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Les pédiatres unanimes quant au retour des enfants en collectivité

À l’aube de la reprise scolaire pour une partie des élèves de Belgique, beaucoup de parents sont encore très inquiets de laisser leur progéniture retourner sur les bancs de l’école. Pourtant, depuis que les médias se sont emparés de ces inquiétudes et qu’ils ont fait venir des pédiatres et autres experts pour en parler sur leurs plateaux, tous n’ont eu de cesse de rassurer la population en prônant les bienfaits, pour les enfants, d’un retour en collectivité. 

Sur le blog de l’Hôpital des Enfants, le 7e article #FaceAuCovid prône clairement ce retour des enfants à l’école ou en garderie : « Données pédiatriques globalement rassurantes, importance de la santé physique comme de la santé mentale pour le développement des enfants et des adolescents : la position actuelle de l’HUDERF est de soutenir le retour des enfants en collectivité. »  Et ils ne sont pas les seuls à se positionner de la sorte. En effet, l’ensemble de la task force pédiatrique, créée au début de la pandémie, argumente dans le même sens.

« Je ne suis pas inquiet pour les enfants »

La semaine dernière, Pierre Smeerters, chef de pédiatrie à l’Huderf, s’est exprimé au micro de RTL-TVI en affirmant ne pas être forcément inquiet pour les enfants et leur retour à l’école. Il s’est expliqué en disant que « les petits enfants sont très peu touchés par la maladie et lorsqu’ils sont touchés, ils sont souvent peu symptomatiques ». 

Il a ensuite tenu à interpeller les décideurs politiques : « L’intérêt et la voix de l’enfant n’est pas toujours simple à défendre dans notre société. C’est donc important que tous les décisionnaires, qui font du mieux qu’ils peuvent, essaient de davantage intégrer la vision de l’enfant dans leurs réflexions. Ils doivent aussi garder à l’esprit que, comme les enfants sont moins touchés par la maladie, la balance risques/bénéfices est forcément différente pour eux. »  Ce qui signifie, pour le bien-être des enfants, qu’un retour en collectivité a plus de poids à l’heure actuelle que le fait de ne pas prendre de risque en gardant les enfants à la maison. 

« Entre garderie et grand-parents, je préconise sans hésiter la garderie »

Interviewé, quant à lui, par la RTBF dans l’émission CQFD du 4 mai dernier, Dimitri Van Der Linden, pédiatre infectiologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc et porte parole de la task force pédiatrique, s’est également positionné pour le retour à l’école. Il a par exemple affirmé que les enfants peuvent effectivement transmettre le virus, mais que leur pouvoir de contagion semble bien moindre. De plus, la transmission se ferait plutôt de l’adulte vers l’enfant.

Ce qu’on sait également, c’est que très peu d’enfants sont hospitalisés (1% environ), et encore moins en soins intensifs. « On ne sait pas encore clairement pourquoi« , a encore expliqué Dimitri Van Der Linden, « une des hypothèses, c’est que l’enfant possède moins de récepteurs au virus ; moins de portes d’entrée ».

Enfin, à la question ‘garderie ou grand-parent ?’, l’infectiologue a affirmé : « Pour moi c’est garderie sans hésitation, car il faut encore être très prudent de ne pas transmettre le virus aux personnes âgées ».

Journée internationale des infirmier•e•s : « rendons hommage à la profession »

2020 est résolument une année particulière pour les infirmiers et infirmières du monde entier. D’abord parce que l’art infirmier a été désigné comme profession de l’année par l’OMS. Et ensuite parce que, face à une pandémie aussi inédite et meurtrière que celle du coronavirus, chacun sait désormais ce qu’il doit à ces soignants de première ligne. Rien de tel donc qu’une journée internationale des infirmier•e•s pour leur rendre hommage. C’est d’ailleurs ce que l’Union Générales des Infirmiers de Belgique a souhaité faire au sein d’un communiqué de presse.

Tableau peint par Hamid Douieb qui s’est inspiré de l’image d’une infirmière du sud de France qui disait remonter à Paris au début de la pandémie pour participer à la lutte contre le coronavirus avec le risque d’être contaminée. Le peintre est actuellement à sa recherche pour lui offrir la toile.

