Actus

Étude : à quel point le coronavirus affecte les conditions de travail des infirmier.e.s ?

Deux infirmiers et chercheurs doctorants en santé publique ont pris l’initiative de mettre en ligne un questionnaire destiné aux infirmiers et infirmières de Belgique. L’objectif est de rendre compte aux politiques à quel point les conditions de travail sont affectées par la pandémie actuelle. 

Au sein du préambule de l’étude en ligne, les deux chercheurs expliquent : « Les événements liés au coronavirus affectent vos conditions de travail et votre vie privée. Pour pouvoir améliorer cette situation et informer nos décideurs politiques, il est important de savoir à quel point. Nous voulons donc vous donner la parole avec ce questionnaire qui vous prendra environ 15 minutes. »

Dans ce questionnaire, après quelques questions sur la formation, sur l’ancienneté dans le métier… les infirmier.e.s sont appelés à fournir des informations plus spécifiquement liées aux conditions de travail imposées par la pandémie. Par exemple : « Quel est votre temps de travail approximatif depuis ces dernières semaines ? », « Avez-vous l’impression d’avoir l’équipement adéquat et en suffisance face au coronavirus ? », « Depuis les récents événements, combien de personnes sont déjà décédées du coronavirus dans votre service ? », « Combien de vos collègues ont-ils déjà été écartés ? »… Finalement, un grand nombre de questions concernent le stress ressenti au travail, la charge de travail, l’autonomie décisionnelle…

Bien sûr, conformément aux réglementations en vigueur, les professionnels concernés disposeront d’un droit d’accès aux données les concernant ainsi qu’un droit de correction et un droit d’opposition au traitement de leurs données.

 

→ Accéder au questionnaire 

 

Pour toute information complémentaire sur l’étude :
Pierre Smith, infirmier et chercheur doctorant en santé publique, Institut de Recherche Santé et Société, UCLouvain : pierre.smith@uclouvain.be
Arnaud Bruyneel, infirmier et chercheur doctorant en santé publique à l’ULB, SIZ Nursing : arnaud.bruyneel@ulb.be

Les pédiatres, inquiets, appellent à ne pas reporter les vaccinations et autres consultations

Depuis quelques semaines, et à cause de la pandémie actuelle, les consultations pédiatriques (même par téléphone) ont grandement diminué. Les pédiatres, inquiets, et les hôpitaux rappellent que les vaccinations et autres consultations sont tout à fait accessibles. Ils appellent ainsi à ne pas reporter ou suspendre les soins prescrits aux enfants. 

L’appel de l’ONE quant au maintien des vaccinations date d’il y a presque un mois. Apparemment, ce n’était pas suffisant et ce sont désormais les hôpitaux qui tapent sur le clou. À côté de cela, des faits plus préoccupants encore sont constatés ; certains parents reportent par exemple les séances de chimiothérapies de leur enfant…

« La vaccination reste prioritaire et importante pour protéger vos enfants ! »

Selon l’ONE, le programme de vaccination des nourrissons est primordial pour ne pas se voir ajouter à l’épidémie de coronavirus d’autres épidémies qui pourraient, elles aussi, entraîner un engorgement des structures de soins de santé. Les enfants de moins de 15 mois sont plus vulnérables aux maladies évitables par la vaccination, rappelle-t-il. Les consultations de l’ONE resteront donc ouvertes pour assurer la vaccination. L’organisme rappelle néanmoins que pour limiter au maximum la propagation du coronavirus, le public est invité à respecter scrupuleusement son heure de rendez-vous, à ne pas s’y présenter s’il souffre de fièvre ou en cas de nez qui coule, de toux ou de difficultés respiratoires.

Pédiatres et hôpitaux solidaires avec l’ONE

De son côté, l’Hôpital des Enfants a également insisté sur l’importance de la vaccination qui « reste prioritaire et importante pour protéger vos enfants! ». D’ailleurs, pour soutenir l’ONE, l’Huderf a décidé de proposer également des rendez-vous vaccination en consultation de pédiatrie.

