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La crise va-t-elle déboucher sur la très attendue reconnaissance des sous-spécialités pédiatriques ?

La problématique de la non-reconnaissance des sous-spécialités pédiatriques revient au coeur des débats ce jeudi 4 juin. En cause, une carte blanche de Jean Papadopoulos, chef du service de Soins intensifs pédiatriques à l’hôpital de Jolimont, publiée sur le site web de La Libre. Son message est clair : « Une véritable reconnaissance officielle serait avant tout une autre leçon d’humanité tirée de cette crise. Mais ce serait surtout un nouveau souffle de vie qui serait assuré pour nos enfants fragilisés dans un monde de plus en plus incertain. »

Voici donc, en partie, l’opinion de ce réanimateur pédiatrique de La Louvière :

« En tant que pédiatre, je m’interroge sur cette autre population vulnérable que sont les enfants. Même si nous avons eu la chance de ne pas subir une trop forte charge d’enfants gravement malades, je ne peux laisser sans réponse les questions suivantes :

Et si demain une nouvelle pandémie s’attaquait cette fois-ci principalement aux enfants ? Avons-nous les moyens pour y faire face ?

Non, sans hésitation aucune, en Belgique, nous n’avons pas les moyens pour faire face à une pandémie pédiatrique.

Une non-reconnaissance de plus en plus problématique

Outre le sous-financement chronique de la médecine infantile, peu rentable dans la nomenclature actuelle et donc tolérée parce que souvent nécessaire à l’image des institutions et/ou à leur lien avec la maternité, de nombreuses sous-spécialités pédiatriques, comme les soins intensifs pédiatriques ou la chirurgie pédiatrique, n’ont aucune reconnaissance officielle de l’état belge.

Chaque hiver, lors des épidémies de bronchiolite, les services de Pédiatrie sont saturés et les services de soins intensifs pédiatriques (identifiés à des services adultes !) sont débordés.

La non-reconnaissance implique un sous-financement toléré par une institution hospitalière qui accepte des pertes pour permettre des soins de qualité aux enfants mais jusqu’à quand ? La crise actuelle a creusé un trou financier qui ne fait qu’amplifier la concurrence entre les différentes spécialités médicales classées en rentables et non-rentables… Quand on sait que les soins à l’enfant malade demandent plus de temps, plus d’attention, plus de patience, on réalise aisément que les moyens humains et techniques, qui étaient déjà à flux tendu pour tous avant l’épidémie, risquent de subir une cure d’austérité fatale à une Pédiatrie de qualité.

La Belgique à la traîne

Malgré la charte européenne des droits de l’enfant hospitalisé, les services de réanimation pédiatrique belges restent apparentés à des services adultes quand ce ne sont pas carrément des services adultes qui prennent en charge des enfants. Or, dans les autres pays européens, ces unités de soins intensifs pédiatriques spécifiques sont reconnues, financées et encadrées par une législation spécifique.

« Nous sommes prêts à tout pour éviter une deuxième vague hivernale »

Alors oui, aujourd’hui, nos enfants doivent retourner à l’école et aux camps de vacances, nos enfants doivent jouer avec leurs amis parce que les chiffres de l’évolution épidémique sont bons. Mais en l’état actuel de nos moyens, une deuxième vague hivernale pourrait avoir de sérieuses conséquences pour les enfants et ne pas laisser d’autre choix qu’un reconfinement !

Nous pédiatres et réanimateurs pédiatriques, avec nos équipes paramédicales qui ont montré une abnégation et un très grand sens du devoir lors de la première vague, nous sommes prêts à tout pour l’éviter!

La reconnaissance comme leçon d’humanité après cette « guerre »

Mais tout ne suffit pas à lui seul et si, à titre personnel, je pouvais comprendre la rationalité des articles de loi sur la réquisition du personnel ou la justification légale d’actes infirmiers par des aides-soignants durant cette crise majeure, apparentée à une véritable guerre où nous aurions dû mobiliser toutes nos forces, je ne comprends pas qu’on ne donne pas l’opportunité à celles et ceux qui veulent se battre pour sauver la vie des enfants, d’être simplement reconnus dans leur métier!

Outre les moyens que nous donnerait notre reconnaissance officielle par celles et ceux qui dirigent ce pays, une véritable reconnaissance officielle, basée sur des critères stricts et exigeants, serait avant tout une autre leçon d’humanité tirée de cette crise. Mais ce serait surtout un nouveau souffle de vie qui serait assuré pour nos enfants fragilisés dans un monde de plus en plus incertain.