 

« Il y a 200 ans, le 12 mai 1820, naissait Florence Nightingale, à l’origine des soins infirmiers tels que nous les connaissons aujourd’hui. L’occasion, pour l’Union Générale des Infirmiers de Belgique (UGIB), de rappeler le rôle majeur de cette profession dans notre société. Les infirmiers et infirmières sont essentiels pour la Santé publique. La crise sanitaire actuelle liée au Covid-19 le prouve chaque jour. Plus que jamais, le secteur infirmier nécessite un important réinvestissement financier mais aussi humain.

Florence Nightingale, héroïne d’hier qui aurait pu l’être aujourd’hui

Née en 1820 à Florence, une des villes italiennes qui, deux siècles plus tard, allait figurer parmi les premières en Europe à être frappées de plein fouet par le nouveau coronavirus SARS-CoV-2, Florence Nightingale aurait sans nul doute pu faire partie des héroïnes d’aujourd’hui, de ces centaines de milliers de soignant·e·s que la population applaudit chaque soir à 20 heures. Pionnière des soins infirmiers modernes, précurseur dans la formation du personnel soignant, cette infirmière britannique de bonne famille n’a, en son temps, jamais hésité à bousculer les codes. Confrontée, déjà, à une pénurie de matériel et à une mortalité importante (Guerre de Crimée), Florence Nightingale a instauré des règles sanitaires – des objets, des locaux, du linge de corps – qui sont plus que jamais d’actualité avec la pandémie actuelle. Elle a fondé la première école d’infirmières (1860) au cœur même de l’hôpital et en collaboration étroite avec les médecins. Quelle modernité ! C’est elle également qui, à l’écoute des besoins des malades et jamais avare de réconfort, mit en lumière l’importance de la relation patient-soignant. Enfin, férue de mathématiques, Florence Nightingale jonglait avec les statistiques médicales et excellait dans la présentation d’informations de santé publique. Elle aurait fait une experte parfaite pour les médias d’aujourd’hui !

« Donnons à la profession infirmière la place et la reconnaissance qu’elle mérite »

L’héritage de Florence Nightingale fait terriblement écho à la situation que nous vivons actuellement. Chaque jour qui passe nous montre combien les soins infirmiers sont essentiels à la santé de tous et de chacun. Quelque 140 000 infirmiers sont actifs aujourd’hui en Belgique. La garantie des effectifs est cruciale pour la qualité des soins dans nos hôpitaux, nos établissements de soins et pour la collectivité, de même que pour la sécurité des patients. Un nombre approprié d’infirmiers doit être disponible en permanence pour assurer ces prestations, en combinaison avec une formation d’excellence, des compétences diversifiées et une forte expertise pour satisfaire aux besoins du patient, et s’assurer que l’environnement et les conditions de travail permettent au personnel de fournir des soins de qualité.

Nouvelles connaissances et technologies, évolution de la législation et du paysage des soins de santé, bouleversements socioéconomiques… Les infirmiers sont continuellement soumis à de nouveaux défis. La pression au travail est de plus en plus élevée et le manque de personnel et de moyens, récurrent. Donnons enfin à la profession infirmière la place et la reconnaissance qu’elle mérite. Donnons-lui les moyens (temps, matériel, salaire, valorisation) d’une pratique de qualité et d’une qualité de vie au travail. Ce sera la meilleure façon de la remercier pour son engagement total et ses sacrifices de ces dernières semaines.

L’UGIB, représentant et garant de la profession

Créée en 1952 sous le statut d’association de fait, l’Union Générale des Infirmiers de Belgique (AUVB-UGIB-AKVB) est devenue une asbl en 2009. Ouverte à toutes les associations infirmières, y compris spécialisées, l’UGIB regroupe 46 associations professionnelles actives sur tout le territoire belge (20 néerlandophones, 19 francophones, 6 bilingues et 1 germanophone). Indépendante et pluraliste, elle est soutenue depuis 2013 par le Gouvernement fédéral, qui finance son fonctionnement. Parmi ses missions figurent la promotion et le développement des soins infirmiers, de leur science et de leur qualité, mais aussi la représentation et la défense de la profession. »

« Wonder », feel good movie sur la différence, le harcèlement et la fratrie, disponible sur Netflix

Le film américain « Wonder », sorti en salle en 2017, est désormais disponible sur Netflix. C’est l’histoire d’un petit garçon de 10 ans appelé « Auggie », passionné d’astronomie, brillant, drôle… et atteint d’une malformation génétique du visage. Il s’apprête à affronter, pour la première fois, le monde cruel du dehors.