Le Groupement Belge des Pédiatres de Langue Française (Gbpf) a également appelé ses pédiatres membres à proposer leur aide au sein des consultations ONE. « Concrètement, pour les pédiatres qui seraient volontaires pour donner un coup de main, vous pouvez adresser vos propositions d’aide directement à directionsante@one.be. »

Kind en Gezin a repris les vaccinations

Au Nord du pays, le gouvernement flamand avait demandé à Kind en Gezin, l’équivalent néerlandophone de l’ONE, de suspendre les vaccinations jusqu’au 5 avril. Mais heureusement, les vaccinations ont repris leur cours habituel le 1er avril dernier. Bien sûr, comme pour l’ONE, des mesures strictes sont mises en place pour empêcher la propagation du Covid-19.

À Saint-Luc, des chimiothérapies reportées

Mais il y a encore plus grave que de ne pas prévenir une maladie en faisant vacciner un enfant ; c’est le fait de retarder des soins qui lui sont indispensables. Bénédicte Brichard, cheffe du service d’oncologie pédiatrique des cliniques Saint-Luc, a confié ses inquiétudes à La Libre :« On observe que certains adultes préfèrent éviter de se rendre ou d’emmener leur enfant dans un hôpital s’ils ne sont pas infectés par le Covid-19. Nous devons donc convaincre des parents de ne pas suspendre la chimiothérapie de leur enfant. Cette grande angoisse est loin d’être fondée. Heureusement, nous sommes toujours parvenus à convaincre les parents d’assurer le suivi d’un traitement, car sa suspension, même pendant deux semaines, peut permettre au cancer de retrouver son rythme de croissance. Face à un tel risque de rechute, la crainte du Covid ne doit pas intervenir. »

Vers des « victimes collatérales » chez les enfants ?

Enfin, le chef du service de pédiatrie de l’Huderf, Pierre Smeesters, est également très inquiet : « Dès le début de la crise, j’ai dit aux équipes que je craignais qu’il y ait des victimes collatérales chez les enfants. Ce qui se confirme dans nos chiffres d’admissions et de passages aux urgences. Par exemple, nous n’avons que très peu de nouveaux diagnostics de leucémie et de lymphomes alors que c’est normalement constant. Nous sommes inquiets de ne pas voir les enfants que l’on devrait voir. » Il a ensuite cité à L’Echo le cas, choquant, de cet enfant diabétique arrivé trop tard à l’hôpital pour un diagnostic et décédé de son diabète.

Consultations à distance : l’INAMI adapte enfin les règles d’assurance soins de santé

Bonne nouvelle pour les prestataires de soins et leurs patients : l’INAMI vient d’adapter certaines règles de l’assurance soins de santé afin de leur permettre de consulter à distance. Un forfait de 20 euros est accordé pour chaque consultation téléphonique ou vidéo. Les nouveaux prestataires de soins concernés : psychiatres, psychologues, dentistes, logopèdes, kinésithérapeutes, sages-femmes, diététiciens, ergothérapeutes et éducateurs en diabétologie.

Voici le communiqué qui vient d’être publié sur info-coronavirus.be :

« La crise du coronavirus bouleverse le quotidien des patients qui doivent consulter un prestataire de soins. Afin de préserver la continuité des soins, la ministre de la Santé publique, Maggie De Block leur permet à présent de faire appel à de nombreux prestataires de soin, à distance, via les consultations vidéo.

La ministre de la Santé publique Maggie De Block : « Le Covid-19 fait apparaître chaque jour de nouveaux besoins spécifiques pour nos patients et notre personnel soignant. Il est important que nous les soutenions au mieux. En concertation avec les secteurs de soins concernés, l’INAMI a donc adapté certaines règles de l’assurance soins de santé. Outre les médecins, les psychologues et orthopédagogues cliniciens, nos patients pourront à présent bénéficier de consultations vidéo avec d’autres prestataire de soins. »

Il s’agit des psychiatres, psychologues, dentistes, logopèdes, kinésithérapeutes, sages-femmes, diététiciens, ergothérapeutes et éducateurs en diabétologie.