Car c’est une chose de s’intéresser à l’avis des Pédiatres, mais c’en est une autre de se préoccuper enfin avec sérieux et responsabilité de la Pédiatrie. »

 

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Selon les pédiatres, « la réouverture des écoles est une bonne nouvelle ! »

Un communiqué de presse co-signé et diffusé ce jour par une demi douzaine de pédiatres se veut rassurant sur le retour inattendu et massif des maternelles et des primaires à l’école. Ce serait même une bonne nouvelle selon les spécialistes. Ces derniers restent donc cohérents par rapport à leurs précédentes déclarations faites au sein d’une carte blanche datant de la semaine dernière.

« Comme pédiatres, nous avons rédigé il y a 10 jours une carte blanche signée par 574 pédiatres expliquant que nous étions rassurés quant au risque du virus pour les enfants, mais inquiets des conséquences du confinement pour ces mêmes enfants.

Des données rassurantes

La décision de rouvrir les classes maternelles, primaires et, dans une moindre mesure, les classes de secondaires est une bonne nouvelle tant pour les enfants que leurs parents. La situation de l’épidémie en Belgique s’améliore de jour en jour et le retour à l’école nous semble approprié d’autant que le système de tracing est mis en place et confirme le peu de cas positifs chez les enfants. Notre expérience de pédiatres avec ce virus et les données scientifiques actuelles internationales sont rassurantes et nous encouragent dans cette démarche.

Des questions ? contactez les pédiatres !

Les pédiatres comprennent les inquiétudes face à cette évolution et sont à votre disposition pour répondre aux questions des enfants et des adultes. Nous sommes confiants dans les mesures de précaution sanitaire actuelles qui accompagnent la réouverture. Elles nécessitent, pour être efficaces, la collaboration de tous. Nous continuerons à les évaluer attentivement.

Un effort collectif salué

Nous voudrions enfin remercier tous les acteurs autour de la table, soignants, professeurs, directions des établissements scolaires, décideurs politiques, organisations syndicales pour leur travail sans relâche depuis des mois. Cette collaboration sera encore nécessaire dans les jours et semaines à venir. Nous nous joindrons à cet effort collectif. »

 

Dr Julie Frère, pédiatre infectiologue ULiège
Pr Stéphane Moniotte, pédiatre, Chef de département de pédiatrie UCLouvain
Pr Pierre Smeesters, pédiatre infectiologue, Chef de département de pédiatrie ULB
Dr Anne Tilmanne, pédiatre infectiologue ULB
Pr David Tuerlinckx, pédiatre infectiologue UCLouvain
Pr Dimitri Van der Linden, pédiatre infectiologue UCLouvain

Les pédiatres unanimes quant au retour des enfants en collectivité

À l’aube de la reprise scolaire pour une partie des élèves de Belgique, beaucoup de parents sont encore très inquiets de laisser leur progéniture retourner sur les bancs de l’école. Pourtant, depuis que les médias se sont emparés de ces inquiétudes et qu’ils ont fait venir des pédiatres et autres experts pour en parler sur leurs plateaux, tous n’ont eu de cesse de rassurer la population en prônant les bienfaits, pour les enfants, d’un retour en collectivité. 

Sur le blog de l’Hôpital des Enfants, le 7e article #FaceAuCovid prône clairement ce retour des enfants à l’école ou en garderie : « Données pédiatriques globalement rassurantes, importance de la santé physique comme de la santé mentale pour le développement des enfants et des adolescents : la position actuelle de l’HUDERF est de soutenir le retour des enfants en collectivité. »  Et ils ne sont pas les seuls à se positionner de la sorte. En effet, l’ensemble de la task force pédiatrique, créée au début de la pandémie, argumente dans le même sens.

« Je ne suis pas inquiet pour les enfants »

La semaine dernière, Pierre Smeerters, chef de pédiatrie à l’Huderf, s’est exprimé au micro de RTL-TVI en affirmant ne pas être forcément inquiet pour les enfants et leur retour à l’école. Il s’est expliqué en disant que « les petits enfants sont très peu touchés par la maladie et lorsqu’ils sont touchés, ils sont souvent peu symptomatiques ». 

Il a ensuite tenu à interpeller les décideurs politiques : « L’intérêt et la voix de l’enfant n’est pas toujours simple à défendre dans notre société. C’est donc important que tous les décisionnaires, qui font du mieux qu’ils peuvent, essaient de davantage intégrer la vision de l’enfant dans leurs réflexions. Ils doivent aussi garder à l’esprit que, comme les enfants sont moins touchés par la maladie, la balance risques/bénéfices est forcément différente pour eux. »  Ce qui signifie, pour le bien-être des enfants, qu’un retour en collectivité a plus de poids à l’heure actuelle que le fait de ne pas prendre de risque en gardant les enfants à la maison. 

