Depuis le début de l’année scolaire, il est désormais gratuit pour les CPMS (Centre psycho-médico-social) d’organiser des séances avec des psychologues et des orthopédagogues cliniciens conventionnés, à condition d’avoir signé une convention avec un Réseau de soins en santé mentale. C’est le Comité de l’assurance de l’INAMI qui vient d’approuver cette initiative du ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, Frank Vandenbroucke.
Ces séances peuvent avoir lieu à l’école, dans un internat ou dans un local du CPMS. Ceux qui souhaitent recourir à cette possibilité décident eux-mêmes pour quels besoins et de quelle manière ils utiliseront au mieux cette offre. « Quand on voit que de plus en plus d’enfants et d’adolescents rencontrent des problèmes psychologiques, il est d’autant plus important de faire en sorte qu’il soit possible d’en discuter dès le plus jeune âge et de réagir le plus tôt possible. C’est donc le cœur de ma réforme en matière de soins de santé mentale. Entre-temps, nous constatons que les CPMS prennent cette tâche à cœur et c’est formidable. C’est la raison pour laquelle nous les soutenons pleinement dans cette démarche en supprimant aussi le ticket modérateur pour les séances que les CPMS organisent et en les rendant désormais gratuites », indique Frank Vandenbroucke dans un communiqué.
Concrètement, qu’est-ce qui change ?
Jusqu’à présent, les CPMS organisaient déjà – en collaboration avec le Réseau de soins en santé mentale de leur région – des séances collectives de soutien dans les écoles, pour renforcer la résilience générale des enfants et des adolescents. Ces séances collectives étaient déjà gratuites. Mais d’après l’expérience des CPMS sur le terrain, cela ne suffit pas pour tous les enfants et adolescents. Car certains enfants et adolescents ont besoin d’un accompagnement supplémentaire : individuellement ou en petits groupes. Mais pour ça il fallait que soit l’enfant aille « voir ailleurs », soit que le CPMS ou l’école paie la facture s’il s’agissait de faire appel à un psychologue conventionné. Dans la pratique, les CPMS ont surtout vécu la réorientation comme un obstacle pour l’enfant ou l’adolescent (crainte), mais aussi le fait d’organiser eux-mêmes les séances – et donc, le ticket modérateur à payer – comme un obstacle financier.
C’est pourquoi le ministre Frank Vandenbroucke a décidé de renforcer encore cette offre à l’école, à l’internat ou dans un local du CPMS lui-même, pour les CPMS qui ont signé une convention avec leur Réseau de soins en santé mentale : à partir de cette année scolaire, le ticket modérateur pour les CPMS – respectivement de 11 ou 4 euros pour une séance individuelle avec un psychologue/un orthopédagogue conventionné et de 2,5 euros par séance à partir d’au moins 4 participants avec un psychologue/un orthopédagogue conventionné – est totalement supprimé. Les CPMS qui souhaitent recourir à cette possibilité décident eux-mêmes pour quels besoins et de quelle manière ils utiliseront au mieux cette offre.
