Reportage au cœur d’un hôpital éphémère pour nounours

Le 16 septembre dernier, l’Hôpital des Enfants a organisé un après-midi « doudous friendly ». Pour cette 4e édition de l’Hôpital des Nounours, les enfants ont pu apporter leur peluche préférée et la faire ausculter ou même soigner par le personnel soignant de l’Huderf. L’équipe d’Hospichild était présente et a suivi la petite Agnès, 4 ans, et son ‘doudou tutute’. Reportage.

L’intention première de cette journée organisée par l’Hôpital universitaire des Enfants Reine Fabiola est de démystifier l’hôpital et le personnel soignant auprès des tout-petits. En apportant leur nounours qui s’est « fait bobo », les enfants peuvent suivre pas à pas les étapes d’une prise en charge en hôpital ; que ce soit pour une consultation, une hospitalisation ou encore une grave opération. Des médecins au matériel utilisé, tout est plus vrai que nature. Et tous prennent la chose très au sérieux. Agnès et son ‘doudou tutute’ ont pris part à l’expérience ; Hospichild s’est glissé auprès d’eux pour ne pas rater une miette de ce parcours hospitalier hors du commun.

Dédramatiser l’hôpital pour une meilleure prise en charge des enfants

Tenant fermement la main de sa maman, diététicienne au sein de l’Hôpital des Enfants, Agnès, 4 ans, queue de cheval blonde, yeux bleus, se tient bouche bée devant une ambulance garée devant l’entrée. Les portières sont ouvertes et laissent entrevoir l’intérieur du véhicule. Sur le brancard, ‘Franklin la tortue’ est inanimée, portant un masque à oxygène. Frédéric, l’infirmier, explique à Agnès le fonctionnement de tous les appareils. Il indique aux adultes : « L’ambulance est le premier maillon de la chaîne, il faut dédramatiser dès le départ ».

Au stand des inscriptions, des bénévoles accueillent les familles. Jean-François et Hélène sont fiers d’être présents à cette journée. « C’est gratifiant et amusant d’accueillir les enfants, de leur expliquer les différentes étapes, de créer un contact ; c’est un peu comme notre travail de bénévole ici à l’hôpital, on se sent utile », explique Hélène, tout sourire, en confiant à Agnès le petit carnet de santé de ‘doudou tutute’ qu’il faudra bien veiller à remplir tout au long du parcours.

    

À la rencontre du nounoursologue pour dégager un diagnostic

Après l’inscription du doudou en tant que patient et de son admission officielle dans le hall de l’hôpital, la famille est parée à rencontrer le nounoursologue. Ce dernier va tenter de dégager un premier diagnostic pour orienter la peluche dans les bons services. « Qu’est-ce qui lui arrive à ce doudou tutute ? », demande très sérieusement le médecin chef, Jean-Christophe Beghin, à la petite Agnès. Cette dernière regarde sa maman, interdite, et finit par se prononcer : « Il est tombé du lit, sur sa tête, et il se sent très mal maintenant ! » Il l’ausculte avec un stéthoscope, bouge ses bras, ses jambes, pose une multitude de questions… « C’est une commotion cérébrale ! », finit-il par lâcher très sérieusement. « Comme c’est encore un bébé, il faut l’emmener d’abord au stand des soins pour bébé et puis évaluer sa douleur… » Le médecin remplit scrupuleusement le carnet et le remet à Agnès, un peu décontenancée, ne sachant pas si elle doit rire ou être inquiète pour son doudou.

« Peut-être que grâce à cette initiative, elle n’aura plus autant de craintes ! »

Guidée par les étudiants du BEMSA ULB (comité d’étudiants en médecine), venus en nombre pour donner un coup de main, la petite famille se dirige donc vers le stand numéro 4. Pour y arriver, elle croise des tables qui se succèdent dans le hall de l’hôpital. Des centaines de nounours reçoivent les premiers soins, se font opérer en chirurgie, passent par la réanimation ou encore consultent à la pédopsychiatrie… À chaque fois, le matériel est réel et les soignants sont ceux de l’hôpital. Les enfants et leurs doudous sont pris avec le plus grand sérieux, car il s’agit de leur montrer ce qui pourrait se passer dans la vraie vie, s’ils leur arrivaient d’être malades à leur tour. La maman de la petite Agnès confie : « Je me souviens d’un moment vraiment compliqué avec ma fille lorsqu’elle est venu faire une prise de sang ; elle a crié et pleuré et en est ressortie assez choquée. Peut-être que grâce à cette initiative, elle n’aura plus autant de craintes et qu’on pourra lui donner l’argument que ‘doudou tutute’ aussi s’est fait soigner dans cet hôpital ! »

‘Doudou tutute’ est dans son bain à présent et sa petite maman le frotte avec le plus grand soin, sous les yeux attendris de l’infirmière. Elle lui met une couche qui recouvre tout à fait la peluche, ne laissant plus qu’entrevoir un bout de sa tête. Un biberon et c’est parti pour la suite de l’expérience.

« Même pas mal », ou comment gérer la douleur

Le stand « Même pas mal » est tenu par le Docteur Christine Fonteyne, chargée de la prévention de la douleur à l’Hôpital des Enfants. Agnès se presse dans le cabinet rempli de bulles, de lampes colorées, de miroirs et d’une pile de petits livrets illustrés par Philippe Geluck, à propos de la gestion de la douleur. Il est ici question d’évaluer à quel point doudou a mal. Pour y remédier, soit il faut le divertir afin qu’il n’y pense plus (par des bulles, en dessinant, en regardant quelque chose d’amusant…), soit il faut, si besoin, lui administrer un médicament. ‘Doudou tutute’ reçoit donc une piqûre, seulement après que la zone ait été endormie par du MÉOPA (analgésique).

   

Les Docteurs Zinzins à la rescousse

La petite famille est ensuite happée, dans le couloir, par une bande de clowns : les Docteurs Zinzins (qu’Hospichild connaît bien pour leur avoir déjà consacré quelques articles). Ils les emmènent dans une salle d’opération d’un genre un peu particulier où, cette fois-ci, les ustensiles utilisés sont factices. Parce que le but observé par les clowns est de faire rire et divertir les enfants durant leur hospitalisation. Ils se rendent à leur chevet chaque semaine et s’amusent avec eux, ainsi qu’avec les parents ou même le personnel soignant. L’opération que subit ‘doudou tutute’ est donc un vrai spectacle qui fait beaucoup rire Agnès.

« Elle se souviendra de son passage à l’hôpital ! »

Les stands continuent à s’enchaîner : vaccination, lavage des mains, diététique, pédopsychiatrie… La maman d’Agnès, diététicienne au sein de l’hôpital, s’attarde particulièrement à la table de ses collègues. Il est question de nourrir ce petit doudou bien éprouvé. D’abord en remplissant un biberon et ensuite en lui composant une assiette saine et variée (à l’aide de toute sorte d’aliments en plastique). Agnès remplit le biberon et le récipient à ras bord, faisant réagir les diététiciennes : « Il a si faim que ça ton doudou ? » Mais c’est sûrement la petite elle-même qui a envie de manger, parce qu’elle se rue finalement sur le goûter offert par l’association Kid’s Care, la « human touch » de l’Hôpital des Enfants. « Elle se souviendra de son passage à l’hôpital ! », lance la maman avant de s’éloigner avec sa fille et ‘doudou tutute’, désormais guéri.

Merci à la petite Agnès, à sa maman et bien sûr à ‘doudou tutute’ !

Texte et photos : Sofia Douieb

 

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