« HABIT-ILE » : méthode novatrice pour traiter la paralysie cérébrale des tout-petits

Première cause de handicap moteur chez l’enfant, la paralysie cérébrale concerne chaque année une naissance sur 550. Pour aider à soigner cette pathologie, une approche novatrice, appelée « HABIT-ILE », est menée par la professeure Yannick Bleyenheuft et son équipe. Il s’agit d’une thérapie à la fois intensive et ludique, établie sur une courte durée – équivalent à un entraînement de pas moins de 50h s’étalant sur deux semaines de séances – à destination des enfants et particulièrement efficace auprès des moins de 6 ans.


Initialement mise au point en 2011 à l’UCLouvain, HABIT-ILE, qui signifie en anglais « Hand-Arm Bimanual Intensive Therapy-Including Lower Extremities », s’implante efficacement en France mais pas encore tout à fait en Belgique. En effet, la technique se développe davantage dans un cadre expérimental, notamment par manque de prise en charge de la sécurité sociale. Toutefois, des recherches sont en cours pour permettre son financement et ainsi en faire profiter les patients et leur famille.

Les spécificités de la thérapie

Une des spécificités de la méthode HABIT-ILE est son approche globale au corps. Elle cible à la fois les membres supérieurs, les mains et le tonus du tronc, ainsi que les membres inférieurs, les jambes et les pieds. Pour stimuler sa motricité, l’enfant participe aux jeux thérapeutiques dont les objectifs sont choisis en concertation avec les parents. Durant ces activités, qui sont à la fois ludiques et porteuses de sens, l’enfant n’est pas aidé dans ses tâches. Ceci pour le stimuler sur le plan moteur et l’engager dans des efforts cognitifs. Comme le précise Yannick Bleyenheuft, professeure à l’Institut de neurosciences et à la Faculté des sciences de la motricité de l’UCLouvain, invitée de Tendances Première : « Tout comme lorsque l’on apprend à jouer d’un instrument de musique, il s’agit d’apprendre de nouveaux gestes liés à des objectifs fonctionnels choisis par les parents et l’enfant. On va mettre les enfants dans un contexte où ils sont très motivés et on va leur proposer énormément de jeux stimulants pendant de nombreuses heures par jour pendant une période assez réduite.« 

Une méthode fructueuse chez les tout-petits

HABIT-ILE a tout d’abord été réalisé pour aider des enfants de plus de six ans et par la suite, les tout-petits ont été inclus. Par le biais d’un entraînement intensif s’étalant sur deux semaines, les résultats de l’étude démontrent qu’avec moins d’heures que chez les enfants plus âgés, à savoir 50h au lieu de 90h par semaine, les enfants atteignent des résultats tout aussi bons, voire meilleurs. À cet égard, Yannick Bleyenheuft déclare à nouveau dans l’émission Tendances Première : « Avec dix enfants, les résultats obtenus ont été beaucoup plus importants que tout ce qui avait été publié dans la littérature jusque-là. On a pu postuler pour un très gros projet de la Fondation Paralysie cérébrale en France et on a remporté l’appel à projets qui nous a permis de faire une très large étude chez des enfants d’un an et demi à quatre ans. Les enfants gagnent beaucoup plus de motricité que les méthodes utilisées précédemment. De plus, pour que la thérapie soit utile pour l’enfant, il semble indispensable d’accorder une importance à la fois dans la rigueur et dans le jeu proposé au patient en collaboration avec ses parents. »

Les causes de la paralysie cérébrale

La paralysie cérébrale est le résultat d’une lésion au cerveau qui apparaît durant la grossesse ou lors des deux premières années de l’enfant. Parmi les causes possibles, il y a le syndrome du bébé secoué, les infections intra-utérines ou encore un manque d’oxygénation du bébé. Par la suite, l’enfant peut présenter des séquelles comme des troubles liés à sa posture, dans ses mouvements, avoir des déficiences cognitives ou sensorielles. « Les symptômes moteurs sont variables selon la zone du cerveau touchée, mais il s’agit dans tous les cas d’une hypertonicité des membres au niveau du muscle qui produisent des mouvements involontaires. Des symptômes cognitifs, des troubles sensoriels ou d’épilepsie sont aussi constatés« , précise encore Yannick Bleyenheuft. Pour pallier ces paralysies cérébrales, hormis la méthode HABIT-ILE, des séances de kinésithérapie sont proposées à raison d’une durée de 30 à 60 minutes, une à cinq fois par semaine, mais ne permettent vraisemblablement pas, selon la professeure, d’obtenir de si bons résultats.

Un avenir prometteur

La méthode HABIT-ILE ne semble donc pas se développer de manière optimale en Belgique, puisqu’elle requiert un coût financier trop important pour les parents des petits patients à cause de ce manque d’intervention de la sécurité sociale. Toutefois, l’espoir reste de mise et l’équipe de Yannick Bleyenheuft poursuit ses projets d’études en ciblant d’autres publics comme les tout-petits âgés de six à dix huit mois, ainsi que les jeunes patients qui présentent une paralysie cérébrale bi-latérale ou encore les adultes ayant été touchés par un AVC.

Texte : Samuel Walheer

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