Trois unités pédopsychiatriques dans un environnement flambant neuf à l’Hôpital des Enfants

Le vendredi 23 septembre dernier, l’Hôpital des Enfants inaugurait les nouvelles infrastructures de ses trois unités pédopsychiatriques : l’Unité d’Hospitalisation Pédopsychiatrique, l’Unité APPI (Autisme Prise en charge Précoce Individualisée) et l’Unité Parents-bébé. Un moment symbolique après deux années sous le signe du Covid-19, qui a permis aux équipes d’accueillir les professionnels de santé mentale et leurs partenaires pour une visite guidée. Aux commandes de cette inauguration : Pr. Véronique Delvenne, Directrice de service de la pédopsychiatrie ; Renaud Witmeur, CEO de l’Hôpital Universitaire de Bruxelles (Huderf, Erasme, Jules Bordet) et Philippe Close, Bourgmestre de la Ville de Bruxelles. 

©Sofia Douieb

Intégrées dans le nouveau Centre Expert Universitaire de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent du HUB, les équipes de l’Unité d’Hospitalisation Pédopsychiatrique et des deux unités de jour APPI (Autisme Prise en charge Précoce Individualisée) et UPBB (Unité Parents-bébé) de l’HUDERF ont présenté avec enthousiasme leur dispositif de prise en charge original lors d’une inauguration reportée maintes et maintes fois suite à la pandémie. Hospichild y était pour vous.

Pr. Véronique Delvenne, Directrice de service de la pédopsychiatrie – ©Sofia Douieb

Pr. Delvenne, Directrice de Service – Importance de ces dispositifs dans les réseaux de soins bruxellois

Sur une vaste terrasse où les enfants (partis à la mer pour l’occasion) furent momentanément remplacés par des dizaines de professionnels pédiatriques, le Pr Véronique Delvenne, Directrice de Service, pris en premier la parole pour souligner l’importance de ces dispositifs dans les réseaux de soins bruxellois et belges francophones. Surtout dans un contexte d’augmentation des demandes de soins en santé mentale de l’enfant et de l’adolescent, que la crise Covid et les situations de confinement ont encore aggravé.

L’objectif de ce dispositif et des infrastructures flambant neuves est d’assurer des soins de qualité, en équipe pluridisciplinaire, dans une vision globale de l’enfant et de son entourage, où les jeunes en difficultés psychiques et leur famille sont placés au centre ; prenant en compte toutes les dimensions étiopathogéniques, à savoir l’étude de la cause, de la nature et des symptômes d’une pathologie. Pr. Delvenne a expliqué à ce propos : « Le soin hospitalier doit s’articuler avec les soins ambulatoires et de 1ère ligne où le repérage et la prise en charge précoce des troubles est un vrai défi. Il vient soutenir ses partenaires dans la prise en charge des problèmes aigus et sévères, complexes et dans la prévention des complications et des récidives. En tant que dispositif universitaire, notre service a un rôle important pour contribuer aussi à la formation des professionnels et il soutient l’évolution des connaissances par la recherche. »

Philippe Close, Bourgmestre de la Ville de Bruxelles – Éviter la double sanction au delà de la malade

Philippe Close, Bourgmestre de la Ville de Bruxelles – ©Sofia Douieb

Présent pour l’occasion, le Bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Philippe Close a tenu à s’exprimer également. Il a souligné le processus impressionnant qui a été mis en place pour que ces unités puissent bénéficier d’un lieu aussi beau qu’adapté aux différentes pathologies des enfants. Parce que, pour lui, ils n’ont pas à subir une double sanction : à la fois la maladie et les mauvaises infrastructures…

Il a ensuite estimé sa fierté que la Ville soit partenaire du groupe HUB (Hôpital universitaire de Bruxelles). D’autres inaugurations, comme le Grand Centre de Recherche, auront encore lieu et il sera certainement là pour y assister. Car, comme le disait Donald W. Winnicott : « Nous espérons tous que nos patients en auront un jour fini avec nous, qu’ils nous oublieront et découvriront que la vie est elle-même une thérapie qui a un sens. »

Renaud Witmeur, CEO de l’Hôpital Universitaire de Bruxelles – ©Sofia Douieb

Renaud Witmeur, CEO HUB – « On veut que tous les services de l’HUB ressemblent à ce service de pédopsychiatre ! »

L’Hôpital Universitaire de Bruxelles est le plus grand centre hospitalier national, a commencé par dire Renaud Witmeur, son Directeur général. Il comprend plusieurs hôpitaux comme Érasme, l’Institut Jules Bordet et l’Huderf. En outre, les hôpitaux Brugmann et Saint-Pierre ne font pas partie du projet, mais sont néanmoins considérés comme des partenaires naturels. Il s’agit, avec le HUB de « transcender tous les clivages ». Car c’est un centre de référence inouï où l’on soigne plus de 1000 patients tous les mois.

L’Hôpital universitaire des Enfants et ses nouvelles infrastructures pour la pédopsyhiatrie est, pour R. Witmeur, une avancée formidable. Les activités de recherche sont aussi très efficaces et importantes au sein de l’hôpital, ce qui est réellement précieux.

« On veut que tous les services de l’HUB ressemblent à ce service de pédopsychiatre, car c’est un modèle-type dont nous sommes très fiers avec tous les ingrédients essentiels », a finalement déclaré le CEO de l’HUB.

