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Les pédiatres unis contre la méningite : ils veulent l’enrayer d’ici 2030

À l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la méningite (5 octobre), l’Académie belge de pédiatrie (BAoP) a réuni, le 2 octobre dernier, des décideurs politiques, des experts et des témoins afin de sensibiliser le public à cette maladie et de souligner pourquoi la Belgique doit de toute urgence concrétiser le plan d’action de l’OMS « Vaincre la méningite d’ici 2030 ».

Le méningocoque provoque une maladie infectieuse rare qui peut avoir des conséquences importantes, voire mortelles, chez les nourrissons et les jeunes enfants. L’infection peut entraîner des méningites bactériennes et des septicémies, avec un impact considérable sur les patients et leurs familles. Les conséquences peuvent être dramatiques. Chaque cas est un cas de trop », précise la BAoP sur son site.

La méningite est une maladie redoutable, en particulier chez les enfants. La prévention par la vaccination et une vigilance accrue face aux premiers symptômes sont essentielles pour éviter des drames. La Journée mondiale de lutte contre la méningite et l’initiative de l’Organisation mondiale de la Santé « Vaincre la méningite d’ici 2030 » nous rappellent l’urgence d’agir pour protéger nos enfants et, à terme, éliminer cette menace. Cette initiative de l’OMS, lancée depuis déjà plusieurs années, vise à réduire de 50 % les cas de méningite bactérienne et à diminuer drastiquement les décès et les séquelles liées à cette maladie. La rencontre du 2 octobre, à laquelle l’équipe de Born in Brussels s’est rendue, avait pour but de faire le point sur les initiatives mises en place et de contribuer à la lutte. 

Une maladie particulièrement dangereuse pour les nourrissons

Chaque année en Belgique, plusieurs dizaines de jeunes enfants sont touchés par la méningite. Cette maladie inflammatoire des méninges – les membranes entourant le cerveau et la moelle épinière –, peut être d’origine virale ou bactérienne. La méningite bactérienne, plus rare mais plus sévère, peut entraîner des complications irréversibles comme la surdité, des troubles neurologiques ou, dans les cas les plus graves, un décès en seulement 24 heures. Les jeunes enfants, notamment ceux de moins de cinq ans, sont parmi les plus vulnérables à cette maladie. Leur système immunitaire encore immature les expose davantage aux infections graves. Les nourrissons peuvent présenter des symptômes atypiques, comme une irritabilité extrême, une perte d’appétit ou une fontanelle bombée, rendant le diagnostic parfois difficile.

Les moments forts du colloque

  • Le point de vue de la BAoP sur la politique de santé et l’équité en Belgique – Prof. Ann De Guchtenaere (UZ Gent – BAoP)

Il était question, dans cette première intervention, de rappeler que les droits de l’enfant doivent être à la base de tout. Il faut se battre pour l’équité entre tous les enfants ; quels que soient leur niveau social. Dans le cas de la méningite, certains vaccins ne sont pas remboursés et seuls les familles aisées peuvent donc en bénéficier. Il faut que cela change. Ni la Belgique, ni les Pays-Bas n’ont mis la souche B de la méningite dans leur calendrier vaccinal ; ce qui est une abbération quand on sait que des enfants peuvent en mourir. Les politiques doivent permettre un remboursement et faire enfin des efforts.

→ Lire les recommandations de la BAoP à ce sujet

  • Le plan d’action de l’OMS ‘Defeating Meningitis by 2030’ : Un engagement mondial et équitable – Prof. Marc Van Ranst (UZ Leuven)

Petite introduction, ensuite, sur le plan de l’OMS afin d’éradiquer la méningite d’ici 2030 et permettre de réduire les inégalités. Car la santé devrait être la même pour tous ; mais ça n’est pas le cas. Au sein d’une étude, on voit que la Belgique est dans le rouge ; ça n’évolue pas correctement. Déjà la moitié du chemin est parcouru par rapport au programme de l’OMS, mais il y a encore beaucoup à faire. Autant par la vaccination que par la prévention. Car on constate clairement que les communes les plus pauvres n’ont pas accès à certains vaccins à cause de leur prix trop élevé…

