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Confinement et manque de répit : réalité déjà quotidienne pour les parents d’enfants handicapés

Des numéros d’appels (SOS Parents, Allô ! Pédopsy…) ont récemment été mis à disposition des parents débordés par leurs enfants en cette période de confinement. Mais pour les parents d’enfants handicapés, cette réalité fait déjà partie de leur quotidien depuis de nombreuses années. Plusieurs mamans, soutenues par des papas, ont décidé de se faire entendre pour recevoir enfin de l’aide.

« Je peux concevoir que, durant ce confinement, des parents d’enfants neuro-typiques soient à bout de nerfs et qu’on leur octroie des numéros d’appel. Mais nous, parents d’enfants handicapés, vivons cela tous les jours et, pourtant, aucun numéro vert nous est dédié. Nous ne sommes pas des super-héros et avons également besoin d’aide depuis de très nombreuses années. » Voilà ce qu’affirme la maman de Gauthier, enfant autiste sévère de 7 ans, au sein d’une vidéo diffusée sur Facebook.

Sentiment d’injustice

Cette maman, criant visiblement à l’injustice, répond à une autre vidéo de Déborah Croughs Pacino, également maman d’un enfant autiste, qui est à présent considérée, en ces temps mouvementés, comme la « porte-voix » des parents d’enfants handicapés. Elle s’est fait remarquer dans une vidéo coup de poing où elle critique fortement le nouveau numéro d’appel SOS Parents. Ce qui a réellement fait bondir la jeune femme, ce sont les mots utilisés pour promouvoir l’initiative : « Vous ne savez plus gérer vos enfants ? Vous vous sentez épuisés ? Vous êtes à bout ? » Pour elle, c’est tout simplement aberrant, car cela fait douze ans qu’elle peut répondre ‘oui’ à l’ensemble de ces questions.

Elle a ensuite tenu à modérer ses propos dans un autre petit clip où elle admet que ce numéro n’est pas uniquement pour les parents d’enfants ordinaires, mais également pour eux, parents d’enfants extraordinaires. Elle espère d’ailleurs qu’il sera maintenu à l’avenir et qu’il soit élargi de manière plus explicite aux parents d’enfants handicapés.

Le confinement aggrave la situation

À cause du confinement, le quotidien des parents d’enfants handicapés est encore plus compliqué à gérer. Par exemple, pour Virginie Bataille-Tilmont, la maman de Gauthier évoquée au début de l’article, le fait de ne plus pouvoir faire de petits tours en voiture est un véritable problème, car c’est la seule activité qui apaise son fils…

Jean-Luc Duval, qui s’est exprimé dans un commentaire en dessous de la vidéo de Virginie, évoque un problème lié à la scolarité : « Ils ont mis en place ‘Ma classe à la maison’, mais bien sur cela ne fonctionne pas avec nos enfants, nous voila donc contraint en plus du reste car les prises en charge se sont aussi arrêtées, de faire le rôle d’enseignant. Cela reste une habitude d’être les oubliés. »

Pistes pour gérer, si possible, les situations de stress

Pour les enfants avec des pathologies plus légères telles que le TDA/H, une ergothérapeute propose quelques pistes pour gérer les situations de stress :

  • Continuer, sur avis d’un médecin, la posologie de l’enfant en tenant compte du rythme scolaire
  • Maintenir les heures de coucher/lever et de repas
  • Accorder encore plus d’importance aux routine quotidiennes
  • Maintenir, quand le handicap de l’enfant le permet, une activité sportive quotidienne
  • Parler de la situation actuelle avec l’enfant
  • Tenter, en tant que parent, de prendre soin de soi
  • Contrôler rigoureusement le temps d’écran de l’enfant
  • Aider l’enfant à s’endormir (réduire les sources de lumière, favoriser les activités qui permettent au corps de se préparer à dormir tel que lire un livre, écouter de la musique, discuter quelques minutes avec son enfant doucement dans la pénombre…)

L’INAMI étudie « très sérieusement » la demande des pédopsychiatres de pouvoir téléconsulter

Dans un récent communiqué de presse, l’ABSyM, Association Belge des Syndicats Médicaux, s’est prononcé « en faveur de la demande de l’association professionnelle de psychiatrie infanto-juvénile d’appliquer la nomenclature de la consultation ambulatoire aux télé et vidéo-consultations. » Car, en raison de la crise actuelle du Coronavirus, il s’agit là du seul moyen de continuer à soigner les enfants et jeunes qui en ont besoin.