Ce « feel good movie » tiré d’une histoire vraie aborde des thèmes fondamentaux tels que le regard porté sur la différence en milieu scolaire, le harcèlement, les répercussions d’un handicap sur le reste de la famille et, plus spécifiquement, sur la fratrie, le manque de répit pour les parents, le pouvoir d’une éducation bienveillante, l’amitié sincère…

Un film qui vise juste

Véritablement, cette histoire nous transporte d’un bout à l’autre en nous tirant autant de rires que de larmes. Tout y est juste et bien placé. Le jeu d’acteurs est grandiose; porté par le comédien derrière le masque d’Auguste Pullman évidemment, mais également par une Julia Roberts très touchante dans le rôle de la maman dévouée, mais stricte, qui tente petit à petit de se retrouver après de longues années d’abnégation. Incarné par Owen Wilson, le papa cool et soutenant n’est pas toujours d’accord avec elle, mais fait profil bas et n’a pas peur de montrer ses faiblesses.

La fratrie mise à l’honneur

Pas de tabou dans cette comédie dramatique à l’américaine. Des sujets douloureux, dérangeants ou même déroutants y sont abordés sans crainte. Parmi les thèmes les plus marquants, à côté du harcèlement, du mal de vivre pour l’enfant handicapé…, il y a le sujet largement abordé de la fratrie. Le petit « Auggie » a une grande soeur aimante, dévouée, toujours là pour lui, mais l’envers du décor, ce qu’elle cache à sa famille, n’est pas toujours rose pour la jeune Via. Très réservée, elle se fait lâcher par sa meilleure amie et souffre manifestement du manque d’attention de sa maman. Mais elle va vite prendre conscience que son frère lui apporte bien plus que ce qu’elle croyait.

Ode à la bonté

On pourrait se dire que le film est truffé de bons sentiments, mais sa profondeur et sa justesse excuse clairement les travers des longs métrages tragi-comiques à l’américaine. La bonté et la bienveillance sont au centre de l’histoire. Que ce soit de la part de la famille, de celle des professeurs ou même, rarement, de la part des élèves, les dialogues sont parsemés de paroles « modèles ». C’est à dire que ces mots pourraient éventuellement inspirer les spectateurs dans leurs interactions futures avec des personnes handicapées. À contrario, de nombreuses scènes montrent de mauvais exemples; notamment la scène au cours de laquelle des parents minimisent, voire soutiennent, le harcèlement que leur fils inflige à « Auggie ».

En somme, un film beau, frappant, choquant parfois… Mais qui – seule petite réserve qui pourrait être émise – se termine un peu trop triomphalement…

Sofia Douieb

 

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Étude : à quel point le coronavirus affecte les conditions de travail des infirmier.e.s ?

Deux infirmiers et chercheurs doctorants en santé publique ont pris l’initiative de mettre en ligne un questionnaire destiné aux infirmiers et infirmières de Belgique. L’objectif est de rendre compte aux politiques à quel point les conditions de travail sont affectées par la pandémie actuelle. 

Au sein du préambule de l’étude en ligne, les deux chercheurs expliquent : « Les événements liés au coronavirus affectent vos conditions de travail et votre vie privée. Pour pouvoir améliorer cette situation et informer nos décideurs politiques, il est important de savoir à quel point. Nous voulons donc vous donner la parole avec ce questionnaire qui vous prendra environ 15 minutes. »

Dans ce questionnaire, après quelques questions sur la formation, sur l’ancienneté dans le métier… les infirmier.e.s sont appelés à fournir des informations plus spécifiquement liées aux conditions de travail imposées par la pandémie. Par exemple : « Quel est votre temps de travail approximatif depuis ces dernières semaines ? », « Avez-vous l’impression d’avoir l’équipement adéquat et en suffisance face au coronavirus ? », « Depuis les récents événements, combien de personnes sont déjà décédées du coronavirus dans votre service ? », « Combien de vos collègues ont-ils déjà été écartés ? »… Finalement, un grand nombre de questions concernent le stress ressenti au travail, la charge de travail, l’autonomie décisionnelle…

Bien sûr, conformément aux réglementations en vigueur, les professionnels concernés disposeront d’un droit d’accès aux données les concernant ainsi qu’un droit de correction et un droit d’opposition au traitement de leurs données.

