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Diminution drastique de la prématurité en 2020 ; conséquence positive du confinement ?

Les chiffres sont sans appel : la prématurité a drastiquement diminué en 2020. Aussi bien en Belgique qu’ailleurs dans le monde, les naissances de bébés de moins de 32 semaines étaient moitié moins nombreuses que l’année d’avant. Est-ce une conséquence du confinement, de la moindre pollution ? Quoi qu’il en soit, cela relance le débat de l’importance de l’allongement du congé de maternité pré-accouchement. 

prématurité covid

En Belgique, les chiffres de la prématurité étaient fixes depuis très longtemps. Anne-Britt Johansson, chef du service de néonatologie à l’Hôpital des Enfants, confiait à Hospichild en 2019 : « 7 à 8% des bébés naissent trop tôt dans le pays. Dans 80% des cas, on le sait en avance et les parents peuvent s’y préparer. Il y a trois degrés de prématurités : extrême (avant 28 semaines), grande (entre 28 et 32 semaines) et modérée (entre 32 et 36 semaines). » Depuis les confinements successifs de 2020 pourtant, ce pourcentage s’est réduit de moitié. Une bonne nouvelle évidemment, mais qui met en lumière un dysfonctionnement manifeste de nos sociétés.

Une diminution progressive

Selon les chiffres dévoilés par l’Agence intermutualiste – qui compile les données des sept caisses d’assurance maladie de notre pays – la baisse des naissances prématurées a commencé au moment du premier confinement en mars. Ensuite, le nombre a encore diminué pour atteindre environ 30 % en dessous du niveau de l’année dernière. Et finalement, le déclin n’a plus cessé jusqu’à la fin de l’année 2020. Conséquence : diminution de 59% en soins néonatals non intensifs et de 58% en soins néonatals intensifs.

Est-ce spécifiquement lié au confinement ?

Les spécialistes ne sont pas sûr que les chiffres soient uniquement liés au confinement. Bien sûr, la diminution du stress et de l’activité chez les femmes enceintes ont joué un rôle majeur, mais d’autres éléments ont également été soulevés. Premièrement, la diminution de la pollution atmosphérique a pu avoir un impact positif. Cette dernière est particulièrement néfaste pour les femmes enceintes et les bébés à naître. Deuxièmement, les infections furent moindre chez les femmes enceintes vu que les masques buccaux étaient portés en permanence et que les gens se désinfectaient les mains plus régulièrement. Et troisièmement, les bébés nés par césarienne n’étaient plus systématiquement envoyés en néonatalogie, alors que cela se faisait automatiquement avant la pandémie.

« Nous devrions en tirer des leçons »

Comme l’a exprimé le Pr F. Cool – chef du service de néonatalogie à l’UZ Brussel – à De Standaard : « La question est de savoir ce que nous pouvons apprendre de l’année de la pandémie pour réduire les naissances prématurées à l’avenir. Les chiffres doivent nous faire réfléchir. Je ne dis pas que nous devrions garder chaque femme à la maison dès le premier jour de sa grossesse. Mais lorsque les chiffres plus détaillés seront disponibles, et que nous pourrons comparer les statistiques avec celles d’autres pays, nous devrions en tirer des leçons. Les naissances prématurées sont constantes depuis des années, et elles peuvent être fortement influencées par les changements de mode de vie. La question est de savoir lesquels de ces changements sont socialement viables ».

 

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Lettre ouverte de 60 pédopsychiatres : « Enfants et ados ont besoin de perspectives claires »

Une lettre ouverte signée par une soixantaine de pédopsychiatres belges vient d’être diffusée sur le site Le Spécialiste (l’actualité des médecins spécialistes). Le message est clair : les enfants et les adolescents doivent être entendus, car ils sont psychologiquement éprouvés par la pandémie. « Ils n’ont pas besoin d’encouragement. Ils ont besoin de mesures adaptées à leurs besoins psychiques et leurs besoins primaires. Ils ont besoin de perspectives claires. »

« Bientôt un an.

Un an qu’ils attendent docilement, font des efforts. 

Des plus petits qui marchent à peine aux plus grands ados.

