Au sein d’une carte blanche, Sébastien Vanderlinden – kinésithérapeute, spécialisé en Neuro-(Ré)Habilitation pédiatrique – souhaite dénoncer le manque d’accessibilité des familles aux technologies de neuro-(ré)habilitation. Il insiste : « Une politique inclusive, soutenue par l’innovation technologique, l’information, et des modèles de financement novateurs, peut transformer la vie de nombreux enfants. »
Depuis 2020 déjà, Sébastien Vanderlinden se débat pour que ces inégalités cessent : Enfants paralysés cérébraux : le manque d’accès aux aides technologiques persiste. En 2024, il nous parlait de l’existance d’ « HABIT-ILE » : méthode novatrice pour traiter la paralysie cérébrale des tout-petits. À présent, sa carte blanche vise à inciter « un accès équitable et durable aux technologies de neuro-(ré)habilitation ».
{Carte blanche du kinésithérapeute Sébastien Vanderlinden}
« Conjuguer innovation, accessibilité et intensité/répétition spécifique et individualisée dans les fréquences/durées budgétisables par l’INAMI : un impératif
Les technologies comme la réalité virtuelle, la gamification, la robotique, les TMS et le biofeedback intelligent ont démontré un potentiel extraordinaire pour stimuler la neuroplasticité chez les enfants atteints de troubles neurologiques, et en réduisant au maximum les épuisements mentaux et physiques des soignants.
Malheureusement, l’accès à ces outils reste encore largement limité pour une majorité des familles en Belgique, et pour les thérapeutes qui devraient en faire les investissements amortissables.
Propositions concrètes pour faire évoluer la situation
- Étendre à l’échelon fédéral, l’augmentation des remboursements des thérapies réalisées avec les usages de dispositifs innovants, efficaces et à lourds investissements
Il est urgent que l’Inami, l’Aviq et les entités régionales collaborent. La réussite observée dans certaines provinces pourrait servir de modèle pilote, à généraliser au niveau national. Une stratégie concertée est nécessaire pour éviter les discours sans impact réel.
- Investir dans une information systématique et pédagogique
Beaucoup de professionnels de santé ne connaissent pas suffisamment les nouvelles technologies et hésitent à les recommander, de crainte d’imposer un coût inaccessible aux familles.
Un programme national de sensibilisation — incluant des formations ciblées, colloques, et matériel éducatif — devrait être mis en place pour garantir que médecins, kinés, ergothérapeutes et parents soient tous informés des outils disponibles.
- Encourager des partenariats public-privé innovants
Les outils de rééducation high-medtech sont souvent coûteux. Des collaborations avec des secteurs privés — fabricants ou start-ups — pourraient permettre d’instaurer des prêts à long terme ou un leasing subventionné, rendant les aides plus accessibles sans sacrifier leur qualité. Des Fondations Privées ont commencé à soutenir l’accès à ces modèles de soins.
- Guider la politique via une recherche clinique orientée vers l’équité
Certains centres (bien davantage en Frandre que en région Bruxelloise et Wallonne) en Belgique commencent à proposer ces technologies, mais cela reste marginal. Il est indispensable de structurer des études cliniques visant à démontrer non seulement leur efficacité, mais aussi leur efficience (coût/bénéfice) sur le long terme. Ces données solides peuvent aider à convaincre les instances de santé publique de l’intérêt d’un financement pérenne.
Perspectives inspirantes
- Capitaliser sur la neuroplasticité particulière à l’enfance : les interventions qui combinent le jeu, le feed-back multisensoriel, la motivation, et des défis adaptés au développement cognitif génèrent non seulement des progrès moteurs, mais peuvent aussi renforcer la confiance et l’autonomie des jeunes patients.
- Viser une (ré)habilitation intégrée : en combinant kinésithérapie, ergothérapie, logopédie, (neuro)psychothérapie et medtechs — comme le souligne les approches telles que NDT-Bobath* — on maximise l’impact global sur le cerveau en pleine construction.
- Soulager le personnel thérapeutique en regard de l’intensité et la répétition : plusieurs nouvelles technologies ont maintenant vu le jour pour rendre ces thérapies intensives et spécifiques plus respectueuses du potentiel épuisement professionnel des soignants face à ces plus récentes recommandations particulières aux neuro(ré)habilitations pédiatrique et adulte.
Une question de justice sociale
Pour ne plus laisser perdurer cette double injustice : d’un côté, le potentiel immense des technologies de neuro-(ré)habilitation ; de l’autre, leur inaccessibilité pour trop de familles et de soignants. Il faut une stratégie concertée, et dès à présent, s’inspirer des donations déjà effectuées par des Fondations. Une politique inclusive, soutenue par l’innovation technologique, l’information, et des modèles de financement novateurs, peut transformer la vie de nombreux enfants. Ce n’est pas seulement une question de progrès médical, mais aussi de justice sociale : chaque enfant mérite les moyens de développer son potentiel, quel que soit son lieu de résidence ou ses ressources. »
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