 

→ Accéder au questionnaire 

 

Pour toute information complémentaire sur l’étude :
Pierre Smith, infirmier et chercheur doctorant en santé publique, Institut de Recherche Santé et Société, UCLouvain : pierre.smith@uclouvain.be
Arnaud Bruyneel, infirmier et chercheur doctorant en santé publique à l’ULB, SIZ Nursing : arnaud.bruyneel@ulb.be

Les pédiatres, inquiets, appellent à ne pas reporter les vaccinations et autres consultations

Depuis quelques semaines, et à cause de la pandémie actuelle, les consultations pédiatriques (même par téléphone) ont grandement diminué. Les pédiatres, inquiets, et les hôpitaux rappellent que les vaccinations et autres consultations sont tout à fait accessibles. Ils appellent ainsi à ne pas reporter ou suspendre les soins prescrits aux enfants. 

L’appel de l’ONE quant au maintien des vaccinations date d’il y a presque un mois. Apparemment, ce n’était pas suffisant et ce sont désormais les hôpitaux qui tapent sur le clou. À côté de cela, des faits plus préoccupants encore sont constatés ; certains parents reportent par exemple les séances de chimiothérapies de leur enfant…

« La vaccination reste prioritaire et importante pour protéger vos enfants ! »

Selon l’ONE, le programme de vaccination des nourrissons est primordial pour ne pas se voir ajouter à l’épidémie de coronavirus d’autres épidémies qui pourraient, elles aussi, entraîner un engorgement des structures de soins de santé. Les enfants de moins de 15 mois sont plus vulnérables aux maladies évitables par la vaccination, rappelle-t-il. Les consultations de l’ONE resteront donc ouvertes pour assurer la vaccination. L’organisme rappelle néanmoins que pour limiter au maximum la propagation du coronavirus, le public est invité à respecter scrupuleusement son heure de rendez-vous, à ne pas s’y présenter s’il souffre de fièvre ou en cas de nez qui coule, de toux ou de difficultés respiratoires.

Pédiatres et hôpitaux solidaires avec l’ONE

De son côté, l’Hôpital des Enfants a également insisté sur l’importance de la vaccination qui « reste prioritaire et importante pour protéger vos enfants! ». D’ailleurs, pour soutenir l’ONE, l’Huderf a décidé de proposer également des rendez-vous vaccination en consultation de pédiatrie.

Le Groupement Belge des Pédiatres de Langue Française (Gbpf) a également appelé ses pédiatres membres à proposer leur aide au sein des consultations ONE. « Concrètement, pour les pédiatres qui seraient volontaires pour donner un coup de main, vous pouvez adresser vos propositions d’aide directement à directionsante@one.be. »

Kind en Gezin a repris les vaccinations

Au Nord du pays, le gouvernement flamand avait demandé à Kind en Gezin, l’équivalent néerlandophone de l’ONE, de suspendre les vaccinations jusqu’au 5 avril. Mais heureusement, les vaccinations ont repris leur cours habituel le 1er avril dernier. Bien sûr, comme pour l’ONE, des mesures strictes sont mises en place pour empêcher la propagation du Covid-19.

À Saint-Luc, des chimiothérapies reportées

Mais il y a encore plus grave que de ne pas prévenir une maladie en faisant vacciner un enfant ; c’est le fait de retarder des soins qui lui sont indispensables. Bénédicte Brichard, cheffe du service d’oncologie pédiatrique des cliniques Saint-Luc, a confié ses inquiétudes à La Libre :« On observe que certains adultes préfèrent éviter de se rendre ou d’emmener leur enfant dans un hôpital s’ils ne sont pas infectés par le Covid-19. Nous devons donc convaincre des parents de ne pas suspendre la chimiothérapie de leur enfant. Cette grande angoisse est loin d’être fondée. Heureusement, nous sommes toujours parvenus à convaincre les parents d’assurer le suivi d’un traitement, car sa suspension, même pendant deux semaines, peut permettre au cancer de retrouver son rythme de croissance. Face à un tel risque de rechute, la crainte du Covid ne doit pas intervenir. »

Vers des « victimes collatérales » chez les enfants ?

Enfin, le chef du service de pédiatrie de l’Huderf, Pierre Smeesters, est également très inquiet : « Dès le début de la crise, j’ai dit aux équipes que je craignais qu’il y ait des victimes collatérales chez les enfants. Ce qui se confirme dans nos chiffres d’admissions et de passages aux urgences. Par exemple, nous n’avons que très peu de nouveaux diagnostics de leucémie et de lymphomes alors que c’est normalement constant. Nous sommes inquiets de ne pas voir les enfants que l’on devrait voir. » Il a ensuite cité à L’Echo le cas, choquant, de cet enfant diabétique arrivé trop tard à l’hôpital pour un diagnostic et décédé de son diabète.