Une journée (mondiale) dans l’univers des sourds

La Journée Mondiale des Sourds (JMS) est un événement international fêté à travers le monde entier. Cette année, la 27ème édition eut lieu le samedi 25 septembre à Bruxelles et avait pour thème « Culture et Arts Sourds ». Hospichild y était pour vous. Reportage. 

©Sofia Douieb

 

Sur la Place du Marché aux Poissons, en plein centre ville, sur laquelle se tenaient les festivités de la journée mondiale des sourds, le silence était particulièrement frappant. Le turquoise, couleur associée aux personnes sourdes, s’observait partout ; sur les vêtements, les ballons, les affiches…  Du côté droit de l’entrée, étaient installées une multitude de tonnelles blanches se faisant face et abritant les membres d’associations diverses. La plupart agitaient leurs mains avec entrain et enthousiasme. De l’autre côté, une grande scène surmontée d’une banderole se tenait fièrement devant une assemblée de chaises encore vides. C’est là qu’aura lieu, un peu plus tard, les discours (bilingues français-langue des signes de Belgique francophonede la ministre Karine Lalieux, de l’échevine en charge de l’égalité des chances de la Ville de Bruxelles, de membres de l’association organisatrice de la journée, la Fédération francophone des sourds de Belgique (FFBS)

Une des journées culturelles les plus importantes pour la communauté sourde

Chaque année, le 25 septembre est l’une des journées culturelles les plus importantes pour la communauté sourde. À la fois parce qu’elle lui permet de se retrouver, mais aussi parce qu’elle met ses actions en avant en faisant découvrir sa culture, sa langue des signes et ses richesses au grand-public. L’après-midi était ouvert à tous : sourds, malentendants, entendants, en lien avec la surdité ou non, sourd/malentendant depuis toujours ou depuis peu seulement. Et cette joyeuse assemblée était bel et bien au rendez-vous ; en inclusion. Seule difficulté : s’adresser, en tant qu’entendant, à une personne qui peut effectivement vous entendre…

©Sofia Douieb

Associations spécifiquement dédiées aux enfants sourds

Pour rappel, Hospichild est un site web dédié aux enfants malades, hospitalisés ou handicapés en Région bruxelloise. Forcément, lors de cette journée, le focus était orienté vers les stands ou associations spécifiquement dédiées à l’aide et au soutien des enfants sourds : CREE, Apedaf, Comprendre et Parler. La première asbl, CREE (pour Collectif Recherche Et Expression), qui a récemment fêté ses 40 ans d’existence, est une organisation de jeunesse spécialisée pour les enfants et jeunes sourds et malentendants ; elle leur permet d’accéder, entre autres, à une multitude de loisirs. La seconde, l’Apedaf (pour Association des Parents d’Enfants Déficients Auditifs Francophones) se focalise sur l’épanouissement des enfants sourds et malentendants ; elle a par exemple lancé la campagne « Tu écoutes de la musique, attention aux risques ! » et est sur le point d’en lancer une autre, en novembre, qui sensibilisera sur la communication entre jeunes sourds et entendants. Enfin, la troisième, Comprendre et Parler tente « d’assurer la mise en place d’un projet individualisé pour l’enfant sourd visant à développer au maximum ses potentialités et ses compétences linguistiques et à favoriser son épanouissement personnel et son autonomie. »

Karine Lalieux, ministre des personnes handicapées – ©Sofia Douieb

« C’est à la société de s’adapter aux personnes handicapées, pas l’inverse »

Sur la scène, les discours ont débuté par un rappel prononcé par la FFSB : « La convention de l’ONU concernant les personnes handicapées n’est toujours pas en application et la situation n’évolue pas ; il faut une réforme dans les 2 ans maximum ! »  Suivante sur le podium, Karine Lalieux, ministre en charge, notamment, des personnes handicapées, n’est pas contraire à cette idée. Pour elle, « c’est à la société de s’adapter aux personnes handicapées, pas l’inverse ». Concernant plus particulièrement les personnes sourdes, madame Lalieux a déjà proposé certaines mesures concrètes au fédéral : mettre en place un pool d’interprètes en langue des signes pour rendre les services publics plus inclusifs et généraliser l’utilisation de la langue des signes lors des communications fédérales. Enfin, Lydia Mutyebele Ngoi, échevine en charge de l’égalité des chances à la Ville de Bruxelles, a avancé quelques chiffres clés (100.000 sourds à Bruxelles et 1 million en Belgique), tout en rappelant que « la volonté du collège est d’inclure de manière plus globale et systématique les personnes handicapées et en particulier les personnes sourdes. » Et d’ajouter : « Un aménagement des lieux communs est nécessaire pour sortir de l’entre-soi ; cette journée est un petit pas de plus dans cette direction ! »  Allocution grandement ‘applaudie’ par des dizaines de mains levées, tournoyant sur elles-mêmes.

Sofia Douieb

 

À LIRE AUSSI :