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« Nommez un Ministre National de l’enfant ! », appellent les pédiatres en vue des élections

Le 14 mars dernier, la Belgian Academy of Paediatrics (BAoP) a présenté son Plan de Soins pour l’Enfant. Élaboré en concertation avec des dizaines d’acteurs du monde de la pédiatrie, cette brique d’environ 250 pages expose les dix recommandations à mettre en place pour améliorer les soins pédiatriques en Belgique. La plus marquante : « nommer un Ministre National de l’enfant ».

Ce Plan de Soins pour l’Enfant démontre qu’il est devenu essentiel pour les pédiatres belges de réclamer des changements. « Il semble que nous ne fassions que nous plaindre », déclare, à Belga, le professeur Ann De Guchtenaere, présidente de la Belgian Academy of Paediatrics (BAoP), « mais le problème fondamental est que nos patients n’ont pas de voix et que nous devons les défendre.

« Le réflexe ‘Enfant’ n’existe pas ! »

Il y a manifestement une réelle frustration qui s’est installée chez les pédiatres depuis une vingtaine d’années. Ils souhaitent que l’enfant bénéficie de soins dédiés et qu’il puisse recevoir des traitements spécifiques. L’augmentation des maladies chroniques chez les enfants et les jeunes est notamment extrêmement préoccupante, car elles surviennent à des âges de plus en plus précoces. Parallèlement, les soins aux jeunes de moins de 18 ans se dégradent en raison d’une politique fragmentée entre les niveaux régional et fédéral, ce qui a des conséquences néfastes sur la qualité et la sécurité des soins médicaux qui leur sont prodigués, les reléguant à une position marginale dans le système de santé. « Le réflexe ‘Enfant » n’existe pas ! » déplore le professeur Ann De Guchtenaere.

Un Plan pour faire bouger les lignes

Au travers de ce Plan de Soins pour l’Enfant, les pédiatres belges appellent donc à une prise de conscience et à une action politique pour améliorer ces soins pédiatriques en Belgique. Avec leurs dix recommandations, ils appellent à un changement significatif pour garantir un avenir meilleur pour les générations futures. Tous se mettent derrière ce Plan dans l’espoir d’enfin faire bouger les lignes. « Avec ces signatures, nous voulons montrer clairement qu’il existe un large consensus au sein des différents secteurs pour placer l’enfant au centre des soins », souligne le professeur Ann De Guchtenaere. « Notre dernière recommandation prévoit la nomination d’un ministre de l’enfance, ce qui n’est pas une coïncidence. »

→ Lire le Plan dans son intégralité 

Les pédiatres veulent un ministère de l’Enfance

L’engagement des pédiatres en faveur de la nomination d’un ministre de l’Enfance, juste après les élections de juin, reflète leur détermination à placer les enfants et les jeunes au centre des préoccupations médicales et politiques. « Il n’y a pas de ‘Conseil des enfants’, par analogie avec le ‘Conseil des personnes âgées' », précise encore le Pr De Guchtenaere. « La loi sur les droits des patients, par exemple, n’a pas impliqué de comité des enfants. Pour nous, il s’agit d’une sorte d’États généraux où nous donnons aussi largement la parole aux enfants. »  Il faudra, selon elle, une approche intégrée de toutes les disciplines impliquées dans la prise en charge des enfants.

« Aucune autre spécialité ne fait autant de crêpes pour la charité ! »

Le futur ministre de l’Enfance, si la demande se concrétise, aura également en charge le budget, nerf de la guerre, dédié aux soins pédiatriques. Car, comme l’expriment certains pédiatres au journal Le Spécialiste : « Nos interventions doivent être indolores. Deux tiers des enfants ont peur d’aller à l’hôpital, il faut y travailler. Mais nous avons 0 euro pour mener une politique appropriée. À cet égard, nous dépendons de la bonne volonté des hôpitaux pour cofinancer ce cadre. Aujourd’hui, nous faisons avec ce que nous avons : aucune autre spécialité ne fait autant de crêpes pour la charité ! »

Quid des autres recommandations ?

