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« LEGOthérapie » : l’outil thérapeutique qui peut aider à traiter l’autisme

Les briques magiques de la marque LEGO sont connues partout dans le monde, toutes générations confondues. Il s’agit avant tout d’un jeu de construction, mais une utilisation thérapeutique a également été développée. La « LEGOthérapie », par exemple, est pensée pour les enfants et adolescents diagnostiqués avec un trouble du spectre autistique (TSA). L’objectif de l’outil thérapeutique est de favoriser l’apprentissage des utilisateurs, en permettant une amélioration de leurs capacités comme la motricité fine, les capacités cognitives ou encore les interactions sociales.

Photo : Sofia Douieb

 

Toujours à la recherche d’innovations, tout en conservant sa visée inclusive, LEGO permet depuis quelques années aux personnes malvoyantes et aveugles d’apprendre d’une autre manière le braille. Il s’agit de « LEGO Braille Bricks » dont l’équipe d’Hospichild avait écrit deux articles intitulés : « Les « Lego Braille Bricks » disponibles en Belgique » et « Apprendre le braille devient accessible à tous avec LEGO ! ». La « LEGOthéraphie », quant à elle, est une approche thérapeutique – créée par le docteur Dan Legoff en 2004 – qui s’adresse spécifiquement aux personnes avec un trouble TSA, mais qui semble aussi bien convenir à tous les adeptes de la brique multicolore.

Comment fonctionne la « LEGOthérapie » ?

Un atelier de « LEGOthérapie » est mené par une personne de référence, bienveillante, qui détermine un programme adéquat en fonction des participant.e.s. Ce.tte professionel.le peut être un.e psychologue, orthophoniste, ergothérapeute, orthopédagogue, psychopédagogue ou encore un.e éducateur.rice. Une séance se réalise en général avec la présence de trois participants appelés respectivement « l’ingénieur » (qui possède le manuel et décrit la construction), « le fournisseur » (qui écoute les instructions et trouve les bonnes pièces) et « le constructeur » (qui construit grâce aux pièces du fournisseur et aux instructions de l’ingénieur). Bien sûr, la thérapie peut également se faire en séance individuelle en fonction des objectifs visés et aura plus tendance à être un complément pédagogique des autres séances. Une session dure en général de trente minutes à une heure pour que les résultats soient visibles et que les participant.e.s ne se lassent pas.

Des bienfaits certains

Lego est avant tout un jeu qu’il semble pertinent de détourner vers de l’apprentissage. Tel est l’objectif de la « LEGOthérapie ». D’ailleurs, il est indispensable d’annoncer aux participants qu’il s’agit bien d’un exercice et non pas d’un simple jeu. Comme on peut le lire sur le site d’Ideereka (Site de ressources pédagogiques spécialisés pour les dys, tdah, tsa) : « En effet, certains, en voyant les briques de couleur, vont espérer pouvoir jouer. Or, l’objectif est surtout de développer plusieurs habiletés. En effet, si cette thérapie s’appuie sur un jeu pour développer des compétences, elle nécessite un cadre thérapeutique pour faciliter ces apprentissages. Les aptitudes suivantes peuvent alors être travaillées : la cohésion de groupe, le tour de rôle dans une discussion, le partage, la résolution de problèmes (de manière individuelle et collective), la mémorisation, l’attention, le champ lexical descriptif (couleurs, formes, tailles…) et, donc, le langage expressif (ce que l’on dit) ainsi que le langage réceptif (ce que l’on comprend), la motricité fine, ou encore la théorie de l’esprit (qui est une aptitude cognitive qui nous permet de comprendre les états mentaux des autres personnes). »

Se former à la « LEGOthérapie »

Il existe un organisme français, créé en 2015, appelé « Ideereka », abréviation de « idée » et de « Eurêka », qui développe des ressources pour les enfants, adolescents et adultes qui ont des besoins spécifiques. Le site met à disposition du matériel en libre accès, plusieurs articles sur le sujet et propose également des formations payantes en ligne.

