Handicap et sport : « Anneessens 25 », une association qui veille à l’inclusion des enfants autistes

Dans le cadre de la semaine des handicaps de la Ville de Bruxelles, Aquakids, un cours de natation inclusif organisé par l’asbl Anneessens 25, a ouvert ses portes au grand public. Pour l’occasion, Hospichild s’est rendu ce mercredi 29 novembre 2023 au bain de Bruxelles afin de découvrir tout le travail réalisé par cette association.


Photo du petit bassin réservé pour l’occasion à l’activité Aquakids

À Bruxelles, trouver une activité extrascolaire pour son enfant en situation d’handicap est une vraie difficulté pour beaucoup de parents. Heureusement, certaines associations existent comme « Anneessens 25 » qui organise chaque mercredi au bain de Bruxelles l’activité natation dénommée « Aquakids ». Durant deux heures, des professionnels de la discipline encadrent plusieurs groupes d’enfants. Parmi eux, certains, qualifiés d' »extraordinaires » de par leur handicap, sont inclus parmi les autres enfants afin de profiter d’un moment de détente et d’initiation à ce sport.

Inclure les enfants extraordinaires

Il semble important de rappeler que l’inclusion est définie par le Larousse comme « l’action d’intégrer une personne, un groupe, de mettre fin à leur exclusion (sociale, notamment)« . Le handicap, sous toutes ses formes, a historiquement été mal considéré, voire même rejeté par le grand public. Depuis quelques années, avec le soutien d’associations et des instances politiques, les regards évoluent et, à Bruxelles, certaines institutions se forment et s’unissent pour inclure les enfants ayant des retards mentaux au sein de leurs activités. À cet égard, Mustapha Rezki, responsable des activités Aquakids déclare : « Notre objectif est d’apprendre aux enfants à nager mais aussi de les sensibiliser à être entouré par d’autres enfants autistes, que cela devienne naturel. Nous voulons aussi donner l’accès à ces enfants autistes, que l’on appelle extraordinaires, à des sports parfois inaccessibles et les rendre démocratiques. »

« Ce qui me plait c’est que l’on respecte les besoins de ma fille »

L’action d’inclure une personne dans un groupe ne se fait vraisemblablement pas d’un coup de baguette magique. En effet, il faut que la personne concernée soit demandeuse – ou en tout cas ouverte à l’idée – et il semble donc nécessaire de choisir le bon moment. Pour l’asbl Anneessens 25, inclure les enfants atteint d’autisme aux activités hebdomadaires est devenu la norme et le retour de certains parents vont dans ce sens : « Cela fait quatre ans que ma fille participe à l’activité d’Aquakids et ce qui me plait c’est que l’on respecte les besoins de ma fille. Les moniteurs n’ont pas peur des enfants autistes verbaux ou non verbaux. Ils jouent avec ma fille, la stimule et s’en occupent très bien. Mais quand ils voient qu’elle commence à s’énerver, on lui laisse un peu d’espace et c’est très chouette car elle s’amuse et elle a confiance », déclare la maman d’une petite fille de 7 ans, autiste verbale.

Un moment de répit pour les familles

Trop peu considéré, le « répit » semble pourtant être plus que nécessaire pour beaucoup de familles. Qui plus est pour les parents d’enfants avec un handicap qui sont confrontés à un quotidien bien souvent surchargé, pris dans un rouage, ne trouvant plus de moments pour eux. Pour bénéficier de ce changement d’air, certains ont trouvé refuge dans leur travail, durant les vacances, les temps scolaire ou les activités extrascolaires. À cet effet, M.Rezki ajoute : « Pour moi, mes héros ce sont ces mamans d’enfants avec un handicap  qui, tous les jours, les accompagnent aux activités et viennent les récupérer. Lorsqu’elles déposent leur enfant à l’activité, cela leur permet de vivre un vrai moment de répit, de prendre du temps pour elles durant une heure. »

Dans la piscine, le handicap disparaît

Durant l’activité natation d’Aquakids, un élément saute aux yeux : dans la piscine, le handicap n’est pas visible. En effet, certains s’amusent à nager sous l’eau, à attraper des anneaux lancés par les maîtres-nageurs, d’autres apprennent à nager. Ce qui est certain, c’est qu’ils profitent, enfants ordinaires et extraordinaires confondus, d’un moment que l’on pourrait qualifié de thérapeutique. L’équipe semble bien connaître son public et les enfants évoluent dans un cadre historique. Inauguré en 1953, le bâtiment des bains publics se situent dans le quartier des Marolles. Il est composé de cinq niveaux dont deux bassins et des bains-douches publics qui servent notamment à accueillir une population précarisée, n’ayant pas d’autres accès à des sanitaires. Au fil des années, la visée sociale semble vraisemblablement perdurer dans ce bâtiment atypique et ce n’est pas pour rien si des projets d’inclusion sociale continuent de voir le jour, à l’instar d’Aquakids par l’asbl Anneessens 25.

Anneessens 25, plus qu’un club de sport

Créé en 1980 par Philipe Heymans, prêtre de l’église Saint-Antoine, le projet sportif est, au départ, centré uniquement sur le futsal (football en salle). Après s’être développé en asbl, en 2010, les activités se sont diversifiées pour toucher un plus large public. La natation, le jiu-jitsu ou encore le hockey se sont ainsi ajoutés au programme. Les activités comme l’Aquakids étaient initialement réservées aux enfants dits « ordinaires ». Suite à l’intérêt grandissant des parents, l’asbl a ouvert son offre pour accueillir et inclure d’autres enfants avec un handicap mental. Mustapha Rezki, responsable des activités d’Aquakids précise : « Dès la deuxième année du lancement de l’activité natation, certains parents sont venus nous voir pour nous demander si les enfants atteint d’autisme pouvaient y participer. Moi à la base je suis de formation éducateur spécialisé et cela m’a touché sachant les difficultés pour ces parents à avoir accès à ce genre d’activités, c’est pas facile et très coûteux. »

La semaine des handicaps, c’est quoi ?

Pour célébrer la journée mondiale des personnes handicapées du 3 décembre, la Ville de Bruxelles organise une semaine un peu spéciale appelée la semaine des handicaps. Celle-ci a lieu, comme son nom l’indique, durant une semaine, voire un peu plus. Du 24 novembre au 3 décembre 2023, différentes organisations culturelles comme Bozar, le Cinéma Palace ou encore le Théâtre Royal mais aussi un réseau d’associations actives dans le milieu du handicap ont décidé de devenir partenaire de la Semaine. En plus de permettre aux personnes en situation d’handicap d’accéder aux différentes activités proposées, il s’agit aussi de sensibiliser le grand public à l’accessibilité des lieux publics pour tous.

Texte et photo : Samuel Walheer

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