« C’est à l’unanimité que le comité directeur de l’ABSyM s’est prononcé en faveur de la demande de l’association professionnelle de psychiatrie infanto-juvénile d’appliquer la nomenclature de la consultation ambulatoire aux télé et vidéo-consultations.  En raison de l’actuelle crise de Coronavirus, de nombreux enfants vulnérables sont obligés d’être pris en charge à la maison et la vidéo-consultation est souvent le seul moyen de continuer à les soigner.

Risque accru de violence intra-familiale

Les enfants qui reçoivent habituellement une assistance psychiatrique au sein des hôpitaux, de centres multifonctionnels (CMF), de centres d’observation et de traitement (COT) ou d’écoles à enseignement spécialisé sont désormais, pour la plupart, à la maison en raison de la crise COVID-19.  La suspension des consultations pédopsychiatriques pose de sérieux défis pédagogiques à ces nombreuses familles déjà vulnérables. L’anxiété et le stress peuvent augmenter tant chez les parents que chez les enfants et entraîner un risque accru de violence intra-familiale ou de négligence.

Téléconsulter ne compromet pas la qualité des soins

Afin d’assurer la continuité des soins à ces enfants et pour éviter que les listes d’attente ne s’allongent, les pédopsychiatres demandent l’application de la nomenclature ambulatoire aux vidéo-consultations.  Selon l’association professionnelle, de nombreuses évaluations pédo-psychiatriques, diagnostiques et thérapeutiques sont possibles en vidéo-consultation et ce, sans compromettre la qualité.

De l’urgence de compenser le temps de travail perdu

Les consultations de psychiatrie infanto-juvéniles prennent beaucoup de temps et durent généralement de 45 minutes à 2 heures.  Le numéro de code 101135 concernant les avis téléphoniques aux patients (chroniques) qui ne peuvent plus contacter leur médecin en raison des directives COVID-19 ne peut compenser ce temps de travail. 

C’est pourquoi l’association professionnelle demande d’adapter les numéros de nomenclature pour la psychothérapie – 45 min (109631) et la consultation de psychiatrie (109675) à la télé ou vidéo-consultation.  L’INAMI étudie très sérieusement la question.

Dr Philippe Devos (Président) »

 

À lire sur le même sujet : Allô ! Pédopsy : nouvelle ligne téléphonique à l’Huderf pour gérer les situations de stress excessif

Alain Maron, ministre de l’Action sociale et de la Santé, fait le point sur les livraisons de masques à Bruxelles

Dans un e-mail daté du 24 mars 2020 et adressé aux opérateurs de la santé et du social, Alain Maron, ministre de l’Action sociale et de la Santé, expose les dernières recommandations pour une « utilisation raisonnée » du matériel de protection. Il annonce également les récentes ou prochaines livraisons de masques, blouses, gants, gel hydroalcoolique…

« Mesdames, Messieurs,

En tant qu’opérateurs du social et de la santé, vous faites partie des organisations qui sont au cœur de la gestion de la crise du coronavirus que nous vivons actuellement. Votre travail est primordial, et je tiens à vous remercier pour les efforts, la flexibilité mais aussi et surtout pour la solidarité dont vous faites preuve. Dans un contexte difficile où clairement vos personnels et vous-mêmes prenez des risques. 

 En tant qu’acteur principal, vous méritez aussi d’être informés. C’est l’objet de ce mail.