→ Pour en savoir plus sur la formation à la LEGOthérapie par « Ideereka »

→ Pour en savoir plus sur LEGOthérapie ↓

 

 

Samuel Walheer

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Traiter le TDAH chez les jeunes grâce au jeu vidéo, c’est possible !

Durant son récent congrès annuel à New-York, l’APA (American Psychiatric Association) a présenté les résultats de leur dernière étude. Elle démontre que certains jeux vidéos peuvent avoir des effets positifs sur les symptômes du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) auprès des enfants et des adolescents. De bonne augure donc pour tous les parents inquiets pour l’état de santé mentale de leurs enfants.

Selon les chiffres de l’OMS, un jeune âgé de 10 à 19 ans sur sept souffre d’un trouble mental (20% aux Etats-Unis et 16% en Belgique), ce qui représente 13 % de la charge mondiale de morbidité dans cette tranche d’âge. Souvent discrédité, perçu comme inapproprié, violent ou associé à une « sous-culture », le jeu vidéo ne fait pas toujours l’unanimité. Pourtant, comme le révèle la récente étude de l’APA, ce dernier peut vraisemblablement être bénéfique dans certains cas, à condition d’être utilisé de manière approprié. En ce sens, le Conseil Supérieur de la Santé encourageait tout récemment à « Davantage de soins de santé mentale numériques ». La nécessité de traiter la santé mentale des jeunes n’est donc plus à démontrer et le jeu vidéo pourrait bien y contribuer, en complémentarité d’un parcours de soin auprès de professionnels de la santé. Par ailleurs une formation à l’utilisation du jeu vidéo et médiations numériques – dans le processus psychothérapeutique avec l’adolescent – est organisée par Psyclimede.be. et se déroule fin juin 2024 pour les professionnels de la santé.

Que révèle l’étude ?

Il n’est pas toujours facile pour un jeune d’accepter de se faire accompagner pour traiter son problème de santé mentale. Comme alternative, l’APA révèle par son étude que le jeu vidéo peut être vu comme une passerelle pour les jeunes en vue, par la suite, d’une thérapie dite plus traditionnelle. « Les études montrent que ces jeux vidéo fonctionnent réellement, au moins pour le TDAH et la dépression, mais pas forcément pour l’anxiété…Les résultats peuvent aider les cliniciens à faire des recommandations aux patients et aux parents concernant l’efficacité de l’utilisation de ces jeux vidéo pour traiter les problèmes de santé mentale. » a déclaré le Dr Barry Bryant à l’édition américaine de Medscape Medical News.

« Endeavor Rx », premier jeu vidéo sous prescription médicale

Développé et sorti en juin 2020 par le groupe Akili Interactive, « Endeavor Rx » est le premier jeu vidéo, délivré sur ordonnance, pour traiter les troubles de l’attention chez les jeunes. Approuvé par la « Food and Drug Administration » des États-Unis, ce jeu vidéo utilise des stimuli sensoriels et des défis moteurs afin de cibler des zones du cerveau chez les enfants âgés de 8 à 17 ans atteints de TDAH. Pour traiter les fonctions d’attention, les enfants sont mis à l’épreuve. En effet, ils doivent relever des défis en effectuant plusieurs actions à la fois : naviguer sur des parcours, collecter des cibles et éviter les obstacles. Endeavor Rx se joue durant 25 minutes et maximum 5 jours par semaine. Les parents peuvent suivre l’évolution de leur enfant via une application appellée « EndeavorRx Application Insight ». En 2022, les premiers résultats ont démontrés que 73% des enfants qui jouent à ce jeu ont vu une amélioration de leur attention.

