Art en milieu de soins : un code de déontologie pour un métier « drôlement sérieux »

Le groupe Art et santé de Culture & Démocratie promeut à nouveau son Code de déontologie de l’artiste intervenant en milieux d’accueil, d’aide et de soins. Un outil essentiel pour jeter les fondements d’un métier « drôlement sérieux » comme aiment à dire Les Clowns à l’Hôpital

Crédit photo : Sofia Douieb

 

Valable pour tou⋅tes les artistes et tous les milieux de soins, ce Code précise une ligne de conduite ainsi que des balises claires pour l’exercice de cette activité professionnelle. Il reconnait et affirme l’autonomie et le statut des artistes. Il responsabilise et clarifie leurs devoirs et engagements moraux sur ce terrain spécifique. À travers ce Code, le groupe Art et santé affirme une démarche spécifique de l’artiste professionnel⋅le intervenant en milieux d’accueil, d’aide et de soins : le partage d’une pratique artistique qui se suffit à elle-même, se veut mobilisatrice, essentielle et évidente.

Un Code sur les rails depuis quelques années déjà

En 2008, une réflexion portée par le groupe Art et santé autour de la déontologie, guidée par Sophie Jassogne (Unité d’éthique médicale – UCL), a débouché sur l’élaboration d’un Code de déontologie définissant les principes éthiques de l’artiste professionnel⋅le intervenant en milieux d’accueil, d’aide et de soins. Les travaux du groupe ont depuis donné lieu à des rencontres, campagnes, publications, capsules vidéo, mais aussi à une formation en 2021-2022 et à différents outils, dont ce Code déontologique qui vient d’être réédité et qui s’adresse principalement à trois « publics » décrits ci-dessous par le groupe Art et santé de Culture & Démocratie.

« L’artiste

La démarche de l’artiste en milieux d’accueil, d’aide et de soins sera toujours celle d’un·e artiste. Il·elle intervient uniquement dans le cadre de sa compétence. L’artiste respecte le travail des équipes soignantes, dans un esprit de collaboration et de confiance. Il·elle adapte son intervention aux situations, aux personnes rencontrées et aux spécificités de la structure qui l’accueille. Lorsqu’il·elle remarque qu’il·elle a besoin d’être aidé·e, l’artiste doit pouvoir s’en référer à un·e coordinateur·ice de projet ou à une personne responsable. En plus de ses compétences artistiques, il·elle est formé·e à l’intervention en milieux d’accueil, d’aide et de soins et s’engage dans un processus de réflexion continue.

Les bénéficiaires et les proches

L’artiste propose de partager une activité artistique avec les bénéficiaires et éventuellement les proches. Il·elle ne s’impose pas et respecte leur choix. Il·elle s’interdit toute ingérence et s’abstient de tout jugement quels que soient l’âge, la santé, les croyances, les origines sociales et culturelles, la sexualité, le genre, etc., des bénéficiaires et de leurs proches. Toute information, toute question, toute demande d’avis venant des bénéficiaire ou des proches et dépassant le cadre de son activité professionnelle sera transmise aux personnes compétentes. L’artiste n’accepte aucune rémunération ni de la part des bénéficiaires ni des personnes qui l’accompagnent. Si des œuvres sont produites lors de l’activité artistique, leur statut est défini au préalable avec les bénéficiaires en tenant compte de la loi sur la protection des patient·es et des réalités institutionnelles.

Les équipes soignantes et les milieux de soins

L’activité artistique, centrée sur les bénéficiaires, les proches et/ou le personnel de la structure d’accueil, est organisée avec l’accord de celle-ci. L’artiste s’assure qu’il·elle a reçu toute information utile pour le déroulement harmonieux de l’activité et la protection de la personne. Il·elle est tenu·e de respecter les règles du secret professionnel qui garantit la relation de confiance entre les intervenant·es, les bénéficiaires et les milieux de soins. En cas de situation difficile, il·elle fera appel à l’équipe soignante ou à la personne référente désignée. Il·elle s’engage à respecter l’organisation du lieu (règlement d’ordre intérieur, horaires, sécurité, hygiène,…). Préalablement à son intervention, il·elle (ou l’association qui l’engage) signe avec la structure d’accueil une convention qui définit d’un commun accord les termes et le cadre de travail. »

 

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