Initiatives

« les enDocs »; nouveau site web qui met des mots sur la souffrance des médecins de demain

Le GBO, Groupement Belge des Omnipraticiens, aidé de plusieurs assistants en médecine, vient de mettre en ligne un tout nouveau site web : « les enDocs ». Il s’agit d’offrir aux stagiaires en médecines, assistants ou maîtres de stage, une plateforme au sein de laquelle ils peuvent s’exprimer librement et anonymement sur les conditions de stage difficiles en Belgique francophone.  

« Partage de nos vécus d’aujourd’hui pour repenser les médecins de demain »; c’est le slogan choisi par « les enDocs » pour promouvoir cette nouvelle plateforme web. L’idée est donc d’aider les futurs soignants à se sentir moins seuls dans leurs souffrances et, éventuellement, à créer un déclic au sein de la profession pour que les choses changent enfin.

De l’urgence d’en parler

Sur le site, on peut lire :« Beaucoup de choses sont dites, entendues, rapportées, mais il n’existait encore aucune plateforme (jusqu’à maintenant) prête à accueillir ces témoignages et permettant aux médecins en formation de s’exprimer librement et anonymement. Il est urgent que ces situations soient rapportées, rassemblées et que des outils soient proposés pour résoudre certains problèmes. Voilà pourquoi est née la plateforme  . »

Témoignages anonymes

Les témoignages et les échanges anonymes peuvent aborder divers sujets : la déshumanisation des soins, la pression lors des stages, des horaires qui poussent au burn-out, une précarité où les soignants se trouvent en première ligne, le sexisme…

Par exemple, sur ce dernier sujet : « Docteur le chirurgien, malgré toute la bienveillance et la patience avec laquelle vous me formez, inutile de poser vos mains sur mes hanches en sortant du bloc opératoire. Je ne suis pas votre objet. »  Ou à propos de la déshumanisation des soins : « On ne les met pas au lit, on les jette ». Ou encore sur la surcharge de travail : « J’ai appelé mon amie et j’ai éclaté « j’en peux plus, je vais jamais tenir, je suis complètement à bout… J’arrive plus à réfléchir tellement je suis fatiguée, je vais finir par faire une erreur médicale si ça continue comme ça !!!!! » »

Obtenir de l’aide

Témoigner est un bon moyen de se rendre compte que d’autres vivent des situations similaires et permet certainement aux futurs soignants de se sentir moins seuls. Mais ce n’est pas suffisant; il faut se faire aider par des professionnels. Pour ce faire, trois adresses sont disponibles sur le nouveau site web :

« Vers des soignants heureux »

En 2010, Hospichild a écrit un livre intitulé « Vers des soignants heureux : comprendre et agir ». Il s’est basé sur de multiples témoignages de soignants (travaillant ici en pédiatrie) souvent en souffrance. La publication condense également tout ce qui s’est dit au cours du symposium organisé par Hospichild la même année. Ce dernier a rassemblé une centaine de personnes intéressées par le sujet et plusieurs conférences ont eu lieu afin de mettre des mots sur ce sujet souvent tabou. Un tabou qui, semble-t-il, est doucement en train de se muer en sujet de société.

Câliner des bébés dans les hôpitaux, une réalité tout juste concrétisée à Bruxelles

Depuis plusieurs mois, une toute nouvelle association prend doucement forme à Bruxelles : « Les câlineurs de bébés ». Si ce genre d’initiative intrahospitalière est plutôt répandue en France, la démarche est inédite en Belgique. 

Pour le moment, seul un groupe Facebook privé a été lancé pour partager les avancées du projet. Ce dernier rassemble déjà près de 850 personnes issues des quatre coins du pays, qui émettent d’ores et déjà le souhait de câliner des bébés.