« Nous renforçons le rôle important des CPMS dans cette réforme »
Frank Vandenbroucke : « De cette manière, nous renforçons le rôle important des CPMS dans cette réforme et nous répondons aussi à leur demande. En rendant complètement gratuites pour les CPMS ces séances qu’ils organisent eux-mêmes, nous supprimons également un dernier obstacle financier. Mais, ce qui est encore beaucoup plus important : nous créons un environnement familier pour un enfant ou un adolescent afin de mener ces entretiens souvent difficiles. Ce qui peut faire un monde de différence pour celles et ceux qui se trouvent dans une situation vulnérable à domicile. C’est très important pour faire en sorte qu’il soit possible de discuter de problèmes mentaux dès le plus jeune âge et de réagir le plus tôt possible. C’est donc le cœur de ma réforme en matière de soins de santé mentale. Nous constatons que les CPMS prennent cette tâche à cœur et c’est formidable. C’est la raison pour laquelle nous les soutenons pleinement dans cette démarche en supprimant aussi le ticket modérateur pour les séances que les CPMS organisent et en les rendant désormais gratuites. »
Une réforme de la santé mentale qui porte ses fruits
Des soins psychologiques plus rapides et plus proches des citoyens afin d’éviter les problèmes psychologiques de longue durée : c’est une priorité absolue pour le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke. C’est pourquoi, il y a deux ans, il a mis sur les rails une grande réforme pour rendre les soins de santé mentale accessibles et financièrement abordables. En juillet 2023, un rapport des professeurs Ronny Bruffaerts (KULeuven) et Fabienne Glowacz (ULiège) a montré que cette réforme a initié un changement systémique et commence à porter ses fruits. Frank Vandenbroucke : « Nous avons déjà fait des progrès, mais maintenant, il est très important de continuer à renforcer nos efforts pour ancrer cette réforme dans notre paysage de soins et pour veiller à ce que les citoyens – en particulier nos enfants et nos adolescents – soient aidés plus rapidement lorsqu’ils ont besoin d’un soutien psychologique. C’est pour cette raison qu’il est si important que les CPMS (Centres psycho-médico-sociaux) eux-mêmes puissent faire le pas vers les enfants et les adolescents. »
L’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) s’est penché sur la question de l’effet des écrans sur les enfants et a publié son rapport dans la revue Journal of Child Psychology and Psychiatry. L’étude a suivi près de 14.000 enfants durant plusieurs années et a permis d’établir des conclusions qui relativisent les problèmes causés par l’utilisation des écrans.
Le facteur clé avancé dans cette étude : l’importance de prendre également en compte le contexte dans lequel l’enfant regarde son écran.
Que dit l’étude ?
Pour mener à bien son étude, les auteurs de l’Inserm ont porté leur attention sur des enfants selon trois tranches d’âge : deux ans, trois ans et demi et cinq ans et demi. Il est observé que pour les 3,5 et les 5,5 ans, le développement cognitif (motricité fine, langage et autonomie en particulier) est impacté par le temps d’exposition aux écrans. Malgré ce constat, l’organisme observe que ce n’est pas uniquement l’écran qui impacte le développement de l’enfant, mais qu’il faut aussi prendre en considération le moment choisi et la façon dont l’écran va être utilisé. À titre d’exemple, autant les adultes que les enfants font souvent usage d’un écran avant le coucher, alors que c’est pourtant vivement déconseillé, notamment à cause des insomnies que cela peut provoquer.
Rassurant, mais à surveiller de près
Début 2023, Hospichild partageait les résultats d’une étude française qui démontrait l’augmentation manifeste du temps passé par les enfants devant les écrans. À l’heure actuelle, il est en effet difficile pour un enfant de ne pas être totalement happé par cet objet omniprésent dans nos foyers. Que ce soit via les smartphones de ses parents, les jeux en ligne d’un grand-frère ou encore la télévision diffusée à la crèche ou à l’école, l’enfant ne peut plus vraiment y échapper. Mais la bonne nouvelle, c’est que cet usage constant peut certainement être régulé par un cadre et un contexte qui n’inciterait pas à une trop grande exposition journalière. »
« Le contexte d’utilisation des écrans jouerait un rôle important »
Comme le démontre cette dernière étude menée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, il est bien sûr important de prendre en considération les recommandations sur le sujet (notamment de ne pas exposer les enfants de moins de trois ans aux écrans si certaines conditions ne sont pas réunies, comme la présence d’un adulte, ou une forme d’interactivité). Il faut aussi relativiser les risques d’une surexposition, qui ne proviendraient pas uniquement du temps passé par l’enfant sur l’écran, mais également d’un environnement trop favorable ou encourageant. Dans un communiqué, Jonathan Bernard de l’Inserm insiste : « Le contexte d’utilisation des écrans jouerait un rôle important, sans doute plus que seul le temps passé devant les écrans. »
Les problèmes de santé mentale touchent une part importante des Bruxellois.es : 12.9% présentent des symptômes d’anxiété et 12.6% des signes de dépression. Une part non négligeable de personnes ayant besoin de soins de santé mentale n’en reçoivent pourtant pas. En lançant une campagne axée sur la déstigmatisation des problèmes de santé mentale, la COCOM appelle les personnes concernées à parler et à consulter, afin de mieux vivre avec ces problèmes.
