Le 15 octobre dernier sortait le film « L’intérêt d’Adam » ; une plongée dans l’univers pédiatrique où ce qui prime est le bien-être de l’enfant. Mais que faire quand la mère est jugée inapte à en prendre soin, alors qu’elle semble au contraire être la plus indiquée dans les moments de détresse ? Une soignante essayera de faire preuve d’humanité, même si ça implique de déroger à la loi… L’équipe d’Hospichild a vu le film sous l’angle de notre expertise en la matière.

Nous en parlions déjà en mai dernier au moment du Festival de Cannes lors duquel « L’intérêt d’Adam » avait été mis à l’honneur : Un film belge sur l’univers pédiatrique en ouverture de la Semaine de la Critique à Cannes. En Belgique, le long métrage réalisé par Laura Wandel vient tout juste de sortir au cinéma. En voici le synopsis :
Adam, 4 ans, est hospitalisé pour malnutrition à la suite d’une décision de justice. Lucy, l’infirmière en chef autorise la mère d’Adam à rester auprès de son fils au-delà des heures de visite fixées par le juge. Mais la situation se complique quand celle-ci refuse une nouvelle fois de quitter son fils. Dans l’intérêt de l’enfant, Lucy fera tout pour venir en aide à cette mère en détresse. »
Quand la loi se heurte à l’instinct
Le film questionne : jusqu’où peut-on aller “dans l’intérêt de l’enfant” ? Lucy veut bien faire, mais les règles sont claires ; la mère n’a droit qu’à quelques heures de visites par jour à cause de la suspicion de maltraitance. Rebecca, rongée par une culpabilité latente, s’accroche à son fils comme à une ultime planche de salut. Ce conflit moral devient le cœur du film : ni méchante ni sainte, chacune agit selon ses propres limites. Le scénario explore les zones grises des relations humaines dans un cadre médical ultra-réglementé. Si les parents ou les soignants ont des droits bien spécifiques dans ce contexte, l’enfant en a tout autant : lire notre page sur les droits du patient mineur.
Une mise en scène immersive et nerveuse
Laura Wandel filme caméra à l’épaule, dans des couloirs étroits et des pièces sans lumière naturelle. Tout est fait pour transmettre la pression, l’urgence et l’enfermement. Le film ne s’étire jamais (73 minutes seulement), mais concentre une rare intensité. Les dialogues sont minimalistes, les silences lourds. On est au plus près des corps, des respirations, des décisions. Le réalisme brut de la mise en scène rappelle le style des frères Dardenne, dont la réalisatrice se rapproche. On retrouve en effet ce côté haletant du monde des soins dans le dernier film des frères belges : « Jeunes mères » : immersion au cœur d’une maison maternelle.
Léa Drucker et Anamaria Vartolomei : duel au sommet
Le film repose entièrement sur le duo féminin. Léa Drucker, tout en retenue, incarne une soignante investie jusqu’à l’épuisement, tandis que Anamaria Vartolomei déploie une émotion brute, à fleur de peau. Leur affrontement, tout en regards, tensions et micro-gestes, donne au film sa force émotionnelle. L’Intérêt d’Adam n’est pas un long métrage de grandes déclarations, mais un cri discret, poignant, sur ce que signifie protéger un enfant… quand personne ne détient la vérité.
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