Départ « encourageant » à l’Huderf

En juillet dernier, Mélanie McCluskey, l’une des 11 initiatrices de l’asbl, donnait, dans un message diffusé sur le groupe Facebook, des nouvelles de l’avancée du projet : « Nous avons – enfin !- débuté en mars, à l’HUDERF (Hôpital Universitaire Des Enfants Reine Fabiola) à Bruxelles. Nous avons commencé par les soins intensifs des tout petits, puis nous avons suivi l’un d’eux à l’étage des revalidations pédiatriques et, à présent, nous sommes sur le point d’entrer dans l’unité néonatale (prématurés). L’accueil est incroyable autant par le personnel que par les parents et leurs bébés évidemment. Selon le personnel médical, les effets sur les bébés câlinés sont déjà visibles et très positifs. Quel encouragement pour nous ! »

Engouement manifeste

Chaque jour, de nouveaux membres sont acceptés sur le groupe Facebook. Ces derniers, déjà bien nombreux, partagent régulièrement des informations au sujet des bienfaits des câlins sur les bébés hospitalisés. « Une magnifique communauté est en train de se former et nous félicitons et encourageons chacun de ses membres à continuer d’y échanger des infos, des conseils, des témoignages et des pistes pour que le bien-être des bébés hospitalisés en Belgique soit une priorité. L’engouement que nous voyons gonfler autour de cette conviction montre l’urgence et l’utilité d’agir. », écrit encore M. McCluskey. 

Recherche de bénévoles

Les demandes de bénévolat sont donc très nombreuses, mais l’asbl rappelle que cela ne se fait pas n’importe comment et que certaines conditions sont à remplir : « Câliner des bébés fragilisés suppose de respecter toute une série de garanties déontologiques, hygiéniques, psychologiques, des formations particulières etc.. Sachez que nous notons scrupuleusement le nom de toutes les personnes qui déjà, se sont proposées comme futur(e) bénévole. »  Le recrutement aurait déjà commencé, mais seulement « au cas par cas », car l’association souhaite donner directement la possibilité aux volontaires de pouvoir câliner. 

Câliner des bébés, mais pourquoi ?

Selon des recherches récentes, les câlins auraient l’effet d’un sédatif qui apportent un sentiment de bien-être et de réconfort aux tout-petits. Sur le site web de l’association française « Main dans la main », il est écrit : « La présence rassurante et apaisante des câlineurs permet aux enfants de s’évader de l’univers hospitalier et de rejoindre l’univers de rêve où ils s’épanouissent. Quelle que soit sa pathologie, bénigne ou grave, quel que soit son âge l’enfant a besoin de communiquer, de s’évader, de jouer, de rêver. » Et bien sûr, les bénévoles en retirent également de la joie et du bien-être. D’où, certainement, cet engouement massif pour un tel projet en Belgique.

Une BD pour lutter contre le harcèlement des enfants différents

« Nos Super-Héros », c’est le titre d’une toute nouvelle bande dessinée qui a pour but de lutter contre l’incompréhension, voire le harcèlement subi par les enfants porteur d’un handicap invisible tel que, ici, les syndromes d’Ehlers-Danlos (SED). Une initiative du GESED, groupe d’entraide spécifique à cette maladie génétique rare et orpheline, et concrétisée par The Ink Link, réseau de professionnels de la BD engagés. 

« À la suite d’une demande récurrente émanant aussi bien de parents d’enfants atteints du SED que de professionnels de la santé, de centre PMS, de directions d’écoles ainsi que de professeurs de ces écoles, le GESED s’est lancé dans ce projet ambitieux », écrit le groupe d’entraide sur son site internet. Une BD qui peut servir à la fois de moyen de communication, mais aussi d’outil pédagogique permettant d’aborder le sujet de façon ludique au moyen d’un message simple à appréhender.

Une BD pour sensibiliser

Grâce aux témoignages de nombreux enfants concernés par la maladie, l’asbl GESED a pu regrouper l’ensemble des principales difficultés rencontrées en milieu de scolaire ; à savoir, le harcèlement, l’incompréhension… Elle a ensuite vulgarisé les propos afin qu’ils soient accessibles au plus grand nombre et organisé tout cela sous forme de BD, avec l’aide d’un réseau de professionnels engagés (The Ink Link). Pour eux, la sensibilisation du public à ce handicap invisible passe forcément par une meilleure connaissance de ce dernier, car « ce que l’on ne connaît pas fait souvent peur ». En connaissant mieux les symptômes, il y a de forte chance pour les élèves ne se moquent plus de l’enfant porteur du SED.

Le SED, quèsaco ?