« Entre garderie et grand-parents, je préconise sans hésiter la garderie »

Interviewé, quant à lui, par la RTBF dans l’émission CQFD du 4 mai dernier, Dimitri Van Der Linden, pédiatre infectiologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc et porte parole de la task force pédiatrique, s’est également positionné pour le retour à l’école. Il a par exemple affirmé que les enfants peuvent effectivement transmettre le virus, mais que leur pouvoir de contagion semble bien moindre. De plus, la transmission se ferait plutôt de l’adulte vers l’enfant.

Ce qu’on sait également, c’est que très peu d’enfants sont hospitalisés (1% environ), et encore moins en soins intensifs. « On ne sait pas encore clairement pourquoi« , a encore expliqué Dimitri Van Der Linden, « une des hypothèses, c’est que l’enfant possède moins de récepteurs au virus ; moins de portes d’entrée ».

Enfin, à la question ‘garderie ou grand-parent ?’, l’infectiologue a affirmé : « Pour moi c’est garderie sans hésitation, car il faut encore être très prudent de ne pas transmettre le virus aux personnes âgées ».

Journée internationale des infirmier•e•s : « rendons hommage à la profession »

2020 est résolument une année particulière pour les infirmiers et infirmières du monde entier. D’abord parce que l’art infirmier a été désigné comme profession de l’année par l’OMS. Et ensuite parce que, face à une pandémie aussi inédite et meurtrière que celle du coronavirus, chacun sait désormais ce qu’il doit à ces soignants de première ligne. Rien de tel donc qu’une journée internationale des infirmier•e•s pour leur rendre hommage. C’est d’ailleurs ce que l’Union Générales des Infirmiers de Belgique a souhaité faire au sein d’un communiqué de presse.

Tableau peint par Hamid Douieb qui s’est inspiré de l’image d’une infirmière du sud de France qui disait remonter à Paris au début de la pandémie pour participer à la lutte contre le coronavirus avec le risque d’être contaminée. Le peintre est actuellement à sa recherche pour lui offrir la toile.

 

« Il y a 200 ans, le 12 mai 1820, naissait Florence Nightingale, à l’origine des soins infirmiers tels que nous les connaissons aujourd’hui. L’occasion, pour l’Union Générale des Infirmiers de Belgique (UGIB), de rappeler le rôle majeur de cette profession dans notre société. Les infirmiers et infirmières sont essentiels pour la Santé publique. La crise sanitaire actuelle liée au Covid-19 le prouve chaque jour. Plus que jamais, le secteur infirmier nécessite un important réinvestissement financier mais aussi humain.

Florence Nightingale, héroïne d’hier qui aurait pu l’être aujourd’hui

Née en 1820 à Florence, une des villes italiennes qui, deux siècles plus tard, allait figurer parmi les premières en Europe à être frappées de plein fouet par le nouveau coronavirus SARS-CoV-2, Florence Nightingale aurait sans nul doute pu faire partie des héroïnes d’aujourd’hui, de ces centaines de milliers de soignant·e·s que la population applaudit chaque soir à 20 heures. Pionnière des soins infirmiers modernes, précurseur dans la formation du personnel soignant, cette infirmière britannique de bonne famille n’a, en son temps, jamais hésité à bousculer les codes. Confrontée, déjà, à une pénurie de matériel et à une mortalité importante (Guerre de Crimée), Florence Nightingale a instauré des règles sanitaires – des objets, des locaux, du linge de corps – qui sont plus que jamais d’actualité avec la pandémie actuelle. Elle a fondé la première école d’infirmières (1860) au cœur même de l’hôpital et en collaboration étroite avec les médecins. Quelle modernité ! C’est elle également qui, à l’écoute des besoins des malades et jamais avare de réconfort, mit en lumière l’importance de la relation patient-soignant. Enfin, férue de mathématiques, Florence Nightingale jonglait avec les statistiques médicales et excellait dans la présentation d’informations de santé publique. Elle aurait fait une experte parfaite pour les médias d’aujourd’hui !

« Donnons à la profession infirmière la place et la reconnaissance qu’elle mérite »

L’héritage de Florence Nightingale fait terriblement écho à la situation que nous vivons actuellement. Chaque jour qui passe nous montre combien les soins infirmiers sont essentiels à la santé de tous et de chacun. Quelque 140 000 infirmiers sont actifs aujourd’hui en Belgique. La garantie des effectifs est cruciale pour la qualité des soins dans nos hôpitaux, nos établissements de soins et pour la collectivité, de même que pour la sécurité des patients. Un nombre approprié d’infirmiers doit être disponible en permanence pour assurer ces prestations, en combinaison avec une formation d’excellence, des compétences diversifiées et une forte expertise pour satisfaire aux besoins du patient, et s’assurer que l’environnement et les conditions de travail permettent au personnel de fournir des soins de qualité.