Trois unités, trois visions communes, trois espaces colorés et chaleureux

Après leurs discours, les trois intervenants ont coupé un ruban symbolique inaugurant officiellement ces nouveaux locaux accueillant, depuis 2020 déjà, des enfants en situation de fragilité psychologique.

©Sofia Douieb

Les trois unités sont donc liées entre elles sur un seul et même plateau. Elles sont toutes baignées de lumière, spacieuses, et dans les mêmes coloris oranges, verts et bleus. Certaines salles, comme la pièce de psychomotricité ou celle du bien-être, sont communes à toutes les unités. La visite eut lieu aux côtés des trois intervenants. Toute une délégation écoutait religieusement les explications du Pr. Delvenne et de ses équipes.

L’Unité d’hospitalisation pédopsychiatrique (de 8 à 14 ans)

Unité hospitalisation pédopsy – ©Sofia Douieb

L’unité d’hospitalisation pédopsychiatrique, intégré dans le réseau Bruxellois, BRUSTAR avec 2 lits de crise, prend en charge 15 jeunes de 8 à 14 ans souffrant de psychopathologies sévères (tentatives de suicide, états post-traumatiques trouble alimentaire précoce, première décompensation psychotique, dépression majeure…) Les 600 m² de l’unité sont organisés pour stimuler la convivialité avec des zones dédiées aux nombreux ateliers thérapeutiques organisés par l’équipe, un salon, une cuisine commune pour les jeunes, mais aussi des espaces où ils peuvent s’isoler, recevoir leurs parents ou parler individuellement avec les soignants. Une classe de l’Ecole Robert Dubois (présentée par  soutient les jeunes à poursuivre leur scolarité et un espace sensoriel (snoezelen) permet l’apaisement des moments d’angoisse. Grâce à l’implémentation, dans l’équipe soignante, des outils de Résistance Non Violente, les situations d’agitation sévères se sont raréfiées, participant ainsi à une prise en charge bienveillante en coordination avec les parents, à qui la méthode est proposée. Les jeunes bénéficient également d’une vaste terrasse extérieure sécurisée et aménagée pour leurs activités avec l’objectif de réaliser au printemps un espace potager.

L’équipe des soignants a de nombreux projets pour renforcer son arsenal thérapeutique dans ses nouvelles installations : des ateliers multimédia utilisant les jeux et la réalité virtuelle dans les soins ; l’éducation à la santé ; une sensibilisation aux enjeux de la cyberculture et des réseaux sociaux ; des ateliers bien-être, corps et image, mais aussi le développement d’une approche multifamiliale de soutien pour les parents ou des expériences de patients-partenaires.

L’Unité UPBB en hôpital de jour – Parents-bébés (0 à 2 ans et demi)

Espace Snoezelen ©Sofia Douieb

L’unité de jour Parents-Bébé accueille 5 à 8 jeunes enfants de 0 à 2,5 ans accompagnés de leurs parents, présentant des difficultés dans l’établissement des liens précoces, des particularités du développement ou des symptômes comme des troubles alimentaires ou du sommeil. Les nouvelles infrastructures, organisées autour d’un grand espace « appartement » recréent, pour l’enfant en interaction avec ses parents, des espaces de vie : repas, soins, jeux ou détente, local sieste. La prise en charge soutient la parentalité et le développement du bébé à l’aide notamment d’entretiens vidéo individuels et/ou de groupe, d’ateliers de psychomotricité et de jeux.

Les unités du service de pédopsychiatrie utilisent la méthode de soins « Snoezelen », dans un environnement sensoriel conçu pour favoriser la communication, la détente et l’exploration sensori-motrice. En renforçant le bien-être et la sécurité intérieure de l’enfant, la technique aide à la rencontre et au lien de confiance en permettant un apaisement et une diminution des troubles du comportement.

L’Unite APPI – Autisme Prise en charge Précoce individualisée (de 18 mois à 3 ans)

Depuis 2015, l’Unité APPI accueille dix enfants de 18 mois à 3 ans qui présentent un trouble précoce de la communication faisant suspecter un trouble du spectre de l’autisme. Les nouveaux locaux sont conçus pour cette thérapie intensive basée sur le jeu, une prise en charge qui se base notamment sur la méthode Denver à début précoce (Early Start Denver Model, ESDM) qui met la qualité de la relation et la motivation de l’enfant au centre de l’intervention. Ce projet novateur est unique dans le paysage belge. Des objectifs individualisés de soins sont construits et partagés avec les parents et adaptés au développement de l’enfant, ils évoluent sur la base d’évaluations régulières des différents domaines de compétence de l’enfant et de son environnement. D’autres méthodes d’intervention sont utilisées en fonction des besoins spécifiques de chaque enfant comme le PECS (système de communication par échange d’images) ou la psychomotricité relationnelle. Des interventions à domicile et dans les autres milieux d’accueil (crèche, pré-gardiennat, école) sont assurées régulièrement par l’équipe avec un transfert de compétence vers les familles mais aussi les crèches et les écoles. L’enfant est réintégré le plus rapidement possible dans son environnement.

Sofia Douieb (avec l’appui du communiqué de presse de l’Huderf)

 

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