Ils ont d’abord été pointés du doigt comme les moteurs de l’épidémie. Ils ont été coupés pendant deux longs mois de l’école, leur deuxième lieu de vie (pour certains seul lieu de support), lieu essentiel d’enseignement et d’apprentissages mais aussi de construction de soi. Privés de relations sociales, des pairs avec qui l’on apprend, on expérimente, on se forge une personnalité, on éprouve la vie en société, la solidarité, la bienveillance, l’amour, l’amitié, les moyens de se défendre. Autant de moyens de devenir un adulte, un citoyen acteur, accompli, prêt à affronter les bonheurs et les violences de la vie. 

On a rouvert les écoles… Pas complètement.

On a rouvert les activités extrascolaires… Pas complètement.

Les enfants ont eu la chance de reprendre le chemin de l’école, de retrouver quelques figures familières ou des habitudes importantes pour eux.

On a donné aux adolescents le minimum pour survivre psychiquement. De l’enseignement en partie à distance. Plus de contacts avec leurs copains. Plus le droit de se rassembler. Plus d’activités extrascolaires. Plus de câlins autorisés aux grands-parents. A peine le droit à un flirt avec qui il est interdit d’enlever le masque pour s’embrasser en rue.

On a rarement vu des adolescents aussi dociles qu’aujourd’hui. 

Au sein de nos consultations pédopsychiatriques, si la première vague a amené des enfants maltraités dans la solitude d’appartements clos, sans oxygène, ni pour les enfants ni pour les parents ; elle a également amené son lot de patients anxieux, entre les TOCS de lavage de mains et les angoisses de mort démesurées. Des enfants n’osant plus sortir de chez eux pour jouer en rue, de peur de transmettre la covid, et donc la mort, à leurs familles.

L’été un peu plus léger, le retour scolaire en septembre, ont permis un apaisement des familles que nous suivions et de leurs enfants.

La deuxième vague est encore plus inquiétante. Elle cristallise, psychiatrise.

Les patients que nous connaissons de longue date, stabilisés depuis parfois des années, s’effondrent, passent à l’acte, sur eux ou leur entourage. Plus de soupape, pas de perspective.

Des jeunes qui n’avaient aucun antécédent de suivi psychologique ou pédopsychiatrique sont demandeurs de soin. Dépressions, décompensations psychotique, angoisses… Plus de soupape, pas de perspective.

Il y a aussi ceux qui sont anormalement « bien » dans la situation actuelle, sous leur couette, devant réseaux sociaux et streaming. Comment les jeunes souffrant de phobie sociale et scolaire vont-ils sortir de leur chambre quand « tout sera fini » ??

Si nous avons l’habitude, en tant que pédopsychiatres, d’avoir plus de demandes que de possibilités de suivi, nous n’avions jamais été submergés à ce point. Les listes d’attente s’allongent tant dans les unités de soins pédopsychiatriques que dans les consultations. Les demandes d’interventions à domicile explosent.

N’étant ni épidémiologistes, ni virologues, ni infectiologues, ni politiciens, nous ne pouvons que poser ce constat plus qu’inquiétant : les adolescents sont en souffrance majeure actuellement, sans aucune perspective d’amélioration. Ils sont en plein développement, intellectuel et affectif. Si la situation perdure, sera-t-elle « rattrapable » ?

Les enfants plus jeunes sont actuellement un peu plus préservés, vu la poursuite de leur scolarité et de leurs activités extrascolaires. Ils ont également moins besoin de se frotter au monde que les ados. Mais quel impact pour eux aussi, sur la durée ? On connaît malheureusement l’impact délétère d’un stress chronique sur un cerveau en plein développement.

Ni épidémiologistes, ni virologues, ni infectiologues, ni politiciens, nous souhaitons porter la voix des enfants et adolescents dont nous prenons soin quotidiennement. 

Ils n’ont pas besoin d’encouragement. Ils ont besoin de mesures adaptées à leurs besoins psychiques et leurs besoins primaires. Ils ont besoin de perspectives claires.

