« L’art peut-il soigner ? » Une conférence au KBR pour en discuter

Vendredi 12 avril 2024, l’équipe d’Hospichild participait à une journée d’étude très enrichissante à la Bibliothèque Royale de Belgique (KBR). En collaboration avec La ville de Bruxelles – l’échevine Delphine Houba et le bourgmestre Philippe Close – et le CHU Brugmann, la conférence s’intitulait « La santé, c’est tout un art ». En rassemblant différents intervenants provenant à la fois du domaine médical et du monde artistique, l’idée du projet était de démontrer que l’art peut être un catalyseur de soins pour tout un chacun, et en particulier lors d’un suivi thérapeutique. Et le pari fut plus que réussi !


Dans son discours d’ouverture, l’échevine de la Culture, du Tourisme, des Grands événements et du Matériel communal, Delphine Houba, s’est exprimée ainsi : « La Ville de Bruxelles mène une politique active qui associe culture et santé… La crise sanitaire est venue renforcer notre conviction, en tant que pouvoir public : nous devons nous investir dans de nouvelles pratiques et encourager l’art comme outil de soin. Cette journée d’étude fait suite à notre projet appelé ‘les prescriptions muséales’ avec le CHU Brugmann, et est aussi l’occasion de mettre en avant tout l’investissement d’associations qui œuvrent depuis de nombreuses années et font un travail incroyable pour aider les patients et leurs familles. Je pense aux Docteurs Zinzins, au Pont des Arts ou encore aux Clowns à l’hôpital. »

L’art, créateur d’émotions

Pour questionner la thématique du jour, « La santé, c’est tout un art », plusieurs intervenants ont alimenté le débat en apportant chacun.e leur pierre à l’édifice. Parmi eux, Pierre Lemarquis, neurologue et auteur de « L’art qui guérit », a magnifiquement démontré que l’homme est une oeuvre d’art. Ce dernier peut aussi avoir un effet cathartique et, comme l’auteur le dit si bien, l’art est une « invitation à la beauté ». Ensuite s’est tenue la performance poignante de Catherine Delmotte qui, par le biais de ses slams, dévoile sa réalité de maman de deux enfants atteints d’autisme en déclamant par exemple : « Je cherche sans fin le mode d’emploi de la bonne mère mais je ne le trouve pas… ». Saidou Ly, provenant tout droit de Mauritanie, était l’artiste suivant. Il a partagé ses doux poèmes donnant matière à réflexion en exprimant notamment que « la poésie ne triche jamais ». Pour finir cette belle matinée, Jean Van Hemelrijk, psychothérapeute, est parti du postulat que l’art nous fait sortir de nos positions en nous amenant « un peu plus loin ». Durant sa présentation, il déclara : »Nous ne sommes pas uniquement spectateur. L’art nous met à contribution, nous surprend et notre temporalité s’arrête, créant une brèche dans le temps, qui nous amène au-delà du verbe, au delà du mot. Il y a quelque chose qui s’ouvre, qui se connecte. À la fois nous y voyons des choses et des choses sortent de nous, nous sommes interpellés. En sortant de notre bulle quotidienne, tout à coup on est en lien avec quelque chose qui se passe devant nous. C’est là toute la délicatesse de décrire tout ce processus qui se joue. Et pourtant il n’est pas toujours possible de décrire l’art auquel nous sommes confronté ou que l’on pratique, car la seule chose que l’on pourra nommer ou partager c’est l’émotion qui l’accompagne. »

Quels effets positifs sur la santé ?

Dans son rapport de 2019 intitulé « Quelles sont les preuves du rôle des arts dans l’amélioration de la santé et du bien-être ? », l’OMS partageait déjà le fruit de ses résultats – basés sur plus de 900 publications – qui démontrent l’impact positif des arts sur la santé (mentale et physique). En effet, les arts peuvent soutenir le développement de l’enfant et renforcer le lien avec sa maman, prévenir les problèmes de santé (maladies aiguës, maladies mentales, troubles neurologiques…), accompagner les soins de fin vie ou encore développer la promotion de la santé. Pratiquement, les arts influent sur l’état de santé et peuvent aider tout individu dans son parcours de vie. Voici quelques exemples, piochés dans le contenu de cette journée d’étude, démontrant les effets positifs de l’art sur la santé mentale :

  • La musique peut soulager le stress et l’anxiété.
  • Chanter ensemble (chorale) et visiter un musée encourage le sentiment d’inclusion sociale.
  • Le théâtre favorise les interactions sociales.
  • La photographie et les films réduisent le stress et l’anxiété et ont également un effet positif sur l’image de soi.
  • La danse peut être bénéfique pour les patients atteints de schizophrénie.

Les prescriptions muséales

Provenant du Québec, le concept des « prescriptions muséales » est le fruit d’une collaboration entre la Ville de Bruxelles et le CHU Brugmann. En s’inspirant de l’étranger, ce projet inédit en Europe a pris tout son sens durant la période Covid 19. L’idée est de permettre aux patient.e.s, dans le cadre de leur suivi thérapeutique et moyennant l’accord du psychiatre, de disposer d’un accès gratuit dans une sélection de musées à Bruxelles. « Au travers de notre démarche, nous poursuivons deux objectifs. D’une part, renforcer l’accès à la culture et, d’autre part, offrir au corps médical un outil complémentaire au suivi thérapeutique existant », déclarait Delphine Houba durant la conférence.

→ Pour en savoir plus sur les prescriptions muséales

 

Samuel Walheer

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