Pour en savoir plus sur le jeu vidéo Endeavor Rx

Formation organisée par Psyclimede.be

« La formation vise à apporter un éclairage théorico-clinique sur l’usage du jeu vidéo et des médiations numériques dans le processus thérapeutique avec l’adolescent. Au départ de situations cliniques issues de l’expérience pratique du formateur, les participants – psychologues cliniciens, psychiatres, psychologues de première ligne, cliniciens non psychothérapeutes ou encore personnes en cours de formation dans ces domaines – seront amenés à s’immerger dans plusieurs jeux vidéo. Des ateliers en petits groupes permettront d’en découvrir tout le potentiel thérapeutique. L’intégration concrète de l’outil numérique dans divers cadres thérapeutiques sera également réfléchie. » → Vers la formation

 

Samuel Walheer

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20e anniversaire du donneur de sang : sauvons la vie des plus démunis !

Chaque année, le 14 juin, c’est la journée mondiale du donneur de sang. Depuis l’autre continent, c’est l’OPS (Organisation Panaméricaine de la Santé) qui lance sa campagne avec comme slogan « 20 ans de célébration du don de sang : merci à tous les donneurs de sang ! ». En Belgique, la Croix Rouge appelle la population à faire don de sang (ou de plasma) pour améliorer l’état de santé des plus démunis, en particulier celui des enfants gravement malades. Car, si notre état de santé le permet, donner un peu de son sang est déjà un acte héroïque. Les seules conditions pour être donneur de sang sont d’être en bonne santé, âgé de minimum 18 ans, peser au moins 50 kg et ne présenter aucun risque de maladies infectieuses. Il suffit donc de prendre rendez-vous auprès d’un centre de prélèvement qui vous accompagnera dans cette belle démarche. 


Celui « sang qui » nous ne pourrions pas vivre, à savoir le sang – mais on parle aussi de plasma (partie liquide dans lequel circule toutes les cellules du sang) et de plaquettes (aussi appelées thrombocytes et aident le sang à coaguler) – est toujours en sous quantité et pourtant tellement nécessaire dans les services d’urgence. Il n’est jamais trop tard pour pallier ce manquement quotidien. Le plasma, dont le baromètre est régulièrement insuffisant, est un indispensable pour aider par exemple les grands brûlés, les enfants immunodéprimés ou encore les personnes hémophiles (maladies héréditaires).

« En 30 min, nous pouvons sauver 3 vies ! »

Comme le rappelle la Croix-Rouge sur son site, la situation est alarmante puisque le stock actuel de poches de sang permet de « tenir une semaine normale ». Qui plus est arrivé le mois de juin, veille des départs pour les grandes vacances et significatif d’une chute de dons de sang. Comment alors subvenir à la fois aux besoins quotidiens et, en même temps aux imprévus ? L’appel est donc lancé dans tout le pays par la Croix-Rouge qui déclare « En 30 min, nous pouvons sauver 3 vies ! » ainsi qu’à l’international, en l’occurrence par l’OMS. En effet, par ces différentes campagnes, il semble opportun de prendre sa santé au sérieux mais aussi celles des autres et d’en conclure qu’en faisant don de son sang, de plasma ou encore de plaquettes, l’on peut sauver la vie de nombreux jeunes patients.« Chez les patients moins sévèrement atteints qui ont un déficit d’anticorps très léger, on peut se contenter des antibiotiques pour prévenir les infections mais quand on arrive à un stade où il n’y a pas suffisamment d’anticorps ou qu’ils ne fonctionnent pas correctement, il n’y a pas le choix, sans immunoglobulines (protéine de notre plasma) et sans don de plasma, on ne peut pas y arriver. », déclare Olivier Gilliaux, pédiatre immunologue à la Clinique Notre-Dame de Grâce à Gosselies, pour le Journal RTBF.

Comment faire un don ?

