconstruite leur notion souvent fixiste de l’intelligence et aussi d’accompagner au mieux leurs enfants dans leurs choix de vie.

– Ken ROBINSON, « L’Élément : Quand trouver sa voie peut tout changer »
– Stéphanie CRESCENT, « Tous intelligents ! Aider son enfant à l’école », éd. Odile Jacob
– Albane DE BEAUREPAIRE, « Intelligences multiples : révéler les talents de son enfant ! », éd. Larousse
– 100 histoires de garçons qui veulent changer le monde 
– Histoires du soir pour filles rebelles. 100 destins de femmes extraordinaires
– Histoires pour garçons qui veulent changer le monde. Destins d’hommes géniaux qui ont fait la différence sans tuer de dragons
– 100 philosophes qui ont marqué l’histoire
– Etc.

Sofia Douieb

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