Si la dernière recommandation a été davantage mise en valeur par la BAoP, ce n’est pas pour autant que les autres sont moins importantes. Les pédiatres appellent également les politiques à appliquer les mesures suivantes :

  • Baser toutes les décisions sur les droits de l’enfant.
  • Accorder aux enfants, aux jeunes et aux parents (parents adoptifs, tuteurs, éducateurs, etc.) une voix structurelle dans la détermination des politiques de santé.
  • Investir beaucoup plus dans toutes les formes de prévention et donner la priorité à la prévention à l’ordre du jour politique.
  • Élaborer un Rapport annuel sur l’enfance pour la Belgique.
  • Offrir des incitations à court terme pour la collaboration et la connexion intersectorielles.
  • Assurer une garantie de soins de qualité pour l’enfant grâce à une formation adéquate.
  • Mettre l’accent sur les enfants vulnérables !
  • Valoriser les professionnels impliqués dans les soins aux enfants.
  • Élaborer, notamment, un nouveau programme de soins pédiatriques.
  • Nommer un Ministre National de l’enfant avec des pouvoirs de coordination et de supervision.

→ Les 10 recommandations détaillées

Quelques mots sur la Belgian Academy of Paediatrics (BAoP)

La Belgian Academy of Paediatrics (BAoP) est une organisation dédiée à représenter et promouvoir les intérêts des enfants, ainsi que ceux des pédiatres en Belgique. Fondée sur les principes de la Convention des droits de l’enfant, la BAoP agit en étroite collaboration avec diverses organisations centrées sur l’enfance pour influencer le paysage politique en faveur des enfants et des jeunes. En parallèle, elle s’efforce d’améliorer les normes de formation, de service et de recherche, tout en défendant les intérêts professionnels des pédiatres tant au niveau national qu’européen.

Sofia Douieb

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La lutte contre l’obésité infantile s’intensifie en Belgique

Le 4 mars marque la Journée mondiale de lutte contre l’obésité, offrant l’opportunité de mettre en lumière cette pathologie croissante chez les enfants. Plusieurs mesures gouvernementales et ouvertures de centres spécialisés en Belgique font entendre que la problématique est de mieux en mieux prise en main chez nous. Ce qui est primordial quand on sait, selon une récente étude de l’OMS, que le taux d’obésité chez les enfants et les adolescents a quadruplé en 30 ans.

Parmi les dernières bonnes nouvelles en date dans cette lutte contre l’obésité infantile en Belgique : l’ouverture du Centre Pédiatrique Multidisciplinaire pour l’Obésité (CMPO) à l’Hôpital des Enfants fin décembre, ainsi que le mise à disposition de 11 millions d’euros par le gouvernement.

Le taux d’obésité chez les enfants et les adolescents a quadruplé 

Les récentes données publiées dans la revue médicale britannique The Lancet – en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – à l’approche de la Journée mondiale de lutte contre l’obésité révèlent une réalité alarmante : l’obésité touche désormais plus d’un milliard de personnes dans le monde, incluant enfants et adolescents. Cette estimation met en lumière une accélération inquiétante de la problématique. Entre 1990 et 2022, le taux d’obésité a quadruplé parmi les enfants et les adolescents, tandis qu’il a doublé parmi les adultes. Cette tendance préoccupante souligne l’urgence d’agir à l’échelle mondiale pour contrer cette épidémie de santé publique. La Belgique, en annonçant des mesures significatives pour lutter contre l’obésité infantile, s’inscrit dans cette dynamique de prise de conscience et d’action.

Nouveau centre pédiatrique pour l’obésité

Depuis le 1er décembre 2023, l’Hôpital des Enfants a inauguré le Centre Pédiatrique Multidisciplinaire pour l’Obésité (CPMO). Ce centre novateur, soutenu par l’INAMI, propose des soins gratuits et individualisés pour les enfants en surpoids. Le CPMO réunit une équipe complète comprenant des pédiatres, des diététiciens, des psychologues et des kinésithérapeutes, offrant ainsi une prise en charge multidisciplinaire. « Notre approche globale vise à améliorer la qualité de vie actuelle et future des jeunes patients avec obésité en abordant tous les aspects de l’obésité infantile de manière spécialisée et multidisciplinaire », précise Melissa Moretti, Diététicienne au sein du CPMO.

Consultations de diététique gratuites pour les enfants 

Ce nouveau centre fait suite à une décision du gouvernement belge qui a revu, en février dernier, les modalités de remboursement pour les diététiciens traitant les enfants obèses. Désormais, les enfants peuvent bénéficier de consultations dès l’âge de 2 ans jusqu’à 17 ans, avec suppression du ticket modérateur. Cette mesure représente un investissement significatif de 11 millions d’euros, soulignant l’engagement en faveur d’une meilleure prise en charge.