Les syndromes d’Ehlers Danlos sont liés à une anomalie du collagène (sorte de ciment des cellules du corps). Il s’agit d’une maladie génétique rare qui est handicapante, mais invisible. Ce qui fait qu’elle est souvent incomprise. Les douleurs, la fatigue ou les articulations hyperlaxes sont quelques-uns des symptômes connus. La maladie, encore méconnue, touche davantage les femmes (75%) que les hommes et ne peut être diagnostiquée que cliniquement (aucun test n’est encore disponible).

L’histoire

« Nos Super-Héros », c’est donc l’histoire d’un frère et d’une sœur atteints du SED qui tentent de s’intégrer comme ils peuvent dans leur nouvelle école. Pour les faire parler de la maladie, un oiseau leur pose régulièrement des questions, ce qui rend le récit accessible aux lecteurs. Les deux personnages, bien que vivant des aventures « ordinaires » sont considérés, dans le récit, comme des super-héros.

Se procurer la BD

Pour obtenir la bande dessinée de GESED, vous pouvez soit téléphoner au 0478/29 75 01 pour prendre rendez-vous et aller chercher la BD dans un point de dépôt. Soit envoyer un e-mail de demande à bd@gesed.com, en précisant vos coordonnées postales et en réglant les frais d’envoi (2,10€) sur le compte de l’asbl : BE35 0682 5157 0537.

 

     

Emoticocotte, un jeu et outil pour apprendre à gérer ses émotions

Emoticocotte, c’est le nom d’un tout nouveau jeu pour enfants qui a pour vocation de leur permettre d’« apprivoiser leurs émotions, de les accueillir et d’y répondre de façon calme plutôt qu’impulsive ». Imaginée par Julie-Pomme Collette, institutrice depuis 15 ans et maman de trois garçons, cette cocotte en papier glacé peut également servir d’outil pour les parents ou les professionnels, afin qu’ils prennent mieux en compte les émotions de l’enfant et qu’ils partagent un moment de complicité par le biais de la pleine conscience et du yoga. 

Crédit photo : Emoticocotte

 

Nous vous parlions, dans notre focus de ce mois, des Octofun et des intelligences multiples pour soutenir les enfants en difficultés d’apprentissage. L’un des trois aspects essentiels de cette démarche est la gestion mentale et la capacité d’exprimer ses émotions pour pouvoir apprendre dans les meilleures conditions possibles. Le jeu Emoticocotte pourrait être l’une des portes d’entrée pour y parvenir.

Bien plus qu’un jeu

Sous ses airs colorés, ludiques et amusants, la cocotte de Julie-Pomme Collette est bien plus qu’un simple jeu. Lancé en mars 2019, l’outil a pour but d’amener l’enfant à verbaliser ses peurs, ses colères, ses joies ou encore ses tristesses afin qu’il puisse les gérer par la pleine conscience (basée sur la respiration) ou le yoga. L’institutrice explique :

« C’est assez magique, car une fois que l’enfant a l’outil en main, il parle. »

« Une fois qu’on a bien écouté l’enfant sur ce qu’il ressent, on ouvre la cocotte et plusieurs exercices de respiration ou de yoga sont proposés (quatre par émotion). Pour la colère par exemple, en plus de ces exercices, il est conseillé à l’enfant de faire un câlin ou de retranscrire son émotion en la dessinant. » 

Crée des moments de complicité

Ce que conseille Julie-Pomme, c’est de faire l’exercice avec l’enfant pour créer un moment de complicité avec lui. De plus, le parent s’en trouvera également apaisé et plus serein pour faire face aux angoisses de sa progéniture. Il pourrait même arriver que la situation s’inverse et que ce soit l’adulte qui ait besoin de la cocotte pour faire face à un deuil par exemple et l’expliquer plus concrètement à ses enfants. Au plus la cocotte sera utilisée (chaque jour par exemple), au plus le réflexe de respirer ou de pratiquer une posture de yoga entrera dans les habitudes au moment où l’émotion prend le dessus. 

Aussi pour les pros

« J’ai créé l’Emoticocotte à la base uniquement pour les parents, pour qu’ils l’utilisent à la maison avec leurs enfants. Mais je me rend compte avec grand plaisir que je reçois des demandes de la part de psychologues, de logopèdes, d’enseignants… et ça s’élargit de plus en plus. », confie la fondatrice du jeu.