Pour faire don de sang, il est d’abord et surtout indispensable d’être soi-même en bonne santé. Pour en avoir le cœur net, il suffit de se rendre auprès de son médecin traitant, de réaliser une prise de sang ou de consulter le site de l’Organisation Mondiale de la Santé sur lequel figurent tous les critères afin de savoir si l’on rentre dans les conditions pour être donneur de sang  (→ Qui peut donner son sang ?) Par ailleurs, la Croix-Rouge recherche constamment des donneurs de sang et de tous groupes. Toutefois, m’assocaition insiste spécifiquement sur le groupe « O Négatif » qui représente en moyenne 7% de la population belge. Considéré comme « donneur universel », ce groupe permettrait de répondre à environs 12% des besoins transfusionnels lors des interventions et avec comme spécificité que les receveurs de ce groupe peuvent uniquement recevoir du sang du même groupe, le « O Négatif ». Pour finir, il est également important de savoir qu’à partir du 1er juillet 2024, la contre-indication du Virus du Nil Occidental (VNO) n’existera plus. En effet, cette dernière empêchait toute personne revenant de l’étranger et ayant potentiellement contracté le virus – au risque de se répandre davantage dans les pays du sud de l’Europe – de pouvoir être donneur de sang.

→ Pour plus d’informations ou pour prendre rendez-vous dans un centre de prélèvement 

Un 20e anniversaire

Un vingtième anniversaire sous le signe de la reconnaissance à toutes celles et tous ceux qui ont déjà fait don et qui donneront (encore) leur sang dans le futur. Pour ce faire, voici quelques-uns des objectifs partagés par l’OMS :

  • Remercier les millions de donneurs de sang volontaires qui ont contribué à la santé et au bien-être de millions de personnes dans le monde, et leur rendre hommage.
  • Présenter les réalisations et les défis des programmes nationaux de transfusion sanguine et faire part des meilleures pratiques et des enseignements tirés.
  • Mettre en évidence le besoin continu de dons de sang réguliers non rémunérés pour parvenir à un accès universel à des transfusions sanguines sûres.
  • Promouvoir une culture de don de sang régulier auprès des jeunes et du grand public et accroître la diversité et la durabilité du vivier de donneurs de sang.

Le plasma, c’est quoi au juste ?

Une vidéo partagée par le Service de sang de la Croix-Rouge de Belgique ↓

 

Samuel Walheer

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Participez à l’étude de l’UZ Brussel pour développer l’ « outil numérique sauveur de vies »

L’hôpital UZ Brussel appelle à participer à sa nouvelle étude pour permettre la création d’un outil sauveur de vies. L’objectif : déterminer à distance le poids du futur petit patient pour agir au plus vite en cas d’urgence. Tous les parents ayant un enfant en bonne santé, âgé entre 6 et 9 ans, sont invités à participer. Le Professeur Dr. Koen Huysentruyt et la coordinatrice de l’étude, Raquel Van den Eynde, ont besoin de vous, et cela ne prend que dix minutes !

Contribuer à cette étude peut faire avancer la science et surtout sauver de précieuses vies ! Lorsqu’un.e professionnel.le de la santé se retrouve face à un enfant, il n’est pas toujours facile de déterminer la quantité de médicament que celui-ci peut ingérer. Qui plus est lorsque cela se déroule dans l’urgence et qu’il est indispensable d’agir au plus vite (par exemple suite à un accident de la route ou lors d’une catastrophe naturelle). C’est précisément dans ces moments que cet outil pourrait apporter une aide indispensable.

Dix minutes pour changer les choses

Concrètement, les résultats de cette recherche permettront aux chercheurs de développer un outil numérique sur mesure. En effet, ce dernier sera capable d’estimer instinctivement et précisément le poids et la composition corporelle d’un enfant uniquement sur base de photos. Les méthodes actuelles ne permettant pas d’obtenir les résultats aussi rapidement que souhaité – qui plus est lors de situations médicales urgentes – et futur appareil viendra comblé cette lacune. L’étude, dont l’ensemble dure environ dix minutes, se présente de la manière suivante :

  • Mesure du poids et de la taille.
  • Détermination de la composition corporelle (masse grasse et musculaire).
  • Prise de plusieurs photos de votre enfant dans un environnement contrôlé et sécurisé.