Je veux ici me concentrer uniquement sur les éléments tangibles. Sachant que nous ne cessons de chercher des fournisseurs sérieux. Concrètement, voici les dernières nouvelles en la matière :

  • 160.000 masques chirurgicaux ont été livrés hier (merci à l’ensemble du personnel des administrations ayant contribué à ce challenge), et sont en cours de distribution dans les services COCOM (Iriscare et les Services du Collège réuni) et COCOF (aux maisons de repos, soins palliatifs, services d’aide et soins à domicile, maisons médicales, maisons d’accueil pour sans-abris, centres pour personnes handicapées, MSP, IHP, hôpitaux en santé mental (COCOF), centres de planning familial qui font des interruptions volontaires de grossesse, conventions de réadaptation et de rééducation, etc.)
  • 160.000 masques chirurgicaux seront livrés aux mêmes services jeudi selon les mêmes modalités (sous réserve d’ajustement en fonction des besoins)
  • 400.000 masques chirurgicaux sont attendus à nouveau pour la fin de la semaine (avec toutes les réserves d’usage, connaissant le manque sur le marché mondial)
  • L’achat de 100.000 masques FFP2, 100.000 blouses, des gants et du gel hydroalcoolique en quantité est également demandé afin de pouvoir délivrer les institutions où des patients COVID sont soignés

Outre ces avancées concrètes, il est primordial de multiplier les tentatives et de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier. Chaque institution et service doit donc faire le maximum pour s’approvisionner sur le marché. C’est pourquoi il est important que vous commandiez en plus, vous-mêmes, le matériel que vous estimeriez encore nécessaire. Et d’informer Iriscare de vos besoins. 

Pour conclure, je voudrais vous rappeler quelques éléments fondamentaux, afin d’avoir une utilisation raisonnée de ce matériel :

  • Pour protéger un public fragile : porter un masque chirurgical (ou en tissus) est suffisant
  • Pour vous protéger d’un public suspect, celui-ci doit mettre un masque chirurgical (ou en tissus)
  • Dans la même pièce qu’un patient COVID suspect ou avéré pour un soin (sinon je n’y vais pas) : un masque FFP2 et une sur-blouse est nécessaire. En cas d’absence de masque FFP2 dans cette situation le SPF Santé Publique recommande l’usage d’un masque chirurgical [2]
  • Pour faire des soins intensifs (= intubation ou ventilateur ou examen pneumo invasif) à un patient COVID, un masque FFP2 ou FFP3, une sur-blouse, et des lunettes/visière sont nécessaires
  • Et, pour les soignants, il faut que les vêtements de travail restent au vestiaire et soient entretenus par l’institution. Tout ce matériel perd son efficacité si le personnel ne se lave pas régulièrement les mains à l’eau et au savon, et encore plus à chaque retrait de matériel.

Nous sommes conscients de vos grandes difficultés et des risques que vous prenez. Nous mettons le maximum possible d’énergie, avec Iriscare et les Administrations, pour vous soutenir et nous continuerons à le faire. Le contexte est malheureusement très défavorable. Mais nous arriverons à traverser cette crise, ensemble. 

Cordialement,

Alain Maron

Ministre de l’Action sociale et de la Santé

 

[1]https://epidemio.wiv-isp.be/ID/Documents/Covid19/COVID-19_RMG_Brief_MondMaskers_FR.pdf

[2]https://epidemio.wiv-isp.be/ID/Documents/Covid19/COVID-19_RMG_Brief_MondMaskers_FR.pdf »

La vaccination des tout-petits maintenue uniquement du côté francophone

L’Office national de l’Enfance a fait savoir, jeudi dernier, qu’il poursuit le programme de vaccinations des tout-petits tel que prévu par la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’ONE rappelle qu’en ces temps d’épidémie de coronavirus « d’autres maladies, dangereuses, voire mortelles, sont encore en circulation ». Du côté néerlandophone en revanche, les vaccinations sont suspendues jusqu’au 5 avril…

Selon l’ONE, ce programme est primordial pour ne pas se voir ajouter à l’épidémie de coronavirus d’autres épidémies qui pourraient, elles aussi, entraîner un engorgement des structures de soins de santé. Les enfants de moins de 15 mois sont plus vulnérables aux maladies évitables par la vaccination, rappelle-t-il. Les consultations de l’ONE resteront donc ouvertes pour assurer la vaccination.