{Communiqué de presse de la COCOM}
Si les problèmes de santé mentale ont été largement abordés pendant la crise sanitaire de 2020, ceux-ci restent bien présents dans la vie quotidienne de nombreux Bruxellois.es. La dernière enquête Belhealth de Sciensano, menée au mois de juin 2023, montre le nombre important de participants qui rapportent des symptômes d’anxiété ou de dépression, lesquels constituent les troubles de santé mentale le plus communs : 12.9% des participants expriment des symptômes d’anxiété et 12.6 % des symptômes de dépression.
Près de la moitié ne demandent pas d’aide
L’enquête met également en lumière la proportion de personnes qui déclarent ne pas être prises en charge : ainsi, 30% des participants bruxellois disent avoir besoin de soutien, parmi lesquels 45% expliquent ne pas en avoir reçu. Les raisons invoquées sont notamment le manque de temps (36%) ou le fait de ne pas oser franchir le pas (31%). « Cette situation est préoccupante », souligne Luc Detavernier, administrateur délégué de la Plateforme pour la Santé Mentale à Bruxelles. “Quand on compare avec la période 2018-2022, on constate que de nombreux éléments supplémentaires influencent l’état de santé mentale des citoyens : il y a eu la guerre en Ukraine, la crise liée à l’énergie en automne. Autant d’éléments qui, ajoutés les uns aux autres, participent de cette situation. On le voit, nos concitoyens tardent beaucoup trop à demander une prise en charge. Il est donc important de déstigmatiser le fait d’aller voir quelqu’un : oser en parler, ne plus avoir peur de partager ses problèmes. » Les problèmes de santé mentale entraînent aussi des conséquences dans le domaine du travail : en 2021, ils représentaient 44% des cas d’invalidité chez les salariés bruxellois, la première cause d’invalidité devant les troubles musculo-squelettiques (mal de dos etc.).
En parler, c’est mieux pour aller mieux
“En lançant une campagne de sensibilisation, en partenariat avec Psybru, un site internet qui permet aux citoyens de trouver aisément un psychologue de 1ère ligne dans leur commune, la COCOM souhaite encourager les Bruxellois à s’exprimer, à oser partager leur mal-être. En parler autour de soi, avec ses proches, contacter sa ou son médecin généraliste, un.e psychologue peut constituer une étape déterminante pour aller mieux. Se faire assister pour un problème de santé mentale permet de « vivre avec », explique Nathalie Noël, fonctionnaire dirigeante l’administration de la Cocom. “Il est également important de sensibiliser l’entourage de ceux qui souffrent. Ils sont les premiers à repérer une difficulté. Et une intervention précoce peut faire toute la différence”. Cette campagne s’inscrit dans le cadre plus global de la convention de soins psychologiques de première ligne (PPL) initiée et soutenue par le Ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, le SPF Santé publique et l’INAMI.
Les Docteurs Zinzins sont des clowns professionnels qui se relaient au chevet des enfants hospitalisés depuis 1992, principalement à l’Hôpital des Enfants. Cette année, ils ont décidé de fêter leurs 30 ans en proposant un spectacle haut en couleur qui a eu lieu le 26 septembre. L’équipe d’Hospichild a également tenu à les mettre à l’honneur et est allée à leur rencontre, au sein même de l’hôpital. Reportage aux côtés de Aglagla et Gogo, deux clowns hospitaliers.
Gogo et Aglagla, deux clowns en hôpital, membres des Docteurs Zinzins
Il est important, avant toute chose, de mettre en avant les objectifs de la compagnie des Docteurs Zinzins :
Améliorer la qualité de vie des enfants pendant leur séjour à l’hôpital, de les accompagner au cours de moments difficiles.
Contribuer à la dédramatisation du milieu hospitalier en y introduisant fantaisie et humour.