« L’univers des émotions touche réellement tout le monde. »

C’est bien pour cela que la cocotte peut être utilisée par n’importe quel enfant; même à mobilité réduite, puisque les exercices de pleine conscience ne nécessitent pas spécialement de se mouvoir. La « respiration de la moustache » par exemple implique juste de mettre son index en dessous du nez en se concentrant sur sa respiration pour la ressentir pleinement. Ce qui apaise généralement les émotions. 

Bientôt dans les hôpitaux ?

Julie-Pomme aimerait que son outil puisse également profiter aux enfants malades qui se rendent dans les hôpitaux. « Avant une prise de sang ou une opération ou quand le temps se fait long lors d’une hospitalisation ou même après, l’Emoticocotte pourrait vraiment devenir un outil rapide et facile à mettre en place dans les établissements hospitaliers afin d’aider les enfants à gérer leurs émotions. » Une méthode qui ferait écho aux quelques initiatives déjà mise en place dans certains hôpitaux telles que les voiturettes électriques utilisées pour emmener les enfants au bloc opératoire, ou encore les Buzzy Bee qui atténuent la douleur lors d’une prise de sang.

Pour aller plus loin

L’ Emoticocotte est vendue au prix de 14,99 euros sur le site emoticocotte.com.
Julie-Pomme Collette peut être contactée par e-mail via julie@emoticocotte.com ou par téléphone au +32 476 78 59 95.
Et pour en savoir encore plus sur cette belle initiative, regardez la vidéo ci-dessous.

 

La fin de vie et l’euthanasie racontées aux enfants

Deux livres pour enfants, rédigés par quatre psychologues spécialistes du deuil dans plusieurs hôpitaux de Liège et membres de l’asbl Cancer et psychologie, viennent de débarquer dans les librairies jeunesses. « Lisette » aborde la thématique de la fin de vie et « Paulette », celle de l’euthanasie. 

   

« Dans notre travail d’accompagnement de l’enfant endeuillé ou confronté à la maladie d’un proche, nous nous sommes rendu compte qu’il n’y avait pas suffisamment d’outils pour aborder la question de la fin de vie ou de l’euthanasie. » , explique Corinne Huque, psychologue spécialiste du deuil au CHR de la Citadelle à Liège, au sein d’une vidéo sur les deux ouvrages pour enfants dont elle est co-auteure (avec Amélie Javaux, Aurore Poumay et Charline Waxweiler) et qui viennent de paraître aux éditions Mijade.

À partir de 4 ans, mais pas que…

Les ouvrages s’adressent aux enfants à partir de 4 ou 5 ans, mais peuvent clairement toucher autant les petits que les grands. Ces derniers peuvent également apprendre des choses, accompagner plus justement les enfants et tenter de mieux les comprendre dans des moments aussi compliqués que le deuil. Les professionnels peuvent aussi s’en servir comme outil d’accompagnement des enfants endeuillés.

Lever un tabou sans jugement

Paulette (ou Lisette), c’est une poule qui a décidé qu’elle ne voulait plus souffrir. Autour d’elle, trois personnages vont exprimer leurs émotions au fil de l’évolution de sa maladie. L’enfant peut s’identifier à l’un d’entre eux selon ce qu’il ressent.

« Notre intention n’est pas de faire l’apologie ou, au contraire, le procès de l’euthanasie. Nous souhaitons libérer une parole simple et honnête sur un sujet de société, permettre à une discussion de s’ouvrir et aux émotions de s’exprimer. », précisent les auteures dans le livret explicatif qui accompagne les ouvrages. 

Cahier explicatif pour aller plus loin

Au sein de ce livret justement, disponible en ligne ou à la suite des deux livres, diverses informations « pour aller plus loin » sont proposées tantôt aux grands, tantôt aux petits. Chacun pourra en apprendre davantage sur les soins palliatifs, le deuil, l’euthanasie, la fin de vie ou encore sur la manière d’aborder les émotions. Plusieurs ressources y sont proposées comme ce qu’il faut dire à l’enfant dans diverses circonstances ou la manière dont l’enfant aborde la mort selon son âge…

→ Lire le livret explicatif : ici