L’organisme rappelle néanmoins que pour limiter au maximum la propagation du coronavirus, le public est invité à respecter scrupuleusement son heure de rendez-vous, à ne pas s’y présenter s’il souffre de fièvre ou en cas de nez qui coule, de toux ou de difficultés respiratoires.

Au Nord du pays, le gouvernement flamand a demandé à Kind en Gezin, l’équivalent néerlandophone de l’ONE, de suspendre les vaccinations jusqu’au 5 avril.

(Source : Belga)

Première campagne nationale de sensibilisation aux soins palliatifs

« Les soins palliatifs améliorent la qualité de vie du patient et de ses proches, et ce d’autant plus qu’ils sont envisagés tôt », c’est le message que veulent faire passer les trois fédérations de soins palliatifs du pays (Fédération Bruxelloise de Soins Palliatifs, Fédération Wallonne de Soins Palliatifs, Federatie Palliative Zorg Vlaanderen) en lançant la toute première campagne nationale de communication sur ce sujet encore tabou au sein du grand public.

Soins palliatifs
Un des slogans qui sera utilisé lors de la campagne « Bien plus que des soins »

 

Cette campagne intitulée « Bien plus que des soins » aura lieu du 2 au 30 mars 2020 et a pour principal objectif de « montrer une image plus positive des soins palliatifs et de contribuer ainsi à réduire les traitements futiles et cost-ineffectives en fin de vie, à la fois pour le patient (inefficacité + réduction de la qualité de vie), et pour la société (dépenses inappropriées). » Pour faire passer ce message au plus grand nombre, divers canaux de communication vont être mobilisés : affiches, brochures, site web, spots radio, clips-vidéos sur les réseaux sociaux (dont une vidéo dédiée aux soins palliatifs pédiatriques)…

Informer pour démystifier

La mise en place d’une telle campagne en Belgique est essentielle pour démystifier les soins palliatifs en faisant comprendre au grand public (tout le monde pourrait un jour y être confrontés) que les SP ne doivent pas être confinés uniquement à la toute fin de vie et qu’ils sont plutôt centrés sur la qualité de vie des patients et de leur entourage. C’est d’ailleurs pour cette raison que les slogans qui figureront très bientôt par écrit sur les affiches ou oralement au sein des spots radio ou vidéo évoqueront la vie et « ses petits plaisirs » plutôt que la mort.

Bien plus que des soins

Le site internet créé à l’occasion de cette campagne (bienplusquedessoins.be), propose une série d’informations, de vidéos, d’adresses ressources… On peut notamment y lire :« Les soins palliatifs, c’est prendre soin de la qualité de vie des personnes gravement malades et de leur entourage, afin de leur permettre de profiter de la vie jusqu’au bout, dans les meilleures conditions possibles, malgré la maladie. C’est à la fois un accompagnement personnalisé, qui respecte les besoins de chaque patient, et une approche pluridisciplinaire qui vise un bien-être tant physique que psychologique, social et spirituel. »

Un droit pour tous, peu importe l’âge

Parmi les informations reprises sur cette même plateforme, plusieurs définitions des SP sont évoquées telles que « C’est prendre soin de la personne, et pas uniquement de la maladie », « C’est un soutien pour tout l’entourage, « C’est encore plus bénéfique quand ils commencent tôt »… Et, dans la thématique de l’enfant malade qui concerne plus particulièrement Hospichild, « C’est un droit pour tous, peu importe l’âge, la maladie, l’espérance de vie ». Au sein de ce point précis, il est notamment dit : « Il existe des programmes de soins palliatifs pédiatriques destinés à la prise en charge d’enfants gravement malades. Ils visent à améliorer la qualité de vie des enfants et à soutenir leurs parents durant tout le temps des soins et lors du deuil. »

 

→ Plus d’informations : www.bienplusquedessoins.be

→ À lire sur le même sujet : « Les soins palliatifs pédiatriques en question au Parlement francophone bruxellois »  et « Les soins palliatifs pédiatriques enfin défendus au Sénat »