Reconnaissance des centres spécialisés

Par ailleurs, le premier centre spécialisé dans l’obésité infantile s’est ouvert en 2022 au Kidz Health Castle, l’hôpital pour enfants de l’UZ Brussel. Il a été officiellement désigné comme l’un des Collaborating Centres for Obesity Management (COMs) par l’ « European Association for the Study of Obesity ». Cette reconnaissance témoigne de l’excellence des pratiques mises en œuvre pour lutter contre l’obésité infantile en Belgique. Car le pays semble de plus en plus résolu à inverser la tendance en la matière et promouvoir un avenir plus sain pour les générations futures.

Sofia Douieb

 

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Au bord de la rupture, les pédiatres des hôpitaux demandent une main tendue d’urgence !

La situation semble bel et bien urgente au vu du mal être généralisé des pédiatres situés en première ligne. Au point que certains d’entre eux penseraient même à quitter leur poste alors qu’ils sont pourtant indispensables en tant que professionnels de la médecine préventive et hospitalière. Pour éviter un tel drame, la « Belgian Academy of Paediatrics » prend les devants et appelle les généralistes à un travail collaboratif.


Face à une pénurie de généralistes et une demande croissante dans les soins pédiatriques d’urgence, les pédiatres de la « Belgian Academy of Paediatrics » ont invité le CMG (Collège de Médecine Générale) à se rassembler afin de décanter, ensemble, une situation qui va a priori de mal en pire. Une réflexion basée principalement sur un modèle de collaboration vivable pour chacun de ces professionnels de la santé étroitement liés par leurs compétences et au service d’une même cause : la santé individuelle et collective des enfants et des adolescents.

L’urgence hospitalière pédiatrique souffre…

Les discussions entre les deux instances médicales ont amené à de nombreux questionnements et l’une des priorités semble être stopper l’hémorragie qui se propage petit à petit autour d’une souffrance, voire une frustration commune, vécue par des pédiatres exerçant aux urgences hospitalières. La réduction prévue des quotas pour les pédiatres n’aidant en rien, sur le terrain la charge de travail fait partie du quotidien pour ces travailleurs de première ligne. L’une des questions qui ressort de ces discussions est la suivante : pourquoi ne pas positionner l’urgence hospitalière pédiatrique en deuxième ligne ?

Une étroite collaboration

Bien que les pédiatres se définissent comme des internistes ainsi que des généralistes de l’enfant, les différentes réunions les ont amenés ainsi que les médecins généralistes, à se questionner sur leur métier. En effet, il semble important de marquer une attention sur la façon d’identifier les besoins individuels et collectifs des enfants et, par la même occasion, de développer leurs propres compétences en fonction de leur profession. Parallèlement à cela, il est indispensable de répondre aux besoins de base de la population et d’inclure dans son calcul les ressources nécessaires et surtout disponibles.

Vers un consensus ?

Sur sa feuille de route intitulée « Débats sur les collaborations entre pédiatres et médecins généralistes », le CMG conclut de la manière suivante : « Le défi est d’articuler les deux professions de façon complémentaire, sans concurrence, en reconnaissant l’apport de chacun, en tenant compte de leurs ressources et de leur formation, au service de la santé individuelle et collective des enfants et adolescents, dans un système structuré des soins de santé. » Le débat reste donc ouvert et nul doute que nous aurons rapidement des nouvelles dans les mois à venir.

 

Texte : Samuel Walheer

 

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« Hospinews » : une newsletter pédiatrique qui vous réserve quelques surprises

Hospinews, c’est la newsletter bilingue d’Hospichild envoyée en fin de mois à tous ses abonnés. L’équipe, actuellement composée de trois membres, est active au quotidien dans la rédaction d’articles et dans la mise à jour de son site web. Mais c’est aussi un groupe de travail qui se diversifie et projette d’intégrer dans sa newsletter quelques nouveautés.

Parmi les innovations prévues : des interviews ciblées avec l’usage d’un outil pertinent et très en vogue, le podcast, ou encore des articles d’actualités pédiatriques provenant de l’international.

Des nouveautés en devenir…

Fort de ses 17 ans d’existence, le site Hospichild s’est construit au fil des années jusqu’à devenir une référence dans son domaine. La newsletter Hospinews, quant à elle, a été développée en parallèle aux avancées d’internet. À présent, l’équipe souhaite diversifier ses compétences en se formant à l’outil Podcast. Cela viendra ajouter une plus-value complémentaire aux interviews déjà réalisées sur le terrain ou au sein des bureaux d’Hospichild, fraîchement intégré à Vivalis.brussels. De plus, la rédaction des articles était jusqu’alors principalement axée sur des sujets se déroulant dans la région bruxelloise et ses environs. Après réflexion, l’équipe envisage dans les mois à venir d’aborder des actualités pédiatriques hors de nos frontières. Ceci dans l’idée de faire des ponts entre les nombreux sujets et les avancées dans le domaine.