Coût pour les patients

Le tarif pour des avis téléphoniques est de 20 euros mais le patient ne paie rien. Les prestataires de soins facturent directement à la mutualité via le régime du tiers payant.

Les consultations vidéo et téléphoniques sont facturées au même tarif qu’une consultation classique. Les prestataires de soins peuvent choisir d’appliquer le régime du tiers payant. Dans les deux cas, le prestataire de soins ne peut pas facturer des frais supplémentaires ou des suppléments au patient.

Rémunération prestataires de soin

Un nouveau mécanisme de rémunération pour les prestations à distance sans contact physique, a été établi en concertation avec les acteurs concernés.

Des questions ?

covid19@riziv-inami.fgov.be pour les prestataires de soins de santé ayant des questions sur les avis médicaux par téléphone et/ou le remboursement des soins dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 peuvent consulter le site.

Pour toute autre question : www.info-coronavirus.be, info-coronavirus@health.fgov.be ou 0800 14 689 de 8h à 20h. »

 

À lire sur le même sujet : « L’INAMI étudie ‘très sérieusement’ la demande demande des pédopsys de pouvoir téléconsulter »

Bébés et petits enfants malades : diagnostic à distance compliqué pour les pédiatres

Le confinement lié au Covid-19 pose un réel défi pour de nombreux soignants. Du côté des pédiatres, la difficulté se situe surtout au niveau des télé-consultations des bébés et des tout-petits, car les diagnostiquer à distance s’avère particulièrement fastidieux, voire impossible. 

« Chez les pédiatres, c’est plus difficile, explique, à la RTBF, Francine Lys, pédiatre à Watermael-Boitsfort. Une maman va nous dire que son enfant tousse. Qu’est-ce qu’il a vraiment ? Il a mal au ventre ? Il peut avoir une pneumonie. Un enfant pleure, il n’est pas bien, il a de la température ? Les oreilles, on ne peut pas les voir par téléphone et à 18 mois, ils ne disent pas ‘j’ai vraiment mal à l’oreille’ lors d’une otite. On doit davantage les voir » . Pourtant, accepter des consultations en ce moment est beaucoup plus risqué pour les pédiatres…

Réorganisation des cabinets pédiatriques

Ces difficultés obligent souvent les pédiatres à néanmoins recevoir ces enfants en bas âge dans leurs cabinets. Mais des précautions strictes doivent alors être prises. D’abord il faut faire en sorte de garantir un circuit aussi propre que possible lors des consultations privées. Ensuite, un matériel adéquat (blouse blanche, masque, lunette de protection en cas de Covid-19…) doit être porté et changé à chaque nouveau patient. Et c’est justement là que le bât blesse… « Je vois ici les mails de mon confrère qui assurera la garde ce week-end, il demande qui a des masques, du matériel, car on n’aura bientôt plus rien. Je sais qu’il y aura bientôt une arrivée de matériel et qu’un comité va établir des priorités. Ce ne sera sans doute pas nous mais nous sommes pas mal exposés également et nous ne voulons pas transmettre le germe d’un enfant à l’autre, c’est extrêmement important », explique la pédiatre interviewée par la RTBF.

Les bébés plus accablés par le coronavirus

S’ajoute à cela, selon une récente étude chinoise « à prendre avec des pincettes », que les bébés et les petits enfants sont généralement plus accablés par le coronavirus que les enfants plus âgés. Il est donc essentiel de pouvoir les diagnostiquer à temps… Dans un article du Vif concernant cette fameuse étude, on peut lire : « Les chercheurs ne savent pas pourquoi les enfants tombent moins malades du covid-19 que les adultes, ni pourquoi les bébés et les tout-petits sont plus malades que les enfants plus âgés. Ils estiment que cela peut être lié à leur système immunitaire qui n’a pas encore atteint sa pleine maturité ou à des voies respiratoires immatures. »

Confinement et manque de répit : réalité déjà quotidienne pour les parents d’enfants handicapés

Des numéros d’appels (SOS Parents, Allô ! Pédopsy…) ont récemment été mis à disposition des parents débordés par leurs enfants en cette période de confinement. Mais pour les parents d’enfants handicapés, cette réalité fait déjà partie de leur quotidien depuis de nombreuses années. Plusieurs mamans, soutenues par des papas, ont décidé de se faire entendre pour recevoir enfin de l’aide.