Ils ne parlent pas très fort. Mais ils sont notre avenir. »

 

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Vaccination à l’école : parents plus réticents qu’avant, médecins scolaires inquiets

{Communiqué de presse de vaccination-info.be}

Certains médecins scolaires s’inquiètent. Les parents sont moins nombreux que les années précédentes à autoriser la vaccination proposée à l’école à certains âges clés. Face à ce constat, l’ONE rappelle l’importance de suivre le calendrier vaccinal recommandé pour les enfants, afin d’éviter des maladies dont les conséquences peuvent être graves et l’émergence d’autres épidémies que celle de la Covid-19 que nous subissons actuellement.

Vaccin école ONE

Vaccination : ce terme sera probablement l’un des plus utilisés en 2021. Vaccination contre la Covid-19 mais pas seulement. En effet, d’autres maladies dont les conséquences peuvent être graves circulent encore dans le monde et en Belgique : rougeole, coqueluche, oreillons, diphtérie, tétanos… Pour se protéger contre celles-ci des vaccins sont recommandés à des âges clés, principalement à l’enfance et à l’adolescence.

Sans accord des parents, aucune vaccination ne sera réalisée

Selon le choix des parents, ces vaccinations peuvent être réalisées chez le médecin traitant, dans les consultations ONE et certaines sont notamment proposées dans le cadre scolaire. C’est au cours de la 2ème primaire, 6ème primaire, 2ème secondaire et 4ème secondaire que les séances de vaccinations sont généralement organisées par les Services de Promotion de la Santé à l’école (PSE), ou par les Centres Psycho-Médicaux-Sociaux (PMS) dans les Athénées. Ces vaccinations sont réalisées uniquement sur base volontaire. Pour ce faire, un document d’autorisation de vaccination est transmis par le Service PSE ou le Centre PMS aux parents afin que ceux-ci marquent leur accord. Ce document indique précisément le nom de la maladie pour laquelle une vaccination est proposée. C’est en fonction de ce document et sur base des informations données par les parents que le médecin scolaire prescrira la vaccination. Sans accord des parents, aucune vaccination ne sera réalisée. Que ce soit celles prévues dans le calendrier vaccinal actuellement ou celles qui pourraient le cas échéant y être ajoutées.

Vaccinations dans le cadre scolaire : contre quelles maladies ?

Seules les vaccinations contre les maladies suivantes sont possibles et gratuites dans le cadre scolaire : coqueluche, diphtérie, poliomyélite, tétanos, oreillons, rougeole, rubéole, infections à papillomavirus humains (HPV), méningites et maladies invasives à méningocoque C, hépatite B. La plupart des vaccins nécessitent plusieurs doses à des âges différents. Toutes ces doses sont indispensables pour être bien protégé. Raison pour laquelle il est important de respecter l’ensemble du schéma vaccinal. Les Services PSE et les Centres PMS pour les Athénées offrent une opportunité de pouvoir réaliser ces vaccinations gratuitement et sans contrainte organisationnelle.

Que faire si le moment recommandé pour une vaccination a été dépassé ?

Si le moment recommandé pour une vaccination a été dépassé, tout n’est cependant pas perdu. Il est encore possible d’effectuer un rattrapage. Pour ce faire, les parents peuvent contacter le service de Promotion de la Santé à l’Ecole de leur enfant (ou le Centre PMS s’il fréquente un Athénée) ou le médecin traitant.

Il n’existe pas de contre-indication à la vaccination en période d’épidémie. La vaccination reste un acte sûr et toujours recommandé même en période de coronavirus. En respectant bien sûr les principes de précautions et les gestes barrières tels qu’on les connaît.

→ Plus d’informations sur le site vaccination-info.be 

 

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Maladie grave d’un enfant et difficultés financières : la Ligue des familles s’inquiète

La Ligue des familles a dévoilé ce 16 décembre les résultats de son cinquième baromètre des parents. Il s’est focalisé cette année sur la santé des familles et, plus particulièrement, sur les maladies graves d’un membre de la famille, sur le paiement des factures d’hôpital et sur le report de soins à prodiguer aux enfants pour raisons financières. Un constat flagrant en ressort : « soigner coûte cher, bien trop cher encore ».