Nouvelles connaissances et technologies, évolution de la législation et du paysage des soins de santé, bouleversements socioéconomiques… Les infirmiers sont continuellement soumis à de nouveaux défis. La pression au travail est de plus en plus élevée et le manque de personnel et de moyens, récurrent. Donnons enfin à la profession infirmière la place et la reconnaissance qu’elle mérite. Donnons-lui les moyens (temps, matériel, salaire, valorisation) d’une pratique de qualité et d’une qualité de vie au travail. Ce sera la meilleure façon de la remercier pour son engagement total et ses sacrifices de ces dernières semaines.

L’UGIB, représentant et garant de la profession

Créée en 1952 sous le statut d’association de fait, l’Union Générale des Infirmiers de Belgique (AUVB-UGIB-AKVB) est devenue une asbl en 2009. Ouverte à toutes les associations infirmières, y compris spécialisées, l’UGIB regroupe 46 associations professionnelles actives sur tout le territoire belge (20 néerlandophones, 19 francophones, 6 bilingues et 1 germanophone). Indépendante et pluraliste, elle est soutenue depuis 2013 par le Gouvernement fédéral, qui finance son fonctionnement. Parmi ses missions figurent la promotion et le développement des soins infirmiers, de leur science et de leur qualité, mais aussi la représentation et la défense de la profession. »

« Wonder », feel good movie sur la différence, le harcèlement et la fratrie, disponible sur Netflix

Le film américain « Wonder », sorti en salle en 2017, est désormais disponible sur Netflix. C’est l’histoire d’un petit garçon de 10 ans appelé « Auggie », passionné d’astronomie, brillant, drôle… et atteint d’une malformation génétique du visage. Il s’apprête à affronter, pour la première fois, le monde cruel du dehors.

Ce « feel good movie » tiré d’une histoire vraie aborde des thèmes fondamentaux tels que le regard porté sur la différence en milieu scolaire, le harcèlement, les répercussions d’un handicap sur le reste de la famille et, plus spécifiquement, sur la fratrie, le manque de répit pour les parents, le pouvoir d’une éducation bienveillante, l’amitié sincère…

Un film qui vise juste

Véritablement, cette histoire nous transporte d’un bout à l’autre en nous tirant autant de rires que de larmes. Tout y est juste et bien placé. Le jeu d’acteurs est grandiose; porté par le comédien derrière le masque d’Auguste Pullman évidemment, mais également par une Julia Roberts très touchante dans le rôle de la maman dévouée, mais stricte, qui tente petit à petit de se retrouver après de longues années d’abnégation. Incarné par Owen Wilson, le papa cool et soutenant n’est pas toujours d’accord avec elle, mais fait profil bas et n’a pas peur de montrer ses faiblesses.

La fratrie mise à l’honneur

Pas de tabou dans cette comédie dramatique à l’américaine. Des sujets douloureux, dérangeants ou même déroutants y sont abordés sans crainte. Parmi les thèmes les plus marquants, à côté du harcèlement, du mal de vivre pour l’enfant handicapé…, il y a le sujet largement abordé de la fratrie. Le petit « Auggie » a une grande soeur aimante, dévouée, toujours là pour lui, mais l’envers du décor, ce qu’elle cache à sa famille, n’est pas toujours rose pour la jeune Via. Très réservée, elle se fait lâcher par sa meilleure amie et souffre manifestement du manque d’attention de sa maman. Mais elle va vite prendre conscience que son frère lui apporte bien plus que ce qu’elle croyait.

Ode à la bonté

On pourrait se dire que le film est truffé de bons sentiments, mais sa profondeur et sa justesse excuse clairement les travers des longs métrages tragi-comiques à l’américaine. La bonté et la bienveillance sont au centre de l’histoire. Que ce soit de la part de la famille, de celle des professeurs ou même, rarement, de la part des élèves, les dialogues sont parsemés de paroles « modèles ». C’est à dire que ces mots pourraient éventuellement inspirer les spectateurs dans leurs interactions futures avec des personnes handicapées. À contrario, de nombreuses scènes montrent de mauvais exemples; notamment la scène au cours de laquelle des parents minimisent, voire soutiennent, le harcèlement que leur fils inflige à « Auggie ».

En somme, un film beau, frappant, choquant parfois… Mais qui – seule petite réserve qui pourrait être émise – se termine un peu trop triomphalement…

Sofia Douieb

 

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