Offrir aux familles et aux soignants des moments de détente et de distraction afin de porter un regard différent sur l’enfant hospitalisé.
Former des artistes professionnels à la spécificité de l’intervention en milieux hospitaliers.
TRENTE ANNÉES AU CHEVET DES ENFANTS HOSPITALISÉS, ENTRE « HUMOUR ET FANTAISIE »
Pour tenter de dresser un bilan des trente années d’existence de l’asbl, le Professeur Philippe Goyens, Président des Amis de l’HUDERF – KIDS’ Care (soutien historique des clowns), et Barbara Roman, coordinatrice des Docteurs Zinzins, sont les premiers à répondre à nos questions. Ce sera ensuite au tour des clowns eux-mêmes de nous révéler leurs secrets et de nous emmener avec eux au cœur de leur pratique auprès des enfants malades.
Les Docteurs Zinzins font partie des murs de l’Hôpital des Enfants
Parmi les soutiens inconditionnels apportés aux Docteurs Zinzins depuis plus de 30 ans, il y a bien entendu Kid’s Care, anciennement appelé « Les Amis de l’Huderf », qui est la « Human Touch » de l’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola. Comme nous le rappelle le Professeur Goyens, depuis 1991, l’association œuvre bénévolement à « l’amélioration de la qualité de vie de l’enfant maladeet tente de contribuer à son bien-être par le biais de très nombreuses initiatives. » L’une d’entre elles, et la plus ancienne, est le soutien à la fois symbolique et financier aux Docteurs Zinzins. Par exemple, l’association pousse depuis des années auprès de l’hôpital pour que le personnel informe davantage les enfants et parents sur les visites Docteurs Zinzins. « S’ils venaient à disparaître, prévient le Pr. Goyens, certains enfants pourraient se sentir orphelins. Et il n’est plus à prouver qu’en oncologie notamment, les clowns jouent un rôle crucial sur leur humeur et leur positivité face à la maladie. »
« Malgré sa maladie, un enfant reste un enfant et son bien-être, autant que son épanouissement, restent essentiels »
Le Pr. Goyens ajoute : « Malgré sa maladie, un enfant reste un enfant et son bien-être, autant que son épanouissement, restent essentiels. Nous organisons ainsi des activités d’humanisation pour, en effet, redonner le sourire à ces enfants (aquariums, maternelle thérapeutique…). Les clowns aident énormément à cela et font désormais partie des murs, si je puis dire. Leur présence est également devenue essentielle au bien-être du personnel soignant ou pour celui des parents. »
Professeur Philippe Goyens, Président des Amis de l’HUDERF – KIDS’ Care (soutien historique des clowns), et Barbara Roman, coordinatrice des Docteurs Zinzins
« Les clowns sont avant tout des artistes et non pas des thérapeutes »
Barbara Roman, coordinatrice des Docteurs Zinzins, fait partie de la compagnie depuis 8 ans. Selon elle, depuis ce moment-là, environ 8.000 visites par an sont offertes à l’Huderf par les Docteurs Zinzins (qui sont, on le rappelle, des professionnels rémunérés pour leur travail). « Une relation de confiance s’est tissée petit à petit avec le personnel soignant et ne cesse d’évoluer positivement, souligne-t-elle. Nous sommes de plus en plus considérés comme des collaborateurs et sommes même parfois invités à des colloques, à contribuer pour des formations de soignants… où nous réfléchissons l’art qui prend soin ; vecteur de mieux être. Ce qu’il faut préciser également, c’est que nous nous situons plutôt du côté des interventions artistiques, car les clowns sont avant tout des artistes et non pas des thérapeutes. » Ce qui ne les empêche pas de se former en continu sur les bons gestes d’hygiène à l’hôpital, sur la fin de vie, les soins palliatifs…
Un drôle de métier de mieux en mieux considéré
À la question de l’évolution de la relation des clowns avec le personnel soignant ou avec les parents et enfants, Barbara explique : « Sur ces 30 années, la collaboration avec les soignants s’est renforcée. On se connaît mieux et on est dans la reconnaissance mutuelle de ce que chacun apporte à la prise en charge multidisciplinaire de l’enfant. Du côté des enfants, ce qui a changé, c’est la technologie. Avant, ils lisaient des livres ou écoutaient de la musique, alors que maintenant la plupart sont sur leurs tablettes ; ce qui peut parfois les rendre moins accessibles ou moins enclins à nous accorder une pleine attention. Alors, c’est à nous de ruser et de jouer aussi avec ça pour les happer et les intéresser. »
« Sur ces 30 années, la collaboration avec les soignants s’est renforcée »
Un autre aspect évoqué autant par Barbara, que, plus tard, par Aglagla, est l’évolution dans le jeu. Avant, beaucoup d’accessoires, comme des cartes ou des objets divers, étaient utilisés. À présent, c’est plutôt le jeu et l’improvisation qui priment et les clowns se sentent plus libres de rebondir aux situations de l’instant. Les instruments de musique sont aussi privilégiés et bienvenus. « La musique offre souvent de magnifiques moments d’émotions et de partage », insiste la coordinatrice.