  • Focus sur la méningite : Perspective en matière de recherche et de données – Prof. Stefanie Desmet (KU Leuven) et Prof. Wesley Mattheus (Sciensano) : épidémiologie du pneumocoque en Belgique

Présentation plus médicale ensuite par ces deux épidémiologistes sur les différents pneumocoques et méningocoques. Leur conclusion était de dire que les cas augmentent depuis 2024, alors que c’était en constante baisse depuis 2014. Il faudrait donc introduire d’autres vaccins remboursés (surtout pour la souche B) afin de diminuer de 40% les cas chez les enfants.

  • Zoom sur la septicémie – Prof. Erika Vlieghe (UZ Antwerpen)

Explication ensuite du lien entre la septicémie et la méningite. Cette dernière est en fait un cas particulier de la septicémie qui touche le cerveau. Lorsque les organes sont hors de contrôle, il faut des soins intensifs. Malheureusement, une grande partie des patients ne s’en sortent pas. Ceux qui ont la chance de survivre sont quand même impactés dans leur qualité de vie ; principalement les enfants. En plus de ces coûts humains, les coûts financiers sont considérables pour l’Etat. Encore une raison pour les politiques de tenter d’enrayer cette maladie particulièrement dangereuse pour les jeunes enfants et les femmes enceintes.

  • Point de vue du Conseil Supérieur de la Santé – Prof. David Tuerlinckx (CHU UCL Namur – co-chair Vaccines CSS)

Du côté du Conseil Supérieur de la santé, les choses sont limpides : il faut changer le calendrier vaccinal de toute urgence. Le vaccin contre le méningocoque B doit absolument y être inclu et remboursé. Chez les adolescents, plus de 30% en sont porteurs et certains vont forcément le transmettre. Sauf s’ils sont vaccinés. C’est donc extrêmement important !

Le CSS insiste sur trois points en particulier :

– Que les souches C,W et Y figurent dans le calendrier vaccinal obligatoire des adolescents.

– Que le vaccin contre le méningocoque B soit enfin remboursé pour les enfants et ados.

– Que les personnes à hauts risques soient automatiquement remboursées pour l’ensemble des vaccins.

  • Témoignages de patients –  Sepsibel, ARTHUR forever asbl & les parents de Maurice

Voici l’un des trois témoignages du colloque. Celui de Kimberly, survivante et membre de SepsiBel (association de victimes de la méningite). Elle a trente ans, maman de deux enfants de 4 et 6 ans et vit depuis des années sans bras ni jambes à cause des conséquences d’une septicémie contractée dans son enfance. 

« Je suis une survivante d’une septicémie à méningocoques contractée en 1996. J’ai un jour eu de fortes douleurs et à l’hôpital, ils ont tardé à poser un diagnostic. Au bout de 12 longues heures, quand ils ont vu mes extrémités devenir noires, il était déjà trop tard et il a fallut amputer autant les membres supérieures qu’inférieurs. Je m’en suis sorite, mais j’ai dû vivre avec les conséquences, le fauteuil, les regards des enfants qui sont parfois cruels. Je suis aujourd’hui autonome avec deux enfants et c’est une grande victoire pour moi. J’ai encore quelques difficultés au quotidien, notamment pour chercher mes enfants à l’école, à cause du manque d’aménagement de la voirie. En plus, tous les cinq ans, je dois prouver que je suis toujours amputée pour continuer à recevoir mes allocations ; c’est complètement ridicule. J’espère qu’il y aura davantage d’attention apportée au plan septicémie et que le public puisse être davantage sensibilisé pour que plus personne n’ait à mourir ou subir les conséquences de cette terrible maladie. »

 

→ Plus d’informations sur la rencontre ou sur la BAoP : info@baop.be ou www.baop.be

Obésité infantile : UNICEF met en garde sur l’expansion mondiale de la malnutrition

UNICEF tire la sonnette d’alarme : la malbouffe est cette année la première forme de malnutrition chez les 5-19 ans dans le monde, devant la sous-alimentation. Pour ce faire, elle a publié il y a quelques jours un nouveau rapport interpellant, basé sur les données de 190 pays, intitulé « Alimenter les profits : Comment les environnements alimentaires compromettent l’avenir des enfants ». Il est vraisemblablement temps de réagir, pour l’avenir et la santé des enfants dans le monde.

