Les pédiatres en colère : toujours pas de « Ministre de l’enfant »

Malgré un appel clair lancé au gouvernement en mars 2024 pour mieux structurer le secteur de la santé infantile en Belgique (par la création, notamment, d’un Plan de soins pour l’enfant), les pédiatres ne voient toujours aucun changement. Ils sont en colère et veulent enfin être entendus !  

Dès 2024, le site Hospichild relayait l’appel des pédiatres pour la nomination d’un Ministre de l’enfant, afin de regrouper les compétences aujourd’hui dispersées entre différents niveaux de pouvoir. Cette demande reste sans réponse. Le manque criant de données sur la santé infantile complique encore la planification des soins. « J’espère que l’on finira par nous écouter », s’exaspère Ann De Guchtenaere, la présidente de l’Académie Belge de pédiatrie (BAoP) au sein d’un entretien accordé au journal De Specialist. « À défaut, nous risquons de voir de nombreux pédiatres quitter l’hôpital. »

L’Académie Belge de pédiatrie évincée des négociations

Il y a plus d’un an, l’Académie avait présenté son Plan de soins pour l’enfant, un document de référence listant dix recommandations concrètes. À ce jour, toujours aucune suite politique n’a été donnée. Les pédiatres belges, pourtant en première ligne dans le suivi de la santé infantile, se sentent abandonnés. Toujours au journal De Specialist, la professeure évoque un profond manque de reconnaissance. « On nous a un jour qualifiés de kinderacademie », confie-t-elle. Une remarque qui symbolise, selon elle, le peu de considération accordé à la pédiatrie dans les décisions politiques. Ce manque d’écoute se traduit aussi par l’absence de concertation : malgré les réformes hospitalières en cours, la BAoP n’a pas été invitée aux négociations.

Des soins pédiatrique fragmentés

Sur le terrain, les pédiatres sont confrontés à un système morcelé. La prise en charge de l’enfant reste dispersée entre services, sans coordination suffisante. « Nous sommes constamment confrontés à des réponses du type : “ce n’est pas notre compétence” », regrette Ann De Guchtenaere. Ce flou administratif nuit à la continuité des soins et accentue les inégalités.

Une pédiatrie sous-valorisée

Les soins pédiatriques vont bien au-delà des consultations pour maladies bénignes. La profession couvre de nombreuses spécialités — néonatologie, cardiologie, endocrinologie — dont plusieurs ne sont toujours pas reconnues officiellement. Cette non-reconnaissance nuit à l’attractivité du métier, déjà mise à rude épreuve par des horaires lourds, une faible rémunération et une charge émotionnelle élevée. « Cela fait 25 ans que nous demandons la reconnaissance de nos sous-spécialités », conclut la Docteure Ann De Guchtenaere.

→ Les dix recommandations des pédiatres

 

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