Participez à l’appel

Vous souhaitez en savoir plus ou inscrire votre enfant à l’étude ? Il suffit de prendre contact avec la responsable du projet :

→ Email : raquel.vandeneynde@uzbrussel.be

→ Téléphone : 02 476 33 06

Il est également important de savoir que votre vie privée sera protégée durant l’étude. Toutes les données collectées, y compris les photos, seront traitées de manière anonyme et stockées sur les serveurs sécurisés de l’UZ Brussel. L’hôpital précise et insiste sur le fait qu’aucune information personnelle ne sera partagée en dehors de l’équipe de recherche. À vous de jouer !

La recherche à l’UZ Brussel…

« Les recherches menées par l’UZ Brussel et la VUB sont libres, fondées sur le droit d’initiative et un mode de pensée critique et indépendant. L’humain y occupe toujours une place centrale. C’est la raison pour laquelle l’UZ Brussel a une longueur d’avance sur d’autres organisations dans le domaine de la recherche clinique. L’hôpital a joué un rôle de pionnier sur le plan de la recherche scientifique et a présidé à plusieurs avancées scientifiques majeures en Flandre, mais aussi au niveau mondial. Citons notamment la problématique de l’avortement, la dignité en fin de vie, les soins palliatifs et l’euthanasie, sans oublier la mise au point de traitements innovants en cas de troubles de la fertilité », peut-on lire sur le site UZ Brussel

 

 

Partagé par Samuel Walheer

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Documentaire : quand l’inceste s’invite dans “Une famille”

« Une famille » de Christine Angot est un documentaire édifiant sur l’inceste. Une projection a eu lieu le 25 mai dernier au cinéma Palace, en présence de plusieurs professionnel.le.s du secteur. Hospichild y était pour vous ; pour enfin parler de ces enfants victimes de bourreaux bien trop proches d’eux. 

©Sofia Douieb

 

Le sujet de l’inceste fait peur et rebute. Comme si on ne voulait pas savoir, pas voir. Mais il concerne pourtant, selon les chiffres de l’OMS, un enfant sur dix. Alors ouvrons les yeux pour eux ; pour mieux observer les signes et pour enfin leur venir en aide. Des films comme celui de Christine Angot sont essentiels en ce sens.

Synopsys de « Une famille »

Voici un court résumé du documentaire : « Armée d’un courage ahurissant, d’une caméra et d’ami·e·s cher·ère·s, l’autrice Christine Angot se rend à Strasbourg, ville où elle a rencontré son père à l’âge de 13 ans et où il l’a violée pour la première fois. Interrogeant famille et proches, elle rouvre les blessures, force les portes fermées et ausculte les mécanismes du tabou de l’inceste. Un film puissant, urgent, important. »

« Le silence peut faire plus de mal que de ne rien dire »

Annick Faniel, sociologue et coordinatrice de l’asbl CERE (Centre d’expertise et de ressources pour l’enfance), était présente à la projection. Elle a dirigé une étude intitulée « L’inceste : l’enfant, la loi, la culture. Changer de regard ». Voici son impression sur le film : « Dans toutes les formes de maltraitance il y a une emprise émotionnelle. Le silence peut faire plus de mal que de ne rien dire. C’est précisément cela qui a conduit Christine Angot à insister aussi longtemps pour qu’on l’écoute. Ce film montre que c’est un fait public, que ça nous concerne toutes et tous. » 