{Communiqué de presse d’UNICEF}

Un enfant sur dix dans le monde souffre d’obésité, en partie à cause d’une exposition généralisée au marketing d’aliments ultra-transformés. Pour la première fois, l’obésité est devenue la forme de malnutrition la plus répandue dans le monde, touchant 188 millions d’enfants et d’adolescent·es en âge d’être scolarisé·es – soit 1 sur 10.

Un nouveau rapport interpellant

L’UNICEF publie aujourd’hui son nouveau rapport « Alimenter les profits : Comment les environnements alimentaires compromettent l’avenir des enfants », basé sur les données de 190 pays. Il révèle une inversion historique : depuis 2000, la proportion d’enfants (de 5 à 19 ans) en insuffisance pondérale est passée de 13 % à 9,2 %, tandis que l’obésité a triplé, atteignant 9,4 % (précédemment 3 %). Seules l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud échappent à cette tendance.

Coup d’œil outre atlantique

Les taux les plus élevés sont observés dans les pays insulaires du Pacifique. Toujours pour les enfants de 5 à 19 ans, Nioué enregistre un taux de 38 %, les Îles Cook un taux de 37 % et Nauru un taux de 33 %. Ces chiffres ont doublé depuis l’an 2000, en grande partie à cause de l’abandon des régimes alimentaires traditionnels au profit d’aliments importés, bon marché et très caloriques. Dans de nombreux pays à revenu élevé, l’obésité reste préoccupante : le Chili est concerné à hauteur de 27 % pour la même tranche d’âge. Quant aux États-Unis et aux Émirats arabes unis, le taux atteint 21 %.

Marketing alimentaire : un acteur majeur de la malnutrition

Les environnements alimentaires façonnent désormais les choix des enfants. Lors d’une enquête mondiale menée l’année dernière auprès de 64.000 jeunes, âgés de 13 à 24 ans dans plus de 170 pays, l’UNICEF démontre que 75 % des jeunes interrogé·es déclarent avoir vu des publicités pour des produits sucrés ou gras au cours de la semaine écoulée. 60 % affirment que ces publicités influencent leur consommation. À noter que même dans les zones de conflit, 68 % des jeunes se disent exposé·es à ce type de marketing.

L’obésité est un problème de plus en plus préoccupant qui peut avoir des répercussions sur la santé et le développement des enfants. Les aliments ultra-transformés remplacent les fruits, les légumes et les protéines à une période cruciale de leur croissance. Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF

Des conséquences graves

Les conséquences peuvent être désastreuses puisque l’obésité entraîne un risque plus élevé de développer de l’hypertension, ainsi que de contracter des maladies potentiellement mortelles. C’est notamment le cas du diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de certains cancers. Sans action, les conséquences économiques pourraient atteindre plus de 4 milliards de dollars par an à l’échelle mondiale d’ici 2035.

Le rapport met également l’accent sur des initiatives émergentes. À titre d’exemple, le Mexique interdit la vente d’aliments ultra-transformés dans les écoles publiques, améliorant ainsi l’alimentation de plus de 34 millions d’enfants.

Quelques chiffres nationaux

Les données relatives au surpoids et à l’obésité chez les enfants (de 5 à 19 ans) en Belgique révèlent une remarquable stabilité sur plus de deux décennies. En 2022, 21 % des enfants étaient en surpoids, soit un taux identique à celui observé en 2000.

Concernant l’obésité, une légère hausse a été enregistrée, passant de 6 % en 2000 à 7 % en 2022. Malgré cette augmentation modérée, la Belgique demeure en dessous de la moyenne européenne, où le taux d’obésité chez les enfants est passé de 5 % à 8 % sur la même période.