Les clowns aussi à domicile dans des situations palliatives longues
Depuis 2018, en collaboration avec le service Globul’Home (service de liaison dans le cadre des soins palliatifs à domicile), les clowns se rendent au domicile des enfants en soins palliatifs. Carabistouille et Zinzin (fondateurs des Docteurs Zinzins) se rendent chez des enfants en fin de vie ou dans des situations palliatives longues. Souvent, toute la famille est présente et c’est une petite fête sur mesure qui se partage. Souvent, comme le fait remarquer Barbara Roman, ces visites durent bien plus longtemps que les 45 minutes initialement prévues. « C’est toujours beaucoup plus long, tant la joie et le plaisir sont au rendez-vous. Au domicile, l’impact est très fort parce qu’on se rend dans l’intimité de l’enfant et de sa famille », conclut-elle.
« Au domicile, l’impact est très fort parce qu’on se rend dans l’intimité de l’enfant et de sa famille »
Un spectacle pour les 30 ans de l’association, pour démystifier le métier
« Le Nez dans l’Hô(pital), comme on peut lire sur le site de l’événement, c’est l’histoire de deux clowns qui pointent leur nez, leur sourire, leur désir de rencontre, leur délire dans un service de pédiatrie. C’est aussi l’histoire de regards, de moments, de vie. C’est surtout l’histoire d’enfants, de parents, de soignants. C’est la vie, dans tous ses éclats…de rires. C’est la vie où qu’elle soit, quel que soit le moment ! Juste la vie à l’instant présent ! » Il s’agit d’une représentation donnée par la compagnie française Les clowns de l’Espoir qui ont créé ce spectacle dans le but de mieux faire connaître le métier de clown à l’hôpital et l’éclairer. Ce spectacle à ne pas rater, en l’honneur des 30 ans d’existence de l’association est un bel hommage à la profession ; à partager avec nous le 26 septembre prochain.
Immersion touchante dans un service pédiatrique avec Gogo et Aglagla
Après la théorie, la pratique. Deux Docteurs Zinzins, Gogo (Gordon) et Aglagla (Sophie), viennent nous chercher dans leur accoutrement coloré. Ils nous emmènent au cœur de leur pratique, dans les couloirs de l’hôpital ou dans les chambres aseptisées de quelques enfants qui se battent chaque jour pour leur survie. Les clowns arrêtent le temps et leur offrent un moment de répit, de rire, d’évasion.
Unité de Néphrologie, cinquième étage. Gogo et Aglagla s’avancent d’un pas décidé dans le couloir, à la rencontre des petits patients hospitalisés. Les deux clowns se démarquent par leurs nez rouges, leurs vêtements bariolés et colorés et leur drôle de dégaine. Pas besoin d’aller bien loin pour croiser la petite Safia et sa maman qui sont sur le départ. Elles marquent une pause, tout sourire, manifestement ravies de cette rencontre inhabituelle. « Tu veux un ballon ? », demande Gogo à la petite fille qui acquiesce, les yeux brillants. Mais le ballon s’échappe et Aglagla s’en empare en faisant mine qu’elle ne veut pas lui rendre. Un jeu de passes loufoque s’enchaîne et Safia rit à gorge déployée. Son rire est contagieux, magique, donnant le sourire à tout le couloir ; y compris au personnel soignant.
Interloqué, un petit garçon blond passe sa tête par l’embrasure de la porte de sa chambre. Il est accueilli en musique par le Ukulélé de Gogo et la petite trompette d’Aglagla. Le petit garçon gratte légèrement les cordes de l’instrument et tous l’applaudissent, impressionnés : « Tu as composé toi-même cette musique ? Quelle beauté, quelle merveille, bravo ! », s’écrie Gogo.
Le groupe s’assied par terre, au milieu du couloir, pour jouer, pour que les grands soient au même niveau que les petits. Ils bloquent le passage et les soignants doivent les enjamber. La situation est cocasse, inhabituelle, et ça fait du bien aux enfants. L’espace d’un instant, ils oublient leur chambre, leur maladie, leur problème. Ils sont légers comme les ballons qui s’envolent au-dessus des têtes.
Safia et sa maman s’en vont, chargées de grosses valises. Peut-être que la petite est sortie d’affaire, que, pour elle, le parcours parfois si perturbant de l’hospitalisation est enfin terminé. Alors une haie d’honneur se forme et tous les accompagnent vers la sortie, leur disant au revoir avec de grands gestes, jusqu’à la fermeture de la porte.
Rouages et secrets d’un métier drôlement sérieux
Direction finalement une pièce adjacente, la salle de détente pour le personnel hospitalier, pour découvrir qui se cache derrière les nez rouges ; pour comprendre les rouages et les secrets de ce métier “drôlement sérieux”. Interview avec Gordon (Gogo) et Sophie (Aglagla).
Gordon, Sophie, comment on se sent après deux heures intensives dans la peau d’un personnage ?
A : Je dirais que ça dépend de comment ça se passe ; si on a eu l’impression d’avoir bien fait son travail, d’être entré en connexion, dans le jeu, dans le partage… Je suis toujours contente de l’expérience vécue, mais c’est vrai qu’il y a certaines fins de matinées où je suis plus remplie, avec la sensation d’avoir ouvert des espaces. Quoi qu’il en soit, on est là pour être au service et s’ajuster à chaque enfant, donc s’il faut parfois simplement rester sans rien dire sur le pas de la porte, c’est bien aussi.
« Parfois, par les jeux qui se jouent, des émotions se libèrent ; ça se débloque, ça nous échappe, et c’est ça qui est beau »
G : Ce matin, en particulier, les rencontres étaient festives et joyeuses, mais il y a d’autres jours où l’ambiance est plus lourde forcément. Demain, par exemple, on sera en oncologie. Des situations très sensibles de traitements lourds pour les enfants s’y jouent, alors à nous de faire preuve d’encore plus de douceur et de sensibilité. On ne sait jamais comment ça va se passer. Parfois, par les jeux qui se jouent, des émotions se libèrent ; ça se débloque, ça nous échappe, et c’est ça qui est beau. Le secret, dans tous les cas, est de rester à l’écoute de l’enfant, de l’environnement… et de réagir en conséquence.
Sans vouloir révéler tous vos secrets, quels sont les rituels qui vous préparent à rencontrer ce public fragilisé, parfois même dans des situations de survie ?
G : On s’habille tous ensemble dans une salle, on enfile les costumes qui permettent de réellement entrer dans nos personnages. Moi par exemple, je mets une chemise jaune avec une toute petite cravate ; ce qui contraste avec le fait que je sois très grand. J’ai aussi un chapeau et un ukulélé. Et bien sûr, le nez rouge indispensable qui donne le top départ de l’entrée dans le jeu. Une parade musicale s’organise ensuite dans les couloirs, pour se retrouver et « s’échauffer ». C’est un peu notre tremplin pour commencer la journée.
A : Il y a aussi d’autres étapes à accomplir avant ça, comme l’échange d’informations sur les enfants au sein des différents services ; la météo émotionnelle de l’équipe ; une sorte de méditation pour créer un sas et déposer nos émotions ; le choix des duos de clowns et une inspiration du jour pour guider notre jeu ; et puis seulement les costumes, le nez rouge et la musique.
Vous êtes donc toujours en duo, est-ce qu’il y a une raison à cela ?
A : Il y a plusieurs avantages à être à deux. Souvent, le duo est mixte, un homme et une femme pour que l’enfant puisse s’identifier à l’un ou à l’autre et être complice de l’un ou de l’autre. Au lieu de jouer pour l’enfant directement, on joue entre nous, et il est ensuite libre de s’impliquer ou de nous accorder de l’attention. On est dans l’accueil ; les enfants sont spectateurs s’ils le désirent et participent à leur rythme. Il y a alors une triangulation qui se forme et un jeu à la fois avec le partenaire et les petits patients ou même les parents ou les soignants.
Avez-vous un exemple d’une rencontre avec un enfant hospitalisé/un proche qui vous a particulièrement touché ?
G : Toutes les rencontres sont incroyables et fortes. Que l’on soit face à un tout petit bébé qui nous répond par de petits gestes ou des sourires, ou face à un adolescent sceptique, mais qui se radoucit au fur et à mesure, c’est toujours très touchant et parfois même surprenant. Certains enfants prennent même parfois le pouvoir et on les laisse nous « malmener » pour leur donner un « statut haut ». C’est ce qui s’est passé tout à l’heure, par exemple, avec la petite Safia.
« C’est toujours très touchant et parfois même surprenant ! »
A : Et puis d’autres fois, les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu. Je me souviens d’une jeune fille qui venait de perdre tous ses cheveux des suites d’une chimiothérapie. On l’avait déjà vue plusieurs fois avec ses cheveux, mais cette fois-là, ni moi ni mon partenaire ne l’avons reconnue. Pire encore, nous l’avons prise pour un garçon. Cette erreur a fortement contrarié la maman et nous nous sommes ensuite confondus en excuses en jouant là-dessus et en lui permettant de nous « punir »… Grâce à cela, l’atmosphère s’est détendue et tout le monde a fini par rire de bon cœur. C’était une expérience assez marquante.
Le Covid fut une période compliquée au cours de laquelle les contacts étaient interdits. Malgré tout, vous avez maintenu virtuellement le contact avec les enfants. Avec le recul, qu’est-ce que cela vous a apporté dans votre pratique ? Est-ce qu’une alternative « vidéo » est encore utilisée, depuis lors, dans certains cas ?
G : Pour rappel, même durant le contexte du Covid, les Docteurs Zinzins n’ont rien voulu lâcher, malgré l’interdiction de se rendre sur place. Nous avons rapidement apprivoisé l’outil numérique et en avons même tiré certains avantages. Tout cela pour continuer par visio call, coûte que coûte, à offrir une bulle d’oxygène et de rire aux enfants malades. Nous étions ensuite ravis d’être de retour et avons senti à quel point nous étions les bienvenus ; encore plus qu’avant j’ai l’impression. Nous avions encore les masques au début et ce n’est que récemment que nous avons pu les enlever. Tout d’un coup, la fonction de la bouche s’est à nouveau imposée, pour souffler dans une trompette ou dans un ballon ou tout simplement pour montrer notre sourire…
A : L’utilisation de la tablette, qui a pris notre place pendant cette période, n’a pas continué ensuite. Grâce à cette collaboration inédite, cela nous a permis de renforcer nos liens avec les éducateurs et les infirmières, car on s’est rendu compte de la reconnaissance que les soignants nous portent et on est plein de gratitude de leur implication dans le maintien de nos contacts avec les enfants.
Pour conclure, comment devient-on clowns à l’hôpital ?
A : Nous sommes des artistes professionnels, c’est-à-dire que chacun des douze clowns de l’association a suivi une formation de comédien ou une école de clown. Outre les interventions en hôpital (les jeudis et vendredis), nous pratiquons tous le métier par ailleurs. De plus, nous continuons à nous former et à nous tenir à jour, autant artistiquement que par rapport au contexte hospitalier (par exemple, sur les règles d’hygiène). Chaque nouveau clown qui intègre les Docteurs Zinzins passe par une phase d’observation et d’immersion avec l’un des duos avant de pouvoir se présenter comme partenaire d’un duo devant les enfants. Après chaque matinée de visites, un débriefing a lieu et permet d’analyser, d’ancrer la pratique et de s’inspirer à l’avenir des moments forts de la matinée… C’est aussi, quelque part, un gage de professionnalisme.
« Je lâche prise et je plonge dans l’inconnu en recevant bien davantage que ce que je donne »
G : Pour moi, ce métier est magnifique et me pousse à rester humble et disponible. J’apprends tous les jours sur moi-même et sur mes émotions. Je lâche prise et je plonge dans l’inconnu en recevant bien davantage que ce que je donne. Nous avons la chance de nous adresser à la partie de l’enfant qui est en santé, on l’invite à se connecter à ses ressources propres. Quoi qu’il en soit, on est au service de la lumière de l’enfant.
Une phrase d’une jeune adulte guérie (Alice) pour conclure ? « Ce qu’on a partagé avec les clowns, ce sont des moments de joie pure que je garde en moi pour la vie ! »
Texte et photos : Sofia Douieb
→ Pour soutenir les Docteurs Zinzins, vous pouvez faire un don via la Fondation Roi Baudouin – Compte IBAN : BE10 0000 0000 0404 / Communication ***017/1620/00135***
→ Consulter le site web flambant neuf des Docteurs Zinzins : docteurszinzins.be
→ Pour s’inscrire au spectacle du 26 septembre, voici les infos :
BeLAS (BelgianLanguage in AutismStudy) est un tout nouveau projet national porté par l’Université libre de Bruxelles, l’Universiteit Gent et la KU Leuven. Il s’est développé afin de faire avancer la recherche sur le développement du langage dans l’autisme. Avec leurs trois« LabMobile » , les chercheurs parcourent le pays à votre rencontre.
L’idée de ce projet innovant est de sortir la recherche des murs universitaires pour se rapprocher des gens et du terrain. Le “Belgian language in Autism Study” veillera à évaluer, à l’aide d’activités et autres tests effectués au sein même des LabMobiles, le développement du langage chez les enfants entre 2 et 5 ans, ayant reçu un diagnostic d’autisme.
Comment le projet s’organise ?
Le projet a été imaginé grâce à la collaboration des chercheurs de trois sites universitaires francophone et néerlandophone : l’ULB (Université libre de Bruxelles), l’UGent (Universiteit Gent) et la KU Leuven (Katholieke Universiteit Leuven). Ensemble, ils ont créé BeLAS, qui présente comme spécificité de proposer une étude longitudinale d’une durée de deux ans à partir de l’entrée de l’enfant au sein de l’étude. En venant jusqu’à eux en van, partout en Belgique, les chercheurs évitent aux enfants, accompagnés par leurs parents, de se déplacer jusqu’à une des universités. Il est ainsi question de rendre cette recherche la plus accessible possible.
La « LabMobile », c’est quoi exactement ?
Grâce au travail de l’entreprise belge Road for sense, BeLAS a pu réaliser son projet en aménageant trois camionnettes.À l’intérieur de ces vans aménagés, on retrouve :
Des exercices à table et des jeux au sol ;
Des lumières chaleureuses et une fenêtre ;
Du chauffage pour l’hiver et une aération pour l’été.
Un enfant et son accompagnateur (généralement un parent) seront donc accueillis de manière chaleureuse, dans un environnement orignal et adéquat, pour débuter une étude aux intérêts communs sur la thématique du langage et de l’autisme.
Envie de prendre part à la recherche sur l’autisme ?
→ Il suffit de cliquer sur ce lien et de choisir l’équipe BeLAS parmi les trois universités proposées : Contact | BeLAS (ulb.be)