Annick Faniel a ensuite rappelé ce que prévoit la loi en cas d’inceste : « Le Code pénal sexuel de 2022 définit enfin l’inceste, ainsi que les notions de consentement, et propose des peines aggravées. Avant cela, ce n’était même pas repris dans la loi ! Depuis #MeToo en 2021, les plaintes et les témoignages de mineurs abondent. En Belgique, il est notamment possible de se rendre dans ce qu’on appelle un PVS ; un centre de prise en charge urgente des violences sexuelles sur mineur. Il y en a de plus en plus, mais, malheureusement, ils n’incluent pas la prise en charge à moyen et long terme. Pourtant, il est essentiel que le travail de soutien continue et que l’enfant ne se sente pas abandonné en cours de route. Il faut pouvoir oser parler quand on est témoin. Et pour cela, l’adulte se doit de poser des questions et d’entendre les réponses sans les mettre en doute. Il faut poser un regard bienveillant sur ce qu’un enfant peut nous dire et nous montrer. L’observation est primordiale. Le débat doit être amené sur la place publique.« 

Des chiffres ahurissants

Selon l’OMS, 1 enfant sur 5 subit un viol et 1 enfant sur 10 subit un inceste ; soit 2 ou 3 enfants par classe. Annick Faniel explique qu’il est difficile d’avoir des chiffres en Belgique à cause des enfants qui ne parlent pas (ou alors qui ne sont pas entendus ou pris suffisamment au sérieux). En outre, dans le Code Pénal, l’inceste est défini comme un « acte sexuel commis par un proche ». Mais parfois, il est plutôt question de « climat incestuel », également puni par la loi. On parle ici par exemple de regarder un porno en famille, de ne pas respecter l’intimité, d’avoir des relations sexuelles devant les enfants…

« Tourner la page de ce passé est trop dur »

La deuxième intervenante de cette rencontre s’appelle Pascale Hardy. Elle a été victime d’inceste de ses 3 à 13 ans. Le film, elle l’a trouvé juste et poignant : « L’inceste, ce sont des cris à l’intérieur et rien à l’extérieur. On est pourtant des décennies après les faits et elle ressent encore autant de colère et je le comprends. Tourner la page de ce passé est trop dur. J’ai entendu le film comme un besoin de reconnaissance de sa place de victime et un besoin de pardon de la part de sa famille. Sa belle-mère qui porte encore plainte contre elle, ça prouve qu’elle ne l’a pas encore ce pardon. » 

Pascale témoigne ensuite de sa propre histoire : « Contrairement à Christine Angot qui n’a jamais rien oublié, j’ai vécu pour ma part ce qu’on appelle une amnésie traumatique jusqu’à mes 50 ans. Les viols de mon père ont commencé quand j’avais 3 ans et ont perduré jusqu’à mes 13 ans. Les facteurs pour oublier sont : la répétition des faits, à très jeune âge, par une personne très proche. J’ai dû attendre le décès de mon père pour que ça se réveille. Le film “Les chatouilles” y est aussi pour quelque chose, car après l’avoir vu, j’ai commencé à avoir des phobies, des peurs… J’ai ensuite commencé une thérapie avec de l’hypnose et tout est revenu petit à petit. Jusqu’à une “levée traumatique” où j’ai eu des flashs en pleine nuit et puis une sorte de paralysie. Je me suis mise à crier si fort, si profondément tellement j’avais peur. Après ça, tout est revenu très clairement. »

Ressources pour s’informer et lutter

La prévention est ainsi primordiale pour permettre de changer les choses, ou du moins de mieux observer et écouter les enfants quand ils viennent se confier. Plusieurs média ou associations (Yapaka, CERE…) proposent du contenu et des activités de sensibilisation en ce sens. Des films commencent à aborder le sujet : Dalva, Les Chatouilles, Un silence assourdissant, Une famille… Des livres, des podcasts et autres permettent aussi de s’informer et d’en parler. À Bruxelles, un gros événement sur le sujet est déjà programmé le 10 décembre à « La Maison qui Chante » à Ixelles.

Une phrase de Dorothée Dussy, anthropologue et spécialiste de la question, pour terminer : « L’inceste, ce n’est pas un tabou de le faire, mais c’est un tabou d’en parler. » — Ça devrait être le contraire évidemment !

Sofia Douieb

 

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