En Belgique, la proportion d’enfants en sous-poids est restée stable et s’élève à 2 %, contre 3 % au niveau européen.

L’UNICEF appelle à une mobilisation d’urgence

  • Réglementer l’étiquetage, le marketing et la fiscalité des produits alimentaires ;
  • Renforcer les initiatives sociales pour garantir l’accès à une alimentation saine ;
  • Interdire les produits ultra-transformés dans les écoles ;
  • Protéger les politiques publiques de l’influence des industries ;
  • Renforcer la protection sociale afin de permettre aux familles modestes d’accéder plus facilement à une alimentation saine.

 

 

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Semaine du cancer héréditaire : une première édition en Belgique

Du 29 septembre au 5 octobre – tout juste entre le mois du cancer de l’ovaire et celui du cancer du sein – se tient la première édition de la Semaine du cancer héréditaire. Il s’agit d’une initiative, lancée par l’asbl BRCA+Network et l’entreprise pharmaceutique AstraZeneca, qui vise à sensibiliser le grand public, informer les familles dites « à risques » vers des actes de prévention personnalisés et ainsi permettre à la prochaine génération d’être conscientisée sur les risques.

Les cancers héréditaires représentent entre 5 à 15% de l’ensemble des cancers liés à une mutation génétique transmise dans une même famille. En effet, tout individu dispose des gènes BRCA ; supresseurs de tumeurs et de certains cancers. Ils nous maintiennent en bonne santé mais lorsqu’ils mutent, cela peut aboutir au développement de certains cancers comme le cancer du sein, de l’ovaire ou encore de la prostate. L’association insiste sur le fait que si un enfant, un jeune hérite d’une mutation génétique, cela ne signifie pas qu’il va avoir un cancer mais qu’il existe un risque accru de développer un cancer au cours de sa vie. À l’instar d’autres pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis, l’association belge BRCA+Network organise une semaine du cancer héréditaire.

On ne transmet pas le cancer en tant que tel, mais bien un risque plus important d’en développer un. En Belgique, on peut proposer aujourd’hui un dépistage préimplantatoire, à savoir sélectionner un embryon qui n’est pas porteur de la mutation. Cela reste une procréation médicalement assistée, mais il est déjà rassurant de savoir que cette alternative existe. » Dr. t’Kint, Chef de la clinique d’oncogénétique à l’institut Jules Bordet et co-fondatrice de l’asbl BRCA + Network

Quelques mots sur l’association

BRCA+Network (abréviation de BReast CAncer, cancer du sein) est une ONG créée en 2024 par des patients et des professionnels. Elle informe les citoyens sur les prédispositions génétiques aux cancers du sein et de l’ovaire tout en défendant, sur le plan pratique et psychosocial (mais pas de soutien clinique ni médical), les droits des porteurs du gène BRCA+. L’association s’engage dans ses actions par le biais de valeurs essentielles comme l’équité et l’accessibilité des soins de santé, la diversité et l’inclusivité ainsi que les collaborations et l’empouvoirement (permettre aux personnes d’augmenter leur pouvoir d’agir sur leur environnement social, économique ou politique).

J’ai senti que mon histoire et celle de ma famille étaient celles de beaucoup d’autres. Je vis en Belgique depuis 5 ans et depuis mon arrivée, j’ai lutté pour trouver une communauté de soutien et une plateforme de référence pour les porteurs BRCA+ au niveau national. Il y a un besoin urgent en Belgique (et au-delà) de sensibiliser, de parler des tests génétiques, de la prévention, des nouvelles options de traitement, et de créer une communauté de soutien pour tous ceux qui ont une mutation BRCA ou similaire. L’échange d’informations et d’expériences peut sauver des vies.” Martina Fraioli, présidente et fondatrice

Des aides existent !

En plus de proposer un panel d’informations en français, néerlandais et en anglais, l’asbl a développé un onglet intitulé « trouver du soutien ». Pour les personnes porteuses du gène BRCA1, BRCA2 ou d’autres gènes, l’association propose plusieurs aides :

  • Une Helpline : obtenir des informations pratiques et administratives concernant un test génétique, les étapes qui suivent le test, le dépistage, les interventions chirurgicales,etc.
  • Échanger avec un Buddy (connaisseur du BRCA) : une aide amicale, un soutien et des encouragements car ‘Le partage d’astuces, de conseils, d’expériences et d’histoires personnelles est essentiel pour faire face à une telle prédisposition“.
  • Un groupe de soutien en ligne : forum de partage et d’échange d’informations, d’expériences et de connaissances disponibles à toutes les personnes présentant un risque héréditaire de cancer du sein et/ou de l’ovaire et vivant en Belgique.
  • Des témoignages : des histoires de femmes et d’hommes ayant une prédisposition génétique au cancer du sein et/ou de l’ovaire et vivant en Belgique.

Une association, c’est avant tout ses membres ! Plus on est nombreux, plus on a de poids pour défendre nos droits et faire entendre nos besoins. Devenir membre, c’est faire partie d’une communauté, d’un groupe de personnes qui partagent les mêmes défis, les mêmes espoirs et la même motivation pour faire avancer les choses et se soutenir mutuellement. » BRCA + Network asbl

S’engager pour aider les autres

L’association permet à tout un chacun de s’impliquer en devenant membre. Voici cinq bonnes raisons de rejoindre l’asbl : « Rejoignez une communauté bienveillante et engagée, profitez d’activités et d’événements exclusifs réservés aux membres, faites entendre votre voix auprès des décideurs, connectez-vous avec d’autres membres et bénéficiez d’un solide réseau de soutien ou encore contribuez à sensibiliser et à faire avancer notre mission ». Une fois membre, plusieurs options sont possibles : devenir ambassadeur, buddy, s’engager en tant que bénévole dans un autre rôle ou encore partager sa propre histoire.

→ Pour plus d’informations : S’engager – BRCA+ Network

→ Pour en savoir plus sur la semaine du cancer héréditaire : BRCA+ Network

 

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Extrascolaire : 16 projets en faveur d’enfants en situation de vulnérabilité

Un récent appel à projets a été lancé par le Fonds Jacqueline Cigrang visant à soutenir les partenariats entre écoles et opérateurs de l’extrascolaire ; l’accueil temps libre (ATL), les associations, les fédérations, les services d’accompagnement, les administrations communales ou encore les opérateurs des secteurs de l’enfance et du handicap. Depuis, 16 projets, en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre, ont été sélectionnés et démarreront dans le courant de la rentrée scolaire. L’objectif ? Contribuer au bien-être physique, psychique et intellectuel des enfants de 2,5 à 12 ans, confrontés à la précarité socio-économique, à un isolement géographique ou ayant des besoins spécifiques, en développant des activités extrascolaires et de soutien scolaire inclusives.

{Communiqué de presse de la Fondation Roi Baudouin}

À l’heure où les enfants se préparent à retrouver le chemin de l’école, le Fonds Jacqueline Cigrang, géré par la Fondation Roi Baudouin, apporte son soutien à 16 initiatives qui favorisent l’épanouissement d’enfants en situation de vulnérabilité par le biais d’activités extrascolaires. Un montant total de plus de 1,3 million d’euros est attribué à ces projets, qui débuteront à la rentrée scolaire 2025-2026 et s’étaleront sur trois années consécutives.

« Un puissant levier d’inclusion »

Les activités extrascolaires – qu’elles soient culturelles, sportives, éducatives ou récréatives –  jouent un rôle essentiel dans le développement et l’épanouissement des enfants. Elles nourrissent leur curiosité, révèlent leurs talents, renforcent leur confiance en eux et élargissent leurs horizons. Pour les enfants en situation de vulnérabilité, particulièrement, elles représentent aussi un puissant levier d’inclusion.

Un appel à projets centré sur les partenariats écoles–acteurs de l’extrascolaire

Dans le prolongement des conclusions formulées par la Fondation Roi Baudouin et le Fonds Baillet Latour dans le cadre du programme ‘L’extrascolaire au cœur de l’intégration’, le Fonds Jacqueline Cigrang a lancé, pour la première fois, un appel à projets destiné à encourager la mise en place de partenariats solides entre écoles et opérateurs de l’extrascolaire (accueil temps libre, associations…). L’objectif : développer des activités extrascolaires et/ou de soutien scolaire inclusives, accessibles financièrement et géographiquement, contribuant au bien-être physique, psychique et intellectuel des enfants de 2,5 à 12 ans – qu’ils soient confrontés à la précarité socio-économique, à un isolement géographique ou ayant des besoins spécifiques.

16 projets soutenus en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre

Un jury indépendant a sélectionné 16 initiatives : cinq en Wallonie, quatre à Bruxelles et sept en Flandre. Chaque projet bénéficie d’un soutien financier sur trois années scolaires (2025-2028), ainsi que d’un accompagnement individuel et collectif. Un rapport final sera en outre diffusé à l’ensemble des acteurs de l’extrascolaire afin de partager les pratiques inspirantes identifiées.

Vous trouverez ici la liste des 16 projets, accompagnés d’une brève description et de coordonnées de contact. En voici quelques exemples :

  • À Etterbeek, l’asbl Urban Step organise les ateliers ‘Français Ludique Amusant’ pour des enfants de 2,5 à 12 ans, en particulier ceux en DASPA (Dispositif d’Accueil et de Scolarisation des Primo-Arrivants et Assimilés) et en FLA (Français Langue d’Apprentissage). Par des activités ludiques et inclusives, les enfants renforcent leur maîtrise du français, leur intégration et leur adaptation à la culture scolaire.
  • À Forest, l’asbl RecyKlopper propose ‘Abracabrico’, des ateliers de bricolage bois-métal axés sur la récupération, destinés à des enfants issus de quartiers fragilisés. Ils conçoivent et fabriquent des objets utiles, dans une approche collaborative. Le projet stimule la créativité, favorise l’autonomie et sensibilise à un mode de vie durable.
  • À Oupeye – Haccourt, l’asbl Racynes développe ‘Les petits fermiers du savoir’, un accueil extrascolaire axé sur la nature, l’écologie et l’inclusion. Les enfants des écoles locales rejoignent une ferme à pied, où ils participent à des ateliers en plein air : jardinage, bricolage écologique et découverte de la biodiversité. Le projet favorise l’éveil, la solidarité et le lien à la nature.
  • À Chimay – Bourlers, l’asbl La Clairière met en place un programme extrascolaire pour les enfants hébergés au sein de son refuge pour femmes victimes de violences conjugales. Des activités récréatives sont organisées après 16h, les mercredis après-midi et les week-ends, avec une animatrice dédiée. Le projet vise à offrir des moments d’épanouissement, malgré les contraintes liées au contexte rural et confidentiel.
  • À Gand, l’asbl Zing mee propose ‘Open muziekhuis Rabot’, des ateliers musicaux gratuits pour enfants en situation de vulnérabilité. Ils découvrent la musique à travers le chant, la pratique d’un instrument et l’enregistrement en studio. Le projet favorise l’expression de soi, la créativité et la confiance.
  • À Sint-Amandsberg, l’asbl Futsal Gent propose ‘Sporteldorado’, des activités sportives extrascolaires dans les écoles et les espaces publics de quartiers fragilisés. En collaboration avec les écoles et acteurs locaux, le projet favorise la santé, l’intégration sociale et le développement global d’enfants en situation de vulnérabilité.

Ces projets illustrent la richesse et la diversité des approches possibles pour offrir à tous les enfants des opportunités de se développer et de s’épanouir au-delà du cadre scolaire. En s’appuyant sur des partenariats solides entre écoles et acteurs de terrain, l’extrascolaire devient un véritable moteur d’inclusion, de bien-être et d’égalité des chances. FRB

→ Liste des autres projets sélectionnés : Fonds Jacqueline Cigrang 2025

→ Pour plus d’infos : Cathy Verbyst : verbyst.c@kbs-frb.be  ou +32 25490278

 

 

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Santé mentale et intelligence artificielle : les ados en danger ?

Un phénomène massif se répand chez les jeunes Américains : les “compagnons IA”. Ces amis virtuels disponibles 24h/24 séduisent près de trois adolescents sur quatre, selon une récente étude. Mais des experts alertent sur les risques psychologiques et sociaux que ces relations artificielles font peser sur les mineurs.

Selon cette étude publiée en juillet dernier par l’ONG Common Sense Media (aux USA), 72 % des adolescents américains de 13 à 17 ans ont déjà eu recours à un « compagnon IA » (ou ami virtuel). Plus de la moitié se confie à lui régulièrement, et environ un sur huit lui parle chaque jour. 

Lire l’étude complète de Common Sense Media (en anglais)

Une pratique généralisée

Selon l’ONG, ces outils – proposés par des plateformes comme ChatGPT, Character.AI, Replika ou Nomi – permettent de créer un interlocuteur numérique doté d’un prénom, d’une personnalité, parfois même d’une voix. Les adolescents s’en servent pour discuter, s’entraîner à certaines conversations, demander du soutien moral ou encore entretenir des échanges romantiques.

Avec l’IA, on a toujours raison, on est toujours intéressant », raconte Ganesh, 18 ans, à l’Associated Press. Sa camarade Kayla, 15 ans, confie quant à elle demander des conseils à ChatGPT pour préparer son anniversaire ou écrire un message sensible, tout en reconnaissant que « parfois, il prend trop de place » dans sa vie.

Soutien… ou dépendance ?

Un tiers des adolescents interrogés disent avoir préféré parler à une IA plutôt qu’à un humain lors de conversations sérieuses. Un quart reconnaît même avoir partagé des informations personnelles avec ces plateformes. Si certains y trouvent une oreille attentive, d’autres commencent à développer un lien d’attachement. « L’intimité artificielle répond à un besoin humain universel de lien, mais elle risque d’affaiblir les relations réelles », prévient le chercheur australien Rob Brooks au sein de son livre Articfial Intimacy. 

Des dérives inquiétantes

L’ONG Common Sense Media met en garde contre les effets pervers de ces outils. Dans son étude, elle pointe :

  • La validation systématique des propos des utilisateurs, qui empêche le développement de l’esprit critique,
  • La possibilité d’être exposé à des contenus sexuels, stéréotypés ou dangereux.
  • Le risque d’attachement excessif, déjà lié à des drames.

En 2023, un adolescent de 14 ans s’était donné la mort après avoir développé une relation de dépendance avec un chatbot. Plus récemment, une enquête du Washington Post a révélé que le chatbot intégré à Instagram avait pu aider des comptes adolescents à planifier leur suicide, sans que les parents puissent désactiver la fonction.

Vers une régulation ?

Face à ces dérives, Common Sense Media recommande d’interdire l’accès aux compagnons IA aux moins de 18 ans, en attendant de véritables garde-fous. L’ONG appelle aussi les entreprises à renforcer la vérification de l’âge, à modérer plus strictement les contenus et à concevoir leurs outils avec la sécurité des mineurs en priorité. La pression politique monte : plusieurs familles endeuillées ont engagé des procès contre OpenAI et Character.AI, accusés d’avoir fourni des conseils mortels. Aux États-Unis, 44 procureurs généraux ont demandé de réguler strictement ces technologies, tandis qu’une pétition exige que Meta bloque ses chatbots pour les adolescents.

Une question qui arrive en Europe

Le phénomène reste encore limité en Europe, mais pourrait s’y diffuser avec la généralisation des applications d’IA. Les parents se retrouvent face à un dilemme inédit : interdire, surveiller ou accompagner ces nouvelles pratiques numériques ?

Il ne s’agit pas de céder à la panique, mais de prendre des précautions, insiste l’ONG. Car derrière l’illusion d’un ami fidèle disponible à toute heure, il ne faut pas oublier que ces compagnons ne sont que des lignes de code, sans émotions ni conscience. »

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