« Je peux concevoir que, durant ce confinement, des parents d’enfants neuro-typiques soient à bout de nerfs et qu’on leur octroie des numéros d’appel. Mais nous, parents d’enfants handicapés, vivons cela tous les jours et, pourtant, aucun numéro vert nous est dédié. Nous ne sommes pas des super-héros et avons également besoin d’aide depuis de très nombreuses années. » Voilà ce qu’affirme la maman de Gauthier, enfant autiste sévère de 7 ans, au sein d’une vidéo diffusée sur Facebook.

Sentiment d’injustice

Cette maman, criant visiblement à l’injustice, répond à une autre vidéo de Déborah Croughs Pacino, également maman d’un enfant autiste, qui est à présent considérée, en ces temps mouvementés, comme la « porte-voix » des parents d’enfants handicapés. Elle s’est fait remarquer dans une vidéo coup de poing où elle critique fortement le nouveau numéro d’appel SOS Parents. Ce qui a réellement fait bondir la jeune femme, ce sont les mots utilisés pour promouvoir l’initiative : « Vous ne savez plus gérer vos enfants ? Vous vous sentez épuisés ? Vous êtes à bout ? » Pour elle, c’est tout simplement aberrant, car cela fait douze ans qu’elle peut répondre ‘oui’ à l’ensemble de ces questions.

Elle a ensuite tenu à modérer ses propos dans un autre petit clip où elle admet que ce numéro n’est pas uniquement pour les parents d’enfants ordinaires, mais également pour eux, parents d’enfants extraordinaires. Elle espère d’ailleurs qu’il sera maintenu à l’avenir et qu’il soit élargi de manière plus explicite aux parents d’enfants handicapés.

Le confinement aggrave la situation

À cause du confinement, le quotidien des parents d’enfants handicapés est encore plus compliqué à gérer. Par exemple, pour Virginie Bataille-Tilmont, la maman de Gauthier évoquée au début de l’article, le fait de ne plus pouvoir faire de petits tours en voiture est un véritable problème, car c’est la seule activité qui apaise son fils…

Jean-Luc Duval, qui s’est exprimé dans un commentaire en dessous de la vidéo de Virginie, évoque un problème lié à la scolarité : « Ils ont mis en place ‘Ma classe à la maison’, mais bien sur cela ne fonctionne pas avec nos enfants, nous voila donc contraint en plus du reste car les prises en charge se sont aussi arrêtées, de faire le rôle d’enseignant. Cela reste une habitude d’être les oubliés. »

Pistes pour gérer, si possible, les situations de stress

Pour les enfants avec des pathologies plus légères telles que le TDA/H, une ergothérapeute propose quelques pistes pour gérer les situations de stress :

  • Continuer, sur avis d’un médecin, la posologie de l’enfant en tenant compte du rythme scolaire
  • Maintenir les heures de coucher/lever et de repas
  • Accorder encore plus d’importance aux routine quotidiennes
  • Maintenir, quand le handicap de l’enfant le permet, une activité sportive quotidienne
  • Parler de la situation actuelle avec l’enfant
  • Tenter, en tant que parent, de prendre soin de soi
  • Contrôler rigoureusement le temps d’écran de l’enfant
  • Aider l’enfant à s’endormir (réduire les sources de lumière, favoriser les activités qui permettent au corps de se préparer à dormir tel que lire un livre, écouter de la musique, discuter quelques minutes avec son enfant doucement dans la pénombre…)