Une newsletter abondante

C’est non sans un réel engagement que l’équipe d’Hospichild travaille pour informer son public, à savoir des parents d’enfants touchés par une maladie ou en situation de handicap ainsi que les professionnels du domaine pédiatrique. Chaque jour, l’actualité est passée au peigne fin et discutée en équipe. Nos articles sont ensuite rédigés et publiés sur notre site internet dans la rubrique « ACTU » → Actualités Archives – Hospichild, ainsi que sur les réseaux sociaux. Les actualités marquantes sont reprises sur « Hospinews » ainsi que certains événements, au préalable postés par nos soins, des associations ou des professionnels du domaine. En fin de mois, la newsletter est envoyée à nos abonnés par e-mail.

→ Pour s’abonner à la newsletter Hospinews – Hospichild

Pour rappel, Hospichild, c’est…

Hospichild est avant tout un site web – et non pas un hôpital comme beaucoup pourraient le croire par sa dénomination – délivrant des informations non médicales autour de l’hospitalisation de l’enfant, qui aborde les aspects administratifs, économiques, scolaires, l’emploi des parents, les services pédiatriques bruxellois ou encore les associations d’aide. Hospichild c’est aussi une multitude de professionnels du monde pédiatrique qui nous apportent leur savoir, leur expérience et leurs idées. Grâce à ce travail en réseau, des échanges, des rencontres, des discussions, le site se renouvelle sans cesse avec toujours cette même intention : apporter du soutien aux parents et aux professionnels du secteur pédiatrique.

Texte : Samuel Walheer

 

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PsyBru, plateforme de prise en charge psychologique de première ligne, se poursuit en 2024

L’offre de remboursement des soins psychologiques de première ligne s’est vu être renforcée et une plateforme appelée PsyBru a été créée en 2022. Cela permet de trouver facilement un psychologue ou un orthopédagogue proche du patient. En 2024, le projet se poursuit avec une nouveauté importante : la suppression du ticket modérateur pour les moins de 24 ans.

Les soins psychologiques de première ligne proposent des interventions de courte durée et/ou de faible intensité qui permettent de maintenir ou de retrouver un bien-être psychologique satisfaisant, de réaliser une mise au point, une orientation ou de débuter une prise en charge. La plateforme PsyBru contribue à rendre ces soins plus accessibles à la population, tant au niveau des démarches qu’au niveau du coût.

Accès plus aisé aux soins psychologiques

Le patient s’adresse directement à un psychologue ou un orthopédagogue conventionné avec un des réseaux, que ce soit Bru-Stars pour les enfants et adolescents ou Brumenta pour les adultes. Une prescription médicale n’est désormais plus nécessaire. Une liste reprenant les psychologues et orthopédagogues est disponible et accessible à tous sur la plateforme PsyBru.

Où et comment ?

Les patients peuvent accéder aux soins psychologiques en séances individuelles ou de groupe ; au sein même du cabinet du psychologue/orthopédagogue clinicien, en « outreaching » (dans l’environnement direct du patient) ou par vidéo.

Plus de ticket modérateur pour les moins de 24 ans

Depuis le 1er février 2024, la grande nouveauté est que le ticket modérateur n’est plus exigé pour les patients en dessous de 24 ans. Et ce, autant pour les séances individuelles que collectives (via Bru-Stars et Brumenta). Pour les adultes, par période de 12 mois, ils ont droit au remboursement de 8 séances individuelles ou 5 séances de groupe.

→ Vers la plateforme PsyBru 

Quelques mots sur Bru-Stars

Concernant les plus jeunes, PsyBru est intimement lié à Bru-Stars, le réseau bruxellois en santé mentale pour enfants et adolescents créé en 2015 dans le cadre de la nouvelle politique en santé mentale. L’objectif ? Permettre des prises en charges globales et intégrées, ainsi qu’une continuité dans les soins pour des enfants et des adolescents présentant des problèmes psychiques et leur entourage. Les équipes mobiles est l’offre la mieux connue. Elles proposent des interventions auprès des enfants et des adolescents, ainsi qu’auprès des (futurs) parents et travaillent en réseau. Les équipes mobiles pluridisciplinaires se déplacent partout dans Bruxelles et prennent en charge des situations allant de la grossesse à l’âge de 23 ans ; en cas de situations de crise nécessitant un suivi plus intensif sur une courte période (maximum 3 mois) mais aussi pour un suivi thérapeutique plus long et moins intensif (maximum 2 ans).

→ Vers le site web Bru-Stars

 

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