Ce baromètre des parents 2020 a donc consacré un « focus » aux questions de santé dans la famille. « Partout, le même implacable constat, relève Christophe Cocu : nous sommes dans un des pays les mieux lotis au monde à cet égard, il n’empêche que se soigner coûte cher, bien trop cher encore. Dans les familles les plus pauvres mais aussi dans les plus privilégiées, un problème de santé, et tout le ménage peut basculer dans les difficultés financières. »

Des difficultés financières pour 2/3 des familles en cas de grave maladie d’un enfant

Il ressort ainsi que pas moins de la moitié des familles (48%) confrontées à une grave maladie d’un des parents (ou d’un autre adulte vivant dans le ménage) rencontrent des difficultés financières, et près de 2/3 (63%) de celles confrontées à une grave maladie d’un enfant. Les parents concernés auraient voulu en priorité davantage de congés pour s’occuper de leur enfant gravement malade (48%). Ils auraient également voulu un soutien financier (46%) et des soins de santé moins chers (35%).

La Ligue a notamment demandé aux familles si elles avaient dû reporter des soins à un enfant pour des raisons financières. Cela a été le cas pour 22% d’entre elles. Pour certaines familles, ce pourcentage est même plus élevé puisque 34% des familles nombreuses se sont déjà retrouvées dans cette situation. C’est également le cas de 28% des familles monoparentales et des familles recomposées, contre 17% des familles « classiques ».

1 parent sur 4 à déjà eu des difficultés à payer une facture d’hôpital pour son enfant

Le baromètre indique également que 26% des parents déclarent avoir déjà eu des difficultés à payer les factures d’hôpital de leurs enfants. C’est encore une fois particulièrement difficile pour familles monoparentales qui sont 36% à avoir vécu cette situation contre 28% des familles recomposées et 21% des parents en couple avec le père/la mère de leurs enfants. Les familles nombreuses (36%) ont également indiqué avoir davantage vécu cette situation que les familles d’un (23%) ou de deux enfants (26%).

Logiquement, moins les familles sont aisées, plus elles sont nombreuses à avoir déjà éprouvé des difficultés à honorer une facture d’hôpital. Cela a été le cas pour 47% des familles ayant des revenus mensuels inférieurs à 1500 euros, 32% des familles ayant des revenus entre 1500 et 2999 euros, 21% des familles ayant des revenus compris entre 3000 et 4999 euros et 9% des familles ayant des revenus égaux ou supérieurs à 5000 euros. Il est frappant de constater que dans toutes les catégories de revenus, y compris les plus élevées, les factures d’hôpital ont mis une partie non négligeable des familles en difficulté financière.

 

Lire le Baromètre des parents 2020 dans son intégralité (on y parle aussi du congé de paternité, des difficultés des familles face au Covid…)

L’allongement du congé de paternité approuvé à la Chambre

La Commission des Affaires sociales de la chambre a approuvé, ce 8 décembre, l’allongement progressif du congé de paternité. Ce dernier, validé début novembre par le conseil des ministres, passera donc officiellement de 10 à 15 jours dès janvier 2021. Et sera encore prolongé de 5 jours en 2023.

Dès que ce congé prolongé entrera en application, les jeunes papas ou coparents pourront le prendre de manière souple ; soit dès la naissance de l’enfant, soit dans les quatre mois qui suivent l’accouchement. Cependant, des restrictions seront appliquées pour certains travailleurs ou encore pour les parents adoptifs. C’est le point noir de la mesure.

Un congé prolongé, mais pas pour tous

Si la majorité des acteurs et politiques saluent la mesure comme une avancée importante vers une plus grande égalité entre les parents, certains, dont la députée cdH Catherine Fonck, déplorent que cet allongement ne concerne pas tous les statuts de travailleurs. Les parents adoptifs sont aussi les oubliés de cette mesure. Elle a déclaré à ce propos : « Il ne serait pas acceptable que certains pères et coparents aient un congé de naissance allongé dès le 1er janvier 2021 et pas d’autres parents, notamment les intérimaires mais aussi les fonctionnaires des entités fédérées (enseignants, etc.) et des pouvoirs locaux. (…) Le gouvernement refuse d’inclure dans ce projet de loi des dispositions pour l’allongement du congé pour les parents adoptifs ».

Dernière ligne droite avant l’application

Pour être pleinement applicable, la mesure doit encore être approuvée la semaine prochaine en plénière lors de l’approbation de la loi-programme validant les nouvelles politiques de la Vivaldi, dans le cadre de son budget